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The Big Picture

Comment relever les défis environnementaux qui attendent Maurice ? Adi Teelock, Karim Jaufeerally et Eric Maingard livrent des pistes de réfl exion pour bâtir une île Maurice durable, faire face au déclin de la production mondiale de pétrole et assurer l’accès à la nourriture de la population.
Protéger l’environnement. Bâtir une île Durable. Ces vœux résonnent comme des leitmotiv ces temps-ci. Que veulent- ils dire au juste ? Sommesnous conscients de leur portée, de leur signifi cation, pour les faire nôtres et les réaliser dans leur sens plein ? Ce qui suit est, par le biais d’exemples concrets, une tentative pour pousser à la réflexion sur le contenu à donner à ces voeux.
Une amie, totalement engagée dans le recyclage des déchets, racontait un jour comment un homme à qui elle parlait des méfaits de l’implantation éventuelle d’un incinérateur de déchets à Maurice, lui avait rétorqué en substance ceci : «Au moins, nous serons débarrassés de la vue de bouteilles en plastique jonchant le sol. L’environnement sera propre.» Ce monsieur ne faisait en fait que reproduire une idée largement répandue que nous avons au sujet de l’environnement. Cette amie avait conclu, de cet échange, que faire comprendre qu’une bouteille en plastique incinérée dégage des résidus toxiques nocifs pour l’environnement et la santé publique tandis qu’au sol elle ne fait (sauf moustiques) que gâcher la vue, pourrait s’avérer un travail plus ardu qu’elle ne le pensait… Comme pourrait l’être de convaincre du danger pour l’environnement qu’est la construction de structures qui bloquent la ligne d’écoulement naturel des eaux ou de dallages recouvrant les cours de maisons - aussi propres et belles soient ces constructions.
Cet exemple de confusion entre «le propre et le beau» et la protection de l’environnement démontre qu’une vision réduite ou superficielle de la signification de la protection de l’environnement peut constituer un frein à la mise en place d’une île Durable.
Mais là n’est pas le seul élément révélateur de l’échange cité plus haut. Il révèle aussi que nous attendons souvent la solution miracle qui effacera d’un coup de baguette magique tous les maux auxquels nous sommes confrontés et nous déchargera de notre responsabilité de citoyen, de décideur politique ou d’autorité publique. Le monsieur en question ne pensait sûrement pas vraiment qu’un incinérateur allait comme par enchantement aspirer dans son fourneau toute bouteille en plastique traînant au sol partout dans l’île. En fait, il exprimait là un voeu, et l’incinérateur lui semblait être le moyen rêvé de le voir exaucé.
Notre vision des choses est parfois étroite et courte, et nous n’accordons pas suffisamment d’attention à toutes les implications de nos décisions. Cela a été le cas avec l’option incinération des déchets : produire de l’énergie renouvelable dans le cadre d’un concept MID réduit à son expression «Energie» avait tellement séduit qu’il avait occulté le fait que cette option est totalement incompatible avec une autre composante essentielle d’une île Durable.
Une approche sectorielle, non systémique n’est tout simplement pas possible en matière de développement durable. De même, se ruer dans une option sous prétexte que «nous n’avons pas le temps ou les moyens de faire autrement » n’est souvent qu’une fuite en avant qui masque en réalité un manque de volonté. Le développement durable s’accommode mal, voire pas du tout, d’une vision courte, fragmentaire, sectorielle, superficielle des choses. Soyons-en conscients.
Adi TEELOCK
(Source : l’express ID – Lundi 22 février 2010)
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