Difficile de décrire Mohamad Vayid en fin de compte - il était tout à la fois: fin intellectuel, gestionnaire rigoureux, visionnaire hors pair. La nouvelle, apprise sur Internet vers minuit dimanche soir ou plutôt lundi matin, fut terrible mais nous ramène à la dure réalité de la vie et… de la mort.

Puisque Mohamad Vayid n’est plus de ce monde, on peut maintenant le dire: on aurait tant souhaité qu’il soit le Président de la République de Maurice. Homme incarnant une autorité morale et d’une parfaite intégrité avec un passé aussi élogieux, il aurait été, selon nous, un parfait présidentiable mais le destin en a voulu autrement.

Nous l’avons connu à la fin des années 80 au Quran House, à Rose Hill, quand il entreprit une série de conférences sur les divers aspects de l’Islam. Et fin 1990, lors d’une rencontre avec quelques membres du conseil d’administration de La Sentinelle, Mohamad Vayid nous fit l’éloge en nous avouant que «d’habitude c’est moi le conférencier mais je me souviens bien de votre conférence l’année dernière [en 1989, sur l’Islam et la France]». Comme c’était notre tout premier entretien professionnel, en compagnie de Philippe Forget Jr et d’Edgar Adolphe, entre autres, cela nous avait profondément marqués, surtout qu’il fallait que nous expliquions les «projets» de rédaction et autres dossiers que nous avions en tête pour L’Express !

Depuis, nous sommes restés en contact avec Mohamad Vayid et en diverses occasions, on parlait d’Islam, des orientations de la société mauricienne, de systèmes universitaires, de son actionnariat au sein des Editions de l’océan Indien (EOI), d’Arjoon Suddhoo – «un des Mauriciens les plus brillants», selon lui - et… du vaste marché de l’Afrique centrale !

C’était lui qui nous avait dit quand on était directeur-général des EOI (en 2006-07) de nous focaliser sur le marché africain pour une expansion durable et nous nous souvenons très bien de ce qu’il nous avait dit sur l’objectif à long terme d’un milliard de roupies de chiffres d’affaires qu’on devait réaliser pour les EOI, sur le plan international essentiellement ! Et il a dû être très content quand les EOI avaient remporté leur premier appel d’offres international, en 2006, à Madagascar pour un million de dollars américains…

Ancien président de la National Housing Development Corporation, «fondateur» du Mauritius Oceanography Institute et véritable réformateur du Mauritius Research Council, Mohamad Vayid voyait loin pour son pays. Plutôt travailliste et pas opportuniste pour un sou, il n’hésitait pas à dire les quatre vérités aux différents gouvernements rouges à travers les médias et il s’était même permis de critiquer ouvertement la Mauritius Commercial Bank suite au scandale connu comme le NPF au début des années 2000 et de polémiquer avec le Père Souchon dans la presse au milieu des années 90.

Mohamad Vayid a eu une carrière et une vie très remplies et souhaitons que la République de Maurice puisse saluer cet homme exceptionnel de façon digne.