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Confessions d’une fumeuse de cannabis

26 mai 2016, 09:15

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Confessions d’une fumeuse de cannabis

Je suis une fumeuse de cannabis ! Voilà, c’est dit ! La fumeuse de cannabis qui lit le journal et qui voit les commentaires sur les réseaux sociaux depuis quelque temps ne peut s’empêcher de porter sa voix aux débats actuels, surtout lorsqu’elle entend des insanités proférées par des soi-disant «experts». Pas pour encourager quelconque comportement, mais plutôt pour partager son vécu. On a mis l’accent sur les rastas qui consomment du cannabis pour des raisons religieuses. La presse s’est, elle, concentrée sur ceux qui consomment du cannabis pour des raisons médicales. De grands débats ont même été organisés sur la place publique.

Cependant, ce que l’on n’a pas vu, comme «the elephant in the room», c’est les commentaires de la grande majorité : ceux et celles qui consomment le cannabis simplement pour le plaisir, les adultes qui agissent dans l’intimité de leur maison. Pourquoi on ne nous a pas demandé notre avis ?

Je consomme du cannabis depuis plus de 20 ans. Avec une quarantaine d’années au compteur, je ne suis pas une délinquante, mais une citoyenne responsable. Je suis dans une situation familiale et professionnelle stable, je paie mes taxes et contribue ainsi au développement de mon pays. Je ne suis pas une menace pour la société. Je ne considère pas la consommation de cannabis comme un vice, et j’aurais été l’exemple même du «law-abiding citizen» s’il n’y avait pas eu des lois stupides pour interdire le cannabis.

Vingt ans de consommation m’ont permis de comprendre une chose : il n’y a pas de profil type pour le fumeur de cannabis. Je suis une professionnelle du secteur privé. J’ai côtoyé des avocats, des enseignants, des professeurs d’université, des ingénieurs, des mères au foyer, des secrétaires, des maçons, bref, des gens from all walks of life. J’ai rencontré des gens extrêmement intéressants au courant de ma vie que je n’aurai jamais côtoyé s’il n’y avait pas eu un joint.

Quel est l’impact du cannabis sur la vie des gens ? Encore une fois, on donne la parole qu’à des médecins ou des psychiatres. Mais si nous, fumeurs de cannabis, nous ne sommes pas (tous) médecins, il y a une chose que nous voyons, c’est la santé et la vie sociale de nos amis, fumeurs aussi et le fait que nous allons bien !

L’impact du cannabis sur ma vie ? Laissez-moi vous faire une liste : le plus important, le cannabis m’a permis de rencontrer celui qui partage ma vie depuis longtemps maintenant. Le cannabis me permet aussi d’être en symbiose avec mon groupe d’amis et de passer du quality time avec les gens que j’aime, discuter, plaisanter, rire, philosopher, bref… vivre tout simplement.

L’exemple est rassis et ultra-réchauffé, mais je vais l’utiliser quand même : là où certains préfèrent partager ces moments de vie autour d’un verre, moi je préfère le faire autour d’un joint ou plutôt un ti mass. Jamais cela n’a dégénéré en dispute comme c’est souvent le cas avec l’excès d’alcool. Bien que je ne considère pas utiliser le cannabis pour ses vertus médicinales en premier lieu, un excès de stress, de colère, ou de douleurs occasionnelles dues aux règles est vite réglé avec le cannabis.

La consommation à l’excès ? Oui, ça arrive parfois, tout comme ceux qui prennent un ti drink dépassent un peu les limites. Résultat : les yeux rouges, un appétit ouvert, au pire des cas, un matelas, une bonne nuit de sommeil, et fraîche et pimpante le lendemain matin !

L’impact négatif sur ma vie ? Ça coûte cher, trop cher ici à Maurice ! Une petite recherche sur Internet me le confirme. Le prix du cannabis ici est bien plus élevé que dans tous les pays développés ou en voie de développement que j’ai pu trouver en ligne. C’est un choix de vie. Je peux me le permettre. Mais j’aurais préféré payer moins cher et acheter d’autres choses pour mes proches et moi, mais bon, les lois du marché criminel ne me laissent pas le choix. Le plus grand risque ici pour moi ? La police, la prison, un casier judiciaire. Ni plus,  ni moins.

Alors, pourquoi ils n’arrêtent pas de nous faire chier tous ces «experts» qui n’y connaissent rien ? Le cannabis rend mou et endort les gens ? Certains peut-être. Pas moi. Pas tous les professionnels que je vois activement contribuer à l’économie du pays autour de moi. Les théoriciens cherchent des raisons à la consommation du cannabis : Peer pressure, low self-esteem, etc. Moi, j’ai commencé à fumer du cannabis par simple curiosité dans ma jeunesse. Mais pourquoi on ne nous demande pas à nous, adultes responsables, pourquoi nous fumons toujours du cannabis ? Le cannabis est agréable et me procure des moments de relaxation. Je ne comprends pas tellement tout le remue-ménage autour de cette question d’ailleurs. À croire que c’est profondément mal de chercher à se sentir bien, en paix et de  bonne humeur.

Le cannabis ne m’a jamais mené vers d’autres drogues comme l’héroïne et c’est la même chose pour tous ceux que je côtoie. Je ne suis pas non plus une malade qui nécessite une désintoxication et une réinsertion parce que je suis justement déjà très insérée dans la société. Je ne cherche pas à me «désintoxiquer» du cannabis car il me procure des choses positives, et je n’ai pas prévu d’arrêter ma consommation. Bien au contraire, j’espère pouvoir, si la loi le permet d’ici-là, avoir quelques plants de cannabis pour occuper ma retraite.

Je suis une fumeuse de cannabis depuis 20 ans. Je vais parfaitement bien. C’est possible. C’est comme ça pour la plupart de ceux qui consomment du cannabis. Que vous le vouliez ou non, j’estime que mon point de vue a le mérite d’être entendu, car il représente sans doute le point de vue de la plupart des consommateurs de cannabis  chez nous.

 

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