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La globalisation ne fait que commencer

12 décembre 2010, 20:00

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Le ministre du budget annonce un PIB de US $ 20,000 en 2020. De jolis chiffres qui ont le mérite d’accrocher facilement et d’une belle vision. Mais sommes-nous dans la mouvance requise pour y arriver? Dans la période de l’après-Sithanen, le goût n’est plus aux réformes, pourtant cruciales. Mais il nous faut ici aller plus loin pour mentionner qu’une réforme – si tant est qu’il y a réforme - est fondamentale sinon ne l’est pas.

Après le succès du développement sans précédent des pays émergents, plusieurs voix se sont élevées pour maintenir que sortir de la pauvreté n’est pas si difficile. C’est la «deuxième phase de développement» qui l’est. Nous connaissons ce slogan. Passer d’un revenu moyen à des revenus hauts, il n’y a pas beaucoup de pays qui en sont capables. Le père l’avait annoncé dès la fin des années 80. Le fils le fera-t-il ? Espérons-le, mais le chantier est immense. Dans ce survol des derniers développements mondiaux, faisons quelques comparaisons macro-économiques et micro-économiques.

Contrairement à beaucoup d’idées reçues, la Chine pourrait voir sa croissance ralentir pour se situer durablement à un niveau de revenus moyens seulement. Il semblerait que l’Inde avec sa démocratie cahoteuse disposerait de plus d’atouts que la Chine avec une dictature qui pourrait facilement sombrer dans la démagogie, surtout avec des revendications de plus en plus fortes à prévoir dans la rue – et sur le web. Les espaces d’expression personnelle sont plus florissantes en Inde (reste le problème énorme de corruption dans ce pays). En effet, la réalité est souvent bien différente de l’apparence - et le futur du présent.

Ses détracteurs (républicains ou émanant du Tea Party) ont sans doute eu le sourire narquois quant à la visite de Barack ‘Hussain’ Obama en Indonésie, la plus grande nation musulmane, avec 200 millions d’habitants. S’ils avaient eu le courage d’éviter leur remue-ménage et querelles de clocher (finance, santé, économie, chômage), en fait qu’un paravent hypocrite pour les red-necks d’exprimer leur dégoût d’un Président noir, ils auraient plutôt dû apprécier que le nouveau Premier ministre de la Somalie, Mohamed Abdullahi Mohamed, détient en fait la nationalité … américaine! Ayant travaillé au ‘local government’ de Buffalo, New York, il est plus à même d’apporter un semblant de méthode de gouvernance à l’Afrique. Vaste programme, mais c’est ce type de transfuge et de sang nouveau qui sera peut-être le salut du continent noir.

Suhas Gopinath, né au Karnataka, Bangalore, faisant fi du puissant système de castes en Inde, et étant obligé de cacher ses activités professionnelles à ses parents, devint le plus jeune CEO du monde à l’âge de … 14 ans (alors qu’à cet âge nous sommes toujours à choisir nos professeurs de leçons particulières). Sa société s’appelle modestement ‘Globals Inc’. Il a été invité à s’adresser au Parlement européen et de nombreuses autres instances. Microsoft était le champion de l’informatique dans les années 80 et 90. Apple, qui était une pale copie d’elle-même, réinventa le hardware. Beaucoup considéraient que le software, étant plus intelligent par définition, avait détrônait le hardware ‘bête’ pour de bon. Après le ipod et le iphone, Apple démontra qu’un produit bien pensé pouvait se vendre à des millions, même en période de forte récession. A un niveau encore plus micro-économique, ma Nissan apparemment ‘japonaise’, est une marque qui a été en fait acquise par Renault, est produite dans le Tennessee, aux États-Unis, selon les meilleures méthodes nippones, pour être ensuite vendue au Moyen-Orient.

Ce petit tour du monde à plusieurs niveaux nous invite à nous interroger quant à la ‘fluidité’ requise dans notre Ile Maurice, pourtant petite et apparemment dynamique, pour répondre aux défis d’aujourd’hui. Les hôtels, qui ont la chance d’exploiter jalousement des atouts naturels et uniques au monde (qui, en fait, nous appartiennent – mais ca, ce sera pour un autre jour), encourent des pertes des que l’euro passe sous la barre des Rs 42. De même que les entreprises du textile. Nos corps paraétatiques sont les chassés de nos princes gouvernants et une couleur monolithique du parti au pouvoir est de rigueur pour parasiter dans ces corps d’Etat, et ceci depuis 40 ans, quel qu’il soit. D’aucuns disent que cette notion d’appartenance s’est même renforcée ces derniers temps… Quand le mathématicien français Cedric Villani, qui a décroché la médaille Fields (équivalent du Prix Nobel en mathématiques) en 2010 parle avec passion sur le rôle scientifique, philosophique et social de cette science-mère, et va même jusqu''''à déplorer la sélection par les maths, cela fait penser aussitôt à nos étudiants qui s’entrainent mécaniquement aux exercices des fameux past papers pour mémoriser la résolution d’un problème pourtant logique! Singes savants, ils deviennent les champions d’un mauvais système qu’ils ont tout intérêt … à perpétuer. Ceux qui ont crée les plus grandes entreprises au monde (Microsoft, HP, Google, Facebook) ont ‘échoué’ dans un système scolaire étroit, non pas parce qu’ils étaient des cancres, mais en refusant, peut-être même de manière subliminale, le statu quo et décidant d’être eux-mêmes. Quand est-ce que notre ‘éducation’ a Maurice, fera-t-elle la part belle à l’être au lieu du paraitre?

Au moment où la National Residency Property Tax sera abolie, Warren Buffet, le sage d’Omaha, a su attirer une cinquantaine de milliardaires américains pour pétitionner Obama afin de lui demander qu’ils … payent plus d’impôts. Alors que le pays champion du capitalisme revoit sa copie, nous devenons plus capitalistes qu’eux. Alors que nos grandes familles et cadres hauts placés protègent leur progéniture en leur octroyant de facto de bonnes positions en politique ou dans leurs grands groupes, Warren Buffet a cette pensée magnifique à propos de ses propres enfants : «If they do not fail, they will become failures.» Ajoutant l’acte aux paroles, il les a promptement déshérités. C’est ce qu’a fait aussi Bill Gates. Aurions-nous le courage à Maurice de joindre l’acte aux belles paroles d’un PIB de US $ 20,000?

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