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Lettre ouverte au PM - Affaire BAI: Tactiques dilatoires, calendes grecques ou chef de guerre…
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Lettre ouverte au PM - Affaire BAI: Tactiques dilatoires, calendes grecques ou chef de guerre…

Monsieur le Premier ministre, assumez les responsabilités d’un homme d’État parce que les institutions de l’État ont failli. «Bann gro rékin, bann gro malin finn tir zot kas dan labank Bramer. Bramer ek BAI finn koulé. Zot pé les maléré nwayé, toufé, krévé. Zot éna toupé pou dir zordi ‘L’île Maurice, c’est un plaisir !’ Zot dir péna solision mé Gouvernman so travay sa pou trouv solision, non ?» Cette entrée en matière, Monsieur le PM, résume l’état d’esprit de ce Peuple qui vous a porté au pouvoir.
En effet, voyant venir l’orage, certaines grosses légumes et pas des moindres ont vite effectué des retraits bancaires de leurs comptes. L’orage s’est vite abattu sur la banque et la BAI s’est écroulée dans un grand fracas et a laissé notre pays dans une immense détresse. Gouverner, dit-on, c’est prévoir ! Les autorités compétentes n’ont-elles pas, par avance, mesuré les dommages collatéraux que de telles décisions de fermetures allaient engendrer?
Nous comprenons qu’après le scandale dénoncé, les diverses enquêtes engagées (à la fois par l’Independent Commission against Corruption, la police et autres investigateurs autorisés) ont vite identifié et pointé du doigt les présumés responsables d’un PONZI à la BAI. Au banc de ces présumés accusés se trouvaient le Management de la Financial Services Commission (FSC), du Financial Reporting Council, de la Financial Intelligence Unit, de la Bramer Bank et de la Banque des Mascareignes, les têtes d’affiches des diverses institutions du conglomérat BAI, des agences comptables, certains membres de la famille Rawat et autres. La liste est longue. Tout ce beau monde, sur qui pesaient de lourds soupçons de maldonnes, de transactions douteuses, de mauvaises gestions et de contrôles délétères de gros capitaux investis par la société civile, toujours selon les dires des autorités compétentes. On a crié au scandale. Ponzi ! Ponzi !
Y-a-t-il eu faute de la BAI ? Y-a-t-il eu malversations du conglomérat BAI ? Qu’observe-t-on aujourd’hui, au bout de deux ans de tergiversations, de déclarations contradictoires, de promesses non-tenues, de lenteurs administratives et d’amateurisme à outrance ? Le peuple mauricien, admirable et réfléchi, constate et se demande aujourd’hui pourquoi :
- Nombreux de ces présumés coupables identifiés à la suite du démantèlement de la BAI se retrouvent subitement lavés de tout blâme, blanchis.
- Des «No case» sont prononcés un à un par nos cours de justice.
- Les plus avertis semblent en prévoir d’autres à l’avenir.
À ce rythme, il n’en restera plus personne au banc des présumés accusés. Diable ou sont passés ces vrais semeurs de malheur ? Saura-t-on jamais qui est ou qui sont les coupables et est-on en droit de poser cette question ? Y-a-t-il donc vraiment un coupable ? Ou en sont les investigations et autres enquêtes de nos fins limiers après deux ans ? Tout cela piétine lamentablement au grand dam de ceux qui cherchent réparation. Quelles sont les procédures juridiques engagées pour traquer les vrais coupables ? Y-a-il une lueur au bout du tunnel ?
Le gouvernement a-t-il eu raison de stopper les opérations de l’empire BAI ? se demande toute l’île Maurice. Cette décision de démantèlement de la BAI avait-elle été bel et bien planifiée par avance ? Or, cette déclaration publique sur la Bramer Bank, d’un de nos gouvernants, un certain 15 juin, et rapportée par l’express, en dit long. «Abé ki mo rann mwa kouyon ? Mo les mo kas laba mem ? Prémié zafer, monn tir mo kas. Enn bato pé koulé, mo sov mo lapo.» Lui, l’heureux veinard, a trouvé la solution avant le problème. C’est-à-dire qu’il a tout bonnement pu effectuer des retraits avant la fermeture de la Banque BAI, parce qu’il savait ce qui allait arriver.
Mais aujourd’hui, le Gouvernement ne trouve pas de solution pour ceux qui l’ont élu aux dernières élections pour protéger leurs intérêts. Qu’a donc fait le nouveau ministre des Affaires financières et de la Bonne gouvernance depuis qu’il est en poste ? Avec 36 ans d’expérience dans le domaine, il devrait pour l’heure avoir trouvé une porte de sortie rapide. Or, nous comprenons, selon ses dires, qu’il étudie encore le dossier…
Par ailleurs, tous ceux concernés et tous les biens pensants de ce pays se demandent avec raison si les avoirs et les actifs restants de la BAI sont professionnellement gérés, administrés, comptabilisés et vendus au plus offrant, pour que nos épargnants récupèrent in fine la totalité de leurs épargnes ? Enfin, est-ce que votre gouvernement, Monsieur le PM, saura se solidariser des engagements formels pris, par les ministres mêmes de votre gouvernement, et surtout du PM d’alors, de rembourser intégralement tous les épargnants du SCBG ? La décision d’un ministre, prise au nom du gouvernement, engage tout le gouvernement. C’est logique ! Votre carrure d’homme d’État, M. le PM, respectueux des valeurs de la République, ne saurait mentir !
Le temps presse donc, Monsieur le Ministre. Toute l’île Maurice est en droit de savoir. Elle retient son souffle. Nous sommes dans l’urgence. Le gouvernement prend-il la mesure de la grande souffrance de ces centaines de Mauriciens plongés dans la désespérance ? Ils sont victimes d’une administration approximative et d’une mauvaise gouvernance des institutions de l’État, censés protéger les intérêts de la population. D’ailleurs la mise à pied de la directrice de la FSC, suite au scandale de la BAI en dit long sur la responsabilité de l’État.
Au final, de nombreux Mauriciens sont plongés dans la détresse ! Des familles dévastées, dépossédées de leurs épargnes durement amassées, de leur lump sums de retraites bien mérités, envolés. Des sommes d’argent devant surtout servir à l’éducation de leurs enfants et aussi leur permettre d’avoir de quoi vivre dans leurs vieux jours.
Aujourd’hui, par manque de proactivité ou de réactivité, (À propos, le téléphone du Directeur de la NPFL, gestionnaire des fonds de la BAI, ne répond pas depuis belle lurette), une autre étape vient d’être franchie dans ce scandale qui couve depuis bientôt deux ans. Nos concitoyens ont été poussés à l’extrême jusqu’à entamer des grèves de la faim, au péril de leurs vies.
Monsieur le PM, un État responsable est un État qui écoute, un État qui agit ! L’indécision est l’antithèse de gouverner. Nous attendons de vous des actions rapides et fortes. Devant la désespérance d’un peuple, vous saurez être, j’en suis convaincu, le PM de l’espoir.
Très cordialement,
Anna Mounsmie
Citoyenne.
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