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La classe politique. Pourquoi le renouvellement n’aura pas lieu!
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La classe politique. Pourquoi le renouvellement n’aura pas lieu!

Le bluff est répandu. Vous entendrez souvent dire qu’il faut changer, qu’il nous faut du sang neuf en politique, faut se débarrasser des anciens, ceux qui ont fait leur temps, et qu’il faut laisser la place à des nouveaux. Si ce discours est à la mode, encore faut-il se demander si ce n’est pas que du verbiage, cachant un souhait profond du contraire : un vœu hypocrite d’un peuple de diehards, des inconditionnels des partis qui dominent l’échiquier politique mauricien depuis des décennies, ou pire, celui des indécis qui attendent sur qui miser pour pouvoir bénéficier de quelque bout.
L’indescriptible nouveau
Il est difficile de cerner de quoi est fait cet élément nouveau que les uns souhaitent voir s’installer dans la politique mauricienne. S’agit-il de nouvelles têtes, du nouveau sang, de nouveau visages, de nouvelles idées, plus de femmes, ou plus de jeunes ? Le souhait du renouveau est un raccourci pour décrire une idée vague.
Il y a trop de variables qui se contredisent d’un individu à un autre où chacun a sa petite idée de ce qui constitue le fait nouveau en politique. Des propos tels «il nous faut du nouveau en politique», ou encore «une nouvelle manière de faire de la politique» ne produisent qu’une véritable nébuleuse. Une manière vague d’exprimer le contraire de ce que l’on pense au plus profond de soi !
Cet état d’à peu près généralisé amène à de multiples définitions du terme «nouveau». Tout individu qui veut faire de la politique se dira qu’il détient un élément nouveau. Tout un lot de variables est disponible pour définir l’élément «nouveau» : le jeune âge, l’inexpérience, une première adhésion à un parti ancien, une adhésion à un nouveau parti, une première participation à des élections. Le vieux routier, celui qui n’a aucun de ces attributs cités, pourra vous sortir quelque chose comme «une promesse de faire de la politique autrement».
Au cœur de la difficulté pour une nouvelle tête de s’installer, il y a le refus, profondément ancré dans la conscience populaire, de tout ce qui est nouveau. Le peuple ne votera pour le nouveau candidat que s’il est membre d’un ancien parti. Il votera plus volontiers pour un ancien politicien qui serait dans un jeune parti. C’est pour dire qu’un nouveau venu sur la scène politique, membre d’un jeune parti, aura moins de chances de succès, en termes d’accueil de la part de la population, qu’un ancien politicien dans un vieux parti.
Tous pareils : le prétexte Ceux qui disent qu’ils vont s’abstenir de voter, sous prétexte «qu’ils sont tous pareils» en parlant des politiciens, ne disent pas le fond de leurs pensées. Ils ne font que se défendre de ne pas pouvoir soutenir deux éléments innovants à la fois : un nouveau politicien dans un nouveau parti ! Avec cette contrainte mentale, ils ressemblent à des die-hards, se contentant d’un statu quo, boulonnés à une assise traditionnelle, à des réflexes conservateurs. On comprendra que des fois, c’est la peur du changement et la peur de prise de risques qui les obligent à une forme de loyauté passive.
Des fois, cette fixité dans l’adhésion résulte des considérations qui peuvent s’aligner sur une échelle de valeurs : idéologie ou idéal, vénération d’un leader, d’un individu, liens familiaux, ou affinités communalistes et castéistes. Aussi, le refus de cautionner le nouveau venu en politique découle d’un tenace désir du vote utile. L’électeur cherche avant tout son intérêt personnel et réagit rarement lorsqu’il s’agit du bien commun.
L’éloge du vide
Le peuple est rusé. Il sait quand accueillir le nouveau, comme en témoigne un épisode de notre histoire : l’arrivée du MMM sur la scène politique en 1969. Si la population s’extasiait devant Bérenger et ses amis, ce n’était pas uniquement dû au caractère nouveau des personnages. Certes, ils étaient jeunes et nouveauvenus en politique, mais ce serait trop réducteur de justifier leur succès à leurs frais visages. On se rappellera que la coalition PTrPMSD avait donné lieu à un vide, et cela avait fait le jeu des nouveau-venus.
C’est la réalité d’un peuple qui réagit par intérêt et par émotion. Frustré de se sentir abandonné par ses politiciens, il transposa sa passion sur des novices, ne se posant aucune question sur leur expérience et autres attributs. Le vide était le meilleur agent recruteur d’adhérents qui pouvait exister dans ces circonstances.
Une nouvelle conscience
Le peuple est comblé aujourd’hui par ses politiciens auprès de qui il s’agglutine. Il n’est pas exigeant. Son discours sur la nécessité du renouveau politique est truffé de contradictions : difficile de souhaiter, par exemple, l’arrivée de jeunes en politique tout en reconnaissant leur indifférence notoire à la chose publique. La fiction du renouveau politique !
C’est un peuple qui ne voit pas le vide. Pourtant, pour son évolution, il a besoin qu’une nouvelle conscience le traverse pour qu’il se forge un nouveau destin, qu’il devienne plus exigeant de ses droits, se débarrasse de son inclinaison au sectarisme, s’intéresse davantage au bien commun, redécouvre son sens de l’engagement, et fonde ses choix politiques sur des considérations honorables.
Sinon, il n’y aura pas du nouveau avant encore 50 ans, le temps que les arrière-petits-fils auront marre de remplacer les petits-fils au pouvoir
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