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SIFB: la vie après la mort

28 novembre 2018, 08:19

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Je suis malheureusement (ou heureusement) au Kenya et ne suis pas en contact avec ceux qui pourraient me dire ce qui se passe vraiment au Sugar Industry Fund Board (SIFB). Souvenez-vous que les fonds de celui-ci ont été siphonnés tout à fait légalement depuis trois ou quatre ans pour venir en aide aux planteurs, suite au prix du sucre qui n’a fait que chuter. Cette douce potion, même si elle n’avait rien de magique, a quand même permis au malade de rester en vie. À mon avis superficiellement.

Le problème est que le malade est encore plus à l’agonie, alors que la potion tire à sa fin. L’objectif du SIFB est de compenser les planteurs quand il y a «un event year». Ceci est déterminé avec précision d’après une méthode bien rodée qui date de longtemps et qui n’a jamais été mise en doute, encore moins contestée à ma connaissance.

Si je comprends bien, Xavier-Luc Duval trouve que le processus permettant de définir si oui ou non il y a «event year» aurait été faussé volontairement pour ne pas avoir à compenser les planteurs? Merci de me confirmer cela. Ceci étant, enfumage ou pas, je crains que la grande majorité des Mauriciens s’en fout de l’industrie sucrière.

Un mini sondage que j’ai effectué auprès d’étudiants de Form VI laisse entrevoir, à une grande majorité, une presque totale méconnaissance de la situation de l’industrie, alors que ceux qui en parlent sont persuadés que c’est une industrie super prospère qui gagne des millions, tous destinés à enrichir davantage les barons sucriers, suceurs du sang des petits planteurs. Combat d’un autre siècle hélas, mais toujours porteur de préjugés néfastes, car ne permettant pas des échanges civilisés et productifs.

Pour l’auteur, l’industrie sucrière a commencé à mourir dès la mise en place de la réforme en 2006.

Vous connaissez ces malheureux petits planteurs, dépôt fixe électoral de certains et convoités par d’autres opportunistes du jour. Ce qui est sûr c’est que, n’en déplaise à M. Duval ou tout autre démagogue, la dite communauté des petits planteurs est en voie de disparition. Elle disparaîtra avant l’extinction de l’industrie. Elle-même embarquée sur un terrain glissant et au bord du gouffre.

L’industrie a commencé à mourir dès la mise en place de la réforme sucrière appelée MAAS. Dans les années 2006.

Recevant des prix de sucre avoisinant les 800 euros la tonne alors, tout le monde a cru que nous étions sortis d’affaire et que les sept années de vaches grasses à venir allaient projeter l’industrie vers des sommets de profitabilité jamais égalés. À bien y voir, le déclin a commencé dès lors.

Car personne n’a pensé que tout cela serait de courte durée. Que la réforme sucrière était d’abord une histoire pour l’Europe. Et que celle-là moderniserait considérablement son industrie betteravière jusqu’à baisserénormément ses coûts de production, tout en ayant la possibilité de produire davantage.

J’ajouterais, au risque de froisser certains, que l’industrie sucrière a elle-même abandonné l’industrie sucrière depuis longtemps. Chez nous, les syndicats, avec Ashok Subron le politicien en tête, ont vite fait de s’engouffrer dans la brèche et forcer (il n’y a pas d’autre terme) les usiniers et autres Corporate Planters à mettre la main à la poche pour mieux rémunérer les travailleurs. Pas la poche des usiniers, mais plutôt celle des banques. Car cela fait longtemps que les poches des barons sucriers tant décriés sont vides.

J’entends bien faire référence aux résultats du sucre à Maurice. N’allons pas faire d’amalgames et mélanger les genres ! Restons dans le cadre ! Ceci a eu pour résultat de faire augmenter les coûts de production alors même que la réforme avait pour seul objectif de produire à des coûts moindres.

Il y a presque un an, j’ai écrit dans la presse que l’industrie sucrière était dans une impasse très grave. Et que faute de décisions très courageuses immédiates, elle courait le risque de périr.

Un an après, à défaut d’une transfusion de sang à un malade à l’article de la mort, on a eu droit à un rapport de 70 pages d’un «comité technique» à mon avis tout à fait en deçà des nécessités du moment.

La réaction du gouvernement a aussi été à la hauteur du rapport! Jetrouve, en plus, pathétique de faire de la politique sur le dos de cette industrie en y associant les petits planteurs. Tout cela dans le seul but d’en retirer un capital politique.

Va pour Monsieur Duval ! Mais nous sommes à l’île Maurice n’est ce pas ! Et certains ont une très grande difficulté à singer leurs géniteurs !

Relisez ce que j’avais écrit au début de l’année. J’avais prévu la mort de l’industrie si ....

Aujourd’hui, je pense qu’il est encore temps de sauver quelques meubles. Ceci dit, seulement s’il y a volonté de sauver ce qu’on peut. Ce qui n’est pas sûr.

Définissons d’abord un bassin terres agricoles adaptées à la culture efficiente de la canne et favorisant une production cannière de 2 500 000 tonnes, équivalente à une production de sucre d’environ 250 000 tonnes. Pour ceux qui ne savent pas, nous n’en sommes pas loin... Ces terres seraient «land locked» et ne pourraient pas être vendues ou transformées.

J’aurais aussi fortement suggéré aux autorités gouvernementales, de commanditer un rapport dans le but de :

  1. Mesurer l’impact socioéconomique de voir disparaître l’industrie sucrière. Comme ça chacun aura les yeux en face des trous !
  2. Définir l’espace requis pour la production de ces 250 000 tonnes de sucre.
  3. De décider «qui serait mangé» car quatre usines pour 250 000 tonnes de sucre, c’est beaucoup trop. Deux à la limite! Pourquoi pas une ?
  4. De revoir le système de paiement des cannes. Aujourd’hui, ce système est tout simplement dépassé, vétuste et contre productif.
  5. Définir ce que j’appellerai «La vie après la mort» de cette industrie avant qu’il ne soit trop tard.

Quelqu’un du sérail me disait il n’y pas longtemps : « Tout cela risque de mal finir.» Il y va, à mon humble avis, d’une situation beaucoup plus dramatique que la seule disparition de la communauté des petits planteurs. Même si je ne sous estime pas du tout cet aspect tout autant dramatique des choses.

Ça serait la disparition de toute l’industrie nourricière qui a été à la base du development du pays depuis des lustres. C’est comme si la France ne produisait plus de vin !

Voilà ce que je voulais dire à ceux que la chose intéresse.

 

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