Serait-ce un signe de panique? Tout porte à le croire. Car c’est lorsqu’on sent que le terrain glisse sous ses pieds qu’on réagit violemment. La sortie de Navin Ramgoolam et de son allié Pravin Jugnauth à Riviere des Anguilles cette semaine contre le groupe La Sentinelle et Radio One témoigne d’un énervement qui effleure le despotisme et la dictature.

Les Mauriciens de ma génération se souviennent comment le gouvernement Ptr/PMSD/CAM avait introduit la censure de la presse dans la première moitié des années 70. Et avait même demandé à des entreprises privées de ne pas accorder de publicité à une section de la presse.
Puis, dix ans plus tard, soit en 1984, ce fut au tour de Sir Anerood Jugnauth, alors Premier ministre d’un gouvernement MSM/Ptr/PMSD, d’essayer de suffoquer la presse, mais avait abandonné  son projet de loi face à une forte opposition dans la rue.

Et plus près de nous, la décision du gouvernement de l’Alliance sociale de boycotter l’express en ce qui concerne la publicité gouvernementale, tout simplement parce que ce quotidien refuse d’être complaisant envers le régime de Navin Ramgoolam.

Ou encore cette manifestation violente du MSM devant les locaux de l’express et de Radio One l’année dernière. Et cette semaine, de grosses menaces proférées contre la presse par deux dirigeants de l’Alliance de l’Avenir.

Nous sommes en 2010, et on a encore dans ce pays des politiciens qui pensent à mettre des journalistes en prison alors qu’ils manipulent, eux, de manière éhontée la radiotélévision nationale. Cette perversion de la liberté est le signe que des politiciens sont prêts à tout pour s’accrocher au pouvoir.

Ou est le débat d’idées que nous annonçait Navin Ramgoolam en début de campagne ? Nous ne savions pas que menacer de mettre des journalistes en prison est synonyme de débat d’idées ! Nous ne savions pas qu’un rassembleur puisse se laisser emporter autant ! Nous ne savions pas qu’il était interdit dans une démocratie d’exercer son droit d’informer !

Navin Ramgoolam a tout intérêt à se ressaisir. Pour sa propre image. Pour le bien de son parti et de son alliance bleu/blanc/rouge. Navin Ramgoolam, leader d’un parti historique, est capable de mieux. Du moins, c’est ce que les électeurs attendent de lui.

HM