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L’utopie d’un vrai système démocratique

15 avril 2016, 09:22

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L’utopie d’un vrai système démocratique

 

Est-ce que le système politique mauricien est un système démocratique ? La réponse affirmative à cette question paraît évidente, si nous comprenons par système démocratique, le droit de vote et a la liberté d’expression. Posons la même question sur la démocratie autrement, et je vous invite à la répondre avec le plus grand sérieux : Est-ce que le peuple (vous et moi) a le pouvoir décisionnel de : proposer et voter les lois, choisir le mode de développement économique du pays et débattre sur les questions éthiques du pays. Sous cet angle on dirait que «non».

Bien sûr, vous me direz que les personnes qui ont ce pouvoir décisionnel, l’ont obtenu des votes de la majorité de la population. Si tel est le cas (et c’est un fait), les élus à l’assemblée parlementaire représentent leurs votants. On est donc d’accord qu’on est plutôt dans un système de représentation plutôt que démocratique. Le schéma suivant démontre le positionnement de la représentation dans les différents modes politiques. (tableau 1)

Le système de représentation serait donc un amalgame d’aristocratie et de démocratie. Le positionnement de la représentation sur l’échelle entre l’aristocratie et démocratie dépend du degré de participation du peuple dans le processus de prise de décision. Selon moi, le degré de participation du peuple dans le processus décisionnel serait comme suit (à être confirmé ou contredit par des recherches/sondages dans le domaine). (tableau 2)

J’ai choisi de le positionner comme cela suivant les observations suivantes : les points qui le rapprochent de la démocratie. Il y a un degré de lobbying venant des syndicats, des groupes socioculturels et de patrons sur les décisions. Les opinions de la presse influencent les décisions. Les opinions de la société civile via les médias influencent jusqu’à un certain degré les décisions.

Les points qui le rapprochent de l’aristocratie : Les élus votent de nouvelles lois suivant, principalement, le party line. Dans ce cas, les élus démontrent plus leur allégeance au parti qu’ils représentent au lieu du peuple qu’il doit par essence représenter. Les débats parlementaires ne sont pas publics. L’orientation économique est décidée dans le groupe. Les sujets sensibles comme l’avortement et la peine de mort sont proposés pour être votés à vote secret.

Conclusion : Notre système politique à Maurice est «aristocratique par représentation » et non démocratique. Les caractéristiques d’un système aristocratique représentatif sont comme suit : Les élus se sentent investis d’un pouvoir et non d’un devoir. On entend bien dire que le parti X est au pouvoir et que l’opposition est en quête de pouvoir. Les élus se sentent les meilleurs et le drame est que le peuple les juge en tant que tel. Les déceptions sont souvent fréquentes à ce propos. Les citoyens ont souvent l’impression que leur voix n’est pas prise en considération, d’où les tensions et révoltes. Durant les élections, les électeurs votent plutôt contre un parti que pour un autre.

Ce serait quoi la situation idéale ? Le plus acceptable serait que la représentation se rapproche plus de la démocratie. (tableau 3)

Pour arriver à cet objectif, deux pistes peuvent être considérées : Les partis affichent leur orientation politique (Conservateur, Libérale, communiste, écologiste…). Cette approche était et est toujours adoptée dans bien des pays. Il a l’avantage de représenter sur le plan économique et social la majorité du peuple. Mais le plus grand désavantage de ce système est que la minorité qui a voté autrement se sent marginalisée. Je représente ce système comme suit. (tableau 4)

Dans ce système, c’est un groupe de politiciens qui a pensé, ou est influencé par des penseurs, pour choisir un modèle de société. De là, les lois sont proposées et la direction économique est proposée. Le peuple, connaissant le modèle de société proposé, a le choix d’adhérer ou pas.

Les citoyens sont partie prenante dans le modèle de société. Leur vision de la société influence le système économique, qui ensuite se base sur un système judiciaire adéquat. Pour l’implémenter, c’est là que les politiciens entrent en jeu. Les politiciens sont choisis suivant leurs compétences à mettre ce choix à exécution. La pyramide est donc inversée. (tableau 5)

Est-ce utopique ? Je crois que non, car bien des aspects de la société civile ont changé ou évolué par rapport aux années précédentes : le pourcentage des personnes éduquées a considérablement augmenté. Grâce à l’internet, les informations circulent plus librement et rapidement. Grâce aux réseaux sociaux, les opinions peuvent être proposées et débattues en public.

Je vois dans le système suisse un rapprochement au système proposé. Là-bas, le système propose un référendum par mois pour des sujets civils : les votations. Les débats sont organisés en public et la population a l’opportunité de choisir son camp. Donc, les sujets émanent de la société civile, sont débattues et votés par elle-même. C’est un système démocratique.

Sommes-nous prêts à adopter un tel système ? Oui, si nous avons la volonté de le faire. Il est impératif de réunir les ingrédients suivants : que les jeunes apprennent à penser (une réforme de la pensée s’avère être la priorité). L’enseignement de la philosophie dès le plus jeune âge serait donc salutaire. La presse sera appelée à être un aspect important dans la fédération des idées de la société civile. Ici, la presse doit se réinventer, pour ne plus jouer un rôle de facteur, mais plutôt un rôle de modérateur. L’organisation de débats, de conférences philosophiques… Que le système de l’information dans le gouvernement soit numérisé et accessible à tout le monde.

Je suis sûr qu’il existe d’autres aspects pour son implémentation, et qui peuvent être sujet à discussion. Tout le monde est d’accord sur le fait que pour pouvoir progresser, la créativité est la pierre angulaire. Mais qui dit créativité dit rupture avec un modèle en place. Osons donc, faire la rupture de ce système politique et osons autre chose. L’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain.

 

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