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Partielle au n°18: C’est à désespérer…

22 décembre 2017, 11:28

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Partielle au n°18: C’est à désespérer…

La période de déchéance politique dans la- quelle se trouve le pays s’est de nouveau confirmée dans la partielle qui s’est déroulée dans la circonscription no 18. Le réalisme politique a encore une fois frappé fort, obligeant les partis traditionnels à un comportement fondé sur des considérations de communauté et de caste dans leur participation à cette élection. Aussi, le peuple a été égal à lui-même, c’est-à-dire qu’il s’est conformé à son degré de conscience. Et puis, notre système électoral a encore une fois démontré ses failles.

Réalisme politique

 Le réalisme politique a encore condamné le Parti travailliste, le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti mauricien social-démocrate à l’utilisation ouverte de la variable d’appartenance à une communauté, à une caste, pour grappiller des votes. L’appel de Bhadain à l’intelligentsia de Sodnac lorsqu’il avait mis son siège de député en jeu avait déjà donné le signal et les partis traditionnels ont vite fait leurs calculs : leurs die-hards sont acquis, le edge à conquérir se trouvait dans une caste spécifique. D’où le profil des candidats qu’ils avaient alignés pour cette joute électorale.

C’est une tragédie de constater que cette philosophie foncièrement sectaire et abaissante domine toujours l’univers politique d’un pays qui demain fêtera ses 50 ans d’Indépendance. Vous avez parlé de la construction d’une nation : il vous faudra repasser, chers Jack, Kugan et autres, les vrais de la gauche, et tous ces Mauriciens qui gardent espoir.

La conscience

Comme dans toutes les élections, on aura vu un peuple, non admirable, mais admiratif. Déjà avec 45,04 % d’abstention, ce peuple doit avoir un peu d’amour-propre et reconnaître qu’il participe lui aussi à sa manière à la phase de déchéance politique dans laquelle se trouve le pays. On ne va pas nous faire croire que 45,04 % de l’électorat sont partisans du Mouvement socialiste militant et ont suivi la consigne de ses dirigeants. Non, il s’agit d’un étalage, s’il en fallait un, du degré de conscience du peuple. Et en même temps une indication du chantier pour freiner sa descente sur l’échelle des valeurs civiques. Ou sa descente en termes de valeurs, tout court.

«Tout parti peut être béquille potentielle ou pieds cassés compte tenu de son poids communal.»

Ils ne sont pas nombreux à avoir osé parler, même indirectement, de la conscience du peuple. Cela nous rappelle un peu le discours du Club des étudiants militants, puis le MMM à ses débuts, qui proposait l’éducation de la masse, comme moyen pour faire sortir le pays de la spirale de la déchéance. Espérons que lui et son parti, malgré l’incompréhension de l’électorat à leur égard, s’attelleront à cette tâche «pédagogique», comme ils disent.

C’est facile de se laisser happé par le réalisme politique, ce recours aux instincts tribalistes et à cette persistante référence à des racines, aux castes est devenu obsessif chez les politiciens et les partis politiques tentés par la facilité. Il est en effet plus aisé de miser sur une segmentation rusée de l’électorat que sur sa conscientisation. L’analyse méticuleuse des profils, candidats et électeurs compris, est plus maîtrisable comme tâche, même si dépourvue d’éthique, mais rapide en résultat et surtout qu’elle soit de haute valeur de nuisance contre ses adversaires politiques.

Le peuple, le bluff Le bluff est répandu. Vous entendrez souvent dire qu’il faut changer, qu’il nous faut du sang neuf en politique, qu’il faut se débarrasser des anciens, ceux qui ont fait leur temps, et qu’il faut laisser la place à des nouveaux. Si ce discours est à la mode, encore faut-il se demander si ce n’est pas que du verbiage cachant un souhait profond du contraire : un vœu hypocrite d’un peuple de die-hards, des inconditionnels des partis qui dominent l’échiquier politique mauricien depuis des décennies. Ou pire, celui des indécis qui attendent sur qui miser pour pouvoir bénéficier de quelque bout.

Le peuple est comblé aujourd’hui par ses politiciens auprès de qui il s’agglutine. Il n’est pas exigeant. Son discours sur la nécessité du renouveau politique est truffé de contradictions. Dans sa grosse majorité, il ne votera pas pour du nouveau. Et pourtant, pour son évolution, il a besoin qu’une nouvelle conscience le traverse pour qu’il se forge un nouveau destin, qu’il devienne plus exigeant de ses droits, se débarrasse de son inclinaison au sectarisme, s’intéresse davantage au bien commun, redécouvre son sens de l’engagement et fonde ses choix politiques sur des considérations honorables.

Le système

 Il nous faut reconnaître la victoire du gagnant de cette élection même si, comme le disent certains, deux électeurs sur trois n’ont pas voté pour lui. Et que 80 % d’électeurs inscrits ne lui ont pas apporté leur soutien. Mais faut-il rappeler que 80 % des habitants de nos cinq villes n’ont pas voté ceux qui règnent aujourd’hui dans nos municipalités. Et tous les gouvernements depuis 1983 n’ont pas reçu le soutien de presque une moitié de la population. Ainsi va notre système électoral, qui peut faire élire un candidat avec une minorité de votes ! Et si demain on soulève la légitimité de l’élu, ce n’est pas contre lui qu’il faut se tourner, mais vers un système électoral inique qui perdure.

Les politiciens et les alliances

Et pour conclure, il y eut ces annonces faites sur les alliances, une insulte à l’intelligence du peuple. Nous ne ferons pas d’alliances, disent-ils, pour démontrer leurs forces. Personne semble avoir besoin de béquilles, alors que tout parti peut être béquille potentielle ou pieds cassés compte tenu de son poids communal. Car dans le contexte mauricien, les alliances se font sur des considérations purement électoralistes, donc d’appartenance, pour ratisser le plus large possible.

 Même si les alliances se préparent bien à l’avance, mais s’annoncent que lorsque les élections sont annoncées officiellement, déjà, on voit poindre à l’horizon cette grande alliance portée par les groupes sectaires, prêts à prendre en otage nos politiciens… Comme quoi la fin de la période de déchéance politique n’est pas pour 2019 !

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