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Les Salines, patrimoine en danger
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Les Salines, patrimoine en danger

Hier le Musée de la photographie, aujourd’hui les Salines, demain le phare d’Albion, après-demain le Morne. Est-ce le sort qui est réservé à nos vestiges du passé ?
J’apprends par les réseaux sociaux que les Salines de Tamarin sont menacées par un projet de création d’un centre commercial et d’un IRS.
Chers amis mauriciens, vous ne pouvez pas laisser faire ce crime contre votre patrimoine historique, culturel et naturel ! Il est temps pour le peuple mauricien de se ressaisir et de prendre en main le schéma de développement du pays.
Ne cédez pas aux violons de la grande distribution. Elle ne fait que détruire les emplois du commerce et les prolétariser. Elle a irrémédiablement enlaidi les abords des villages français, dans un pays où pourtant la protection du patrimoine est élevée au rang de religion. Elle va de pair avec une sujétion au «tout bagnole», qui isole les pauvres et les personnes âgées, en détruisant le commerce de proximité.
Croyez-vous que les touristes viendront à Maurice pour vos Bagatelle et autres La Croisette ? Ceux qui aiment le shopping préféreront toujours Dubayy ou Singapour, sur lesquels Maurice ne pourra jamais s’aligner. Ceux qui viennent pour l’âme mauricienne déplorent déjà sa perte d’identité, et le béton le plus hideux qui s’étend comme une maladie.
Hier le Musée de la photographie, aujourd’hui les Salines, demain le phare d’Albion, après-demain le Morne... Vous le savez, l’avidité de ceux qui ont le pouvoir et l’argent n’a pas de limite. Vos racines et votre histoire n’ont pas de valeur pour eux. C’est à vous de les défendre. Comment se fait-il que ce site des Salines ne soit pas encore classé monument historique ?
Un autre développement est possible. Le sel de Tamarin est un produit artisanal, héritier d’une tradition venue de loin, comme vos ancêtres. Sa valeur est patrimoniale, elle est aussi économique et écologique. C’est un produit local consommé localement, riche de sels minéraux excellents pour la santé. Voulez-vous vraiment consommer demain un produit importé à grands frais, issu de l’industrie, et traité chimiquement pour supporter le voyage et le stockage ?
La grande distribution en déterminera le prix de vente, et vous n’aurez plus à consommer qu’un produit sans valeur, acheté quatre ou cinq fois son prix réel et dont le coût dépendra de celui du kérosène. La fleur de sel de Tamarin devrait être sur toutes les cartes des restaurants et hôtels chics de Maurice, comme un produit à haute valeur gastronomique. C’est le cas en France pour le sel de Guérande, produit de terroir qui avait bien failli disparaître dans le gouffre béant de la modernité. Aujourd’hui, ce produit a revitalisé toute une région. Cela prouve qu’un autre développement est possible que celui qu’on vous impose.
Les Salines, c’est un produit, c’est aussi un paysage où la pierre, la main de l’homme et la lumière se marient merveilleusement. Ce n’est pas pour rien qu’on y fait des photos superbes qui figurent en bonne place dans toutes les brochures touristiques. Vous devez aller plus loin que leur simple conservation. Vous devez les mettre en valeur, refuser que n’importe quoi soit construit à proximité (comme c’est déjà le cas), en aménager les abords, veiller à leur propreté... Le premier des droits humains, c’est de pouvoir poser les yeux sur la beauté du monde. Pouvez-vous tolérer que demain les petits et les pauvres de votre nation en soient privés, tandis que les nantis de la planète viendront s’enfermer dans des jardins splendides et fermés aux regards ?
J’espère de tout coeur que ce projet funeste sera l’occasion d’une prise de conscience et qu’il ne verra jamais le jour.
Je pense que comme moi, beaucoup d’amoureux de l’île Maurice sont prêts à vous soutenir pour l’empêcher, et je vous remercie d’avance d’être les gardiens de ce lieu unique.
Amitiés de France.
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