Publicité
Danielle Selvon sur les Chagos: «Londres et Washington dans d’illégalité en droit international»
Par
Partager cet article
Danielle Selvon sur les Chagos: «Londres et Washington dans d’illégalité en droit international»

Madame la présidente,
Tout d’abord je n’ai pas boycotté la séance parlementaire d’aujourd’hui (Ndlr, mardi 21 juin) avec certains collègues députés, bien que je sois contre toute violation de la liberté de la presse, et je vous lance, dans le contexte de cette conviction inébranlable, un appel à revoir votre décision d’interdiction concernant Mme Touria Prayag, rédactrice en chef du journal Weekly, membre du groupe La Sentinelle Limitée.
Je suis présente à cette séance parlementaire parce que je vais soulever une question très importante concernant l’intérêt national à la veille de la signature par la Grande-Bretagne et les États-Unis d’un accord sur les Chagos, territoire mauricien où sont entreposées des armes en violation des deux conventions auxquelles Maurice se joint aujourd’hui contre des armes extrêmement destructrices de vies humaines innocentes.
Je prends la parole sur ces deux conventions internationales surtout que j’ai été très choquée par l’attitude des États-Unis d’Amérique, qui refusent toujours, en 2016, de signer ces deux conventions qui sont des avancées importantes dans la marche vers un désarmement global.
Je demande formellement au Premier ministre et au All-Party Parliamentary Committee sur les Chagos d’écrire aux Nations unies et aux autorités responsables des deux conventions pour demander que soient bloquées les négociations actuelles entre Londres et Washington pour un nouvel accord sur les Chagos (en passant, il n’y a pas de bail comme l’écrit la presse, mais un accord selon le gouvernement britannique dans une déclaration à Westminster). La raison en est que Londres et Maurice, tous deux signataires des deux conventions, n’ont pas le droit, sous ces conventions, d’offrir une base militaire à un pays qui refuse de signer ces conventions internationales de désarmement.
Madame la présidente,
Savez-vous comment les spécialistes de géopolitique appellent ce genre de violation des lois internationale ? Ils disent que les Chagos sont devenus un «international Black Hole».
Peter H. Sand, dans Oxford Journals, The Journal of Environmental Law, écrit ceci sous le titre «Diego Garcia: British-American Legal Black Hole in the Indian Ocean?» publié en 2009 :
“The US and UK governments have evaded accountability by way of a persistent ‘black hole’ strategy, contending that some national laws and international treaties for the protection of human rights and the environment do not apply to the island...”
En 2010, un article intitulé “The Chagos Archipelago – Footprint of Empire, or World Heritage?” écrivait ceci dans Environmental Policy and Law:
“According to the non-governmental network International Campaign to Ban Landmines... the United States has kept major quantities of anti-personnel landmines on supply vessels in the BIOT (some 10,000 mines in cluster bomb units such as the Aerojet Gator), the use and stockpiling of which is strictly prohibited by the 1997 Ottawa Landmines Convention, to which both the UK and Mauritius – though not the USA – are parties. The Foreign and Commonwealth Office (FCO) claims, however, that “there are no US antipersonnel mines on Diego Garcia. We understand that the US stores munitions of various kinds on US warships anchored off Diego Garcia.”
Madame la présidente, à ces accusations, le FCO a répondu :
“Such vessels enjoy State immunity and are therefore outside the UK’s jurisdiction and control”. Mais ce n’est pas vrai selon Peter Sand qui ajoute :
"Along the same lines, the UK representative at the Ottawa Convention’s Standing Committee meeting in May 2003 affirmed that landmines on US naval ships inside British territorial waters “are not on UK territory provided they remain on the ships”.
Cela n’est pas vrai selon Peter Sand que c’est, là, je cite “a unilateral interpretation flatly contested by the International Committee for the Red Cross. As a matter of fact, much of the ordnance in the Diego Garcia lagoon (i.e., in British internal waters) is not stored on board US warships but on commercial freighters time-chartered by the US Navy’s Military Sealift Command (MSC).”
Sand ajoute :
“The same is true for cluster bomb (sub-munitions ordnance) stockpiles prohibited under the new 2008 Dublin Convention (ratified by the UK). In response to parliamentary questions, however, the FCO has refused to disclose information on the amounts of US cluster munitions in Diego Garcia, on the grounds that “disclosure would or would be likely to prejudice relations between the United Kingdom and the United States.”
Madame la présidente,
Le British Indian Ocean Territory est hors-la-loi selon les organisations combattant pour le respect des deux conventions internationales auxquelles nous nous joignons aujourd’hui.
Je voudrais que le Premier ministre et les leaders des autres partis parlementaires s’associent dans cette démarche diplomatique pour démontrer clairement et pour la première fois que les Mauriciens sont unis en ce qui concerne les Chagos. Je voudrais que Maurice fasse comprendre que Londres et Washington s’enfoncent davantage dans l’illégalité en droit international en ce qui concerne cet archipel volé aux Mauriciens en 1965 en violation des résolutions 1514 et 2066 des Nations unies.
Je vote avec mon cœur pour cette mise en pratique à Maurice de la Convention sur les armes à sous-munitions (‘cluster munitions’) conclue en 2008, et aussi de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction le 18 septembre 1997, celle-ci étant plus connue comme la Convention contre les mines antipersonnel.
La Convention anti-mines terrestres antipersonnel est le fruit de négociations menées par une coalition puissante et inhabituelle de gouvernements, des Nations unies, d’organisations internationales telles que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et plus de 1 400 organisations non gouvernementales regroupées au sein d’un réseau connu sous le nom de Campagne internationale pour interdire les mines. En décembre 1997, la Campagne internationale pour interdire les mines et Jody Williams, son coordonnateur, se sont vu décerner le prix Nobel de la paix.
Madame la présidente,
Je vous remercie et je remercie la Chambre de m’avoir écoutée.
Publicité
Publicité
Les plus récents




