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A chacun son palais

En lisant le quotidien l’express du lundi matin, j’ai été stupéfaite de lire que M. Anil Gayan a eu du mal à digérer le dîner du 11 mars 2013. A la lecture des propos tenus, je pense que l’estomac de M. Gayan ne supporte pas une certaine cuisine, ou alors, c’est ma personne qu’il digère mal. Après 40 années d’expérience dans le domaine de la cuisine gastronomique, j’ai eu l’honneur d’être choisie comme traiteur pour le dîner donné à l’occasion du 45e anniversaire de l’Indépendance de mon pays. Et, sans fausse modestie, je crois sincèrement avoir contribué, grâce à ma cuisine, à mieux le faire connaître sous d’autres cieux.
Avant chaque grande fonction (et Dieu sait qu’il y en a) nous suivons à la lettre les consignes alimentaires des invités, fournis par les hôtes, du plus grand au plus petit d’entre eux. Ainsi, dans le cadre du dîner marquant le 45e anniversaire de l’Indépendance, nous avions été prévenus par le PrimeMinister’s Office que l’invité d’honneur avait comme seule et unique restriction alimentaire les produits laitiers et qu’il ne mangeait que du poisson, du poulet et de l’agneau, et qu’il n’a jamais été végétarien.
Afin d’être choisie comme traiteur pour une fonction d’une telle importance, il y a des critères très stricts à respecter et des contrôles à passer. En sus de recevoir des consignes alimentaires, une semaine avant ledit événement, nous avons eu chaque jour droit aux contrôles du département sanitaire. Ils ont examiné avec minutie tous les produits qui devaient être utilisés pour le banquet d’Etat. Rien n’a été laissé au hasard.
Le soir du dîner, l’invité d’honneur a eu comme plat principal un curry de poisson, et pas d’agneau, comme M. Gayan le laisse entendre. Il est quand même difficile de confondre les deux. Il se peut que certaines personnes aient du mal à faire cette différence, mais à chacun son palais.
Quant au dessert, il se peut que M. Gayan ait recueilli les confidences de l’invité d’honneur, mais dans les consignes alimentaires reçues du Prime Minister’s Office, il n’était pas question de «ras mallai», mais de «rasgoulla», qui ne fut commandé que pour la table d’honneur. Ce dessert a été préparé par une professionnelle de la pâtisserie indienne et servi à la table d’honneur le soir du banquet.
Enfin, nous avons servi de la glace artisanale aux invités et non celle du marchand du coin, qui, soit dit en passant, fait de la bonne glace, que nous recommandons d’ailleurs à M. Gayan d’essayer. A noter que nous serons payés normalement, mais pas grassement pour notre travail, comme tout citoyen qui fait un travail honnête. J’emploie le terme «Nous» car mon équipe et moi avons été outrés de lire les propos de M. Gayan. Il est clair que M. Gayan connaît le protocole, mais au niveau culinaire, c’est une autre paire de manches, ou devrais-je plutôt dire de casseroles !
Ces petits points mis sur les «i», je retourne à mes fourneaux.
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