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Liberté, quand tu nous tiens!

25 août 2014, 08:22

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Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.» – extrait de The friends of Voltaire de S. G. Tallentyre.

 

Sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, on peut dire que Maurice est entrée dans une sacrée danse depuis samedi. Certains se retrouvent même au beau milieu de la piste ne sachant plus à quel saint se vouer. Les conversations s’affolent à chaque coin de rue quand s’affrontent les deux écoles de pensée. L’une approuve la démarche, l’autre la condamne.

 

Dans ce séga effréné il est impossible de blâmer qui que ce soit car chacun défend ce qu’il croit être juste. Ce qui est sûr cependant c’est que cet épisode a éveillé un débat des plus importants pour la survie de cette noble dame appelée Démocratie. Ce débat oppose d’un côté la liberté de la presse, ou le droit à l’information qui appartient au citoyen, et de l’autre le droit à une vie privée.

 

On se retrouve dans une situation que les juristes qualifieront de «conflit de normes». La question qui se pose aujourd’hui est si notre Premier ministre ne dispose pas de ce droit à une vie privée, si ce fameux article 22 du Code civil ne s’applique pas au citoyen qu’il est avant tout. D’une façon vraiment simpliste, la réponse est OUI ! Cependant sa fonction d’homme d’État, élu par le peuple, lui attribue un devoir de transparence.

 

Avec la démocratie (qui ne cesse d’ailleurs d’être mise en avant par nos chers politiciens de tous bords) vient la liberté d’expression, et avec cela la liberté de la presse. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a même été jusqu’à qualifier la presse de «chien de garde» de la démocratie. Souvent qualifiée de quatrième pouvoir elle fournit à l’opinion publique l’un des meilleurs moyens de juger les idées et attitudes de ses dirigeants. Le droit d’un citoyen d’être informé sur tout fait d’intérêt public, selon la CEDH, constitue une caractéristique majeure de la société de droit.

 

Pour faire simple, le comportement d’un chef d’État (peu importe qu’il soit dans l’exercice de ses fonctions ou pas) se trouve être d’intérêt général, le citoyen a le droit de savoir. Celui-ci est accompagné de la liberté d’en faire ce qu’on en veut. C’est dans cette subtilité que se trouve toute la beauté de la chose. Loin de moi l’idée de vouloir défendre ce que les Anglais appellent la Gutter press (presse à scandale). Ma démarche tend plutôt à souligner que sans presse libre, notre démocratie, qui nous permet de lever le menton et dire que «nou dan enn pei demokratik !» ne tiendra qu’à un fil.

 

La chose à retenir pour moi dans cet épisode n’est pas ce que l’on a eu le «plaisir» d’entendre sur nos ondes, ni les allégations d’agenda caché ou de coup bas, ni que notre Premier ministre «konn pik sega», ni que le site web de La Sentinelle soit en construction quand une députée rouge a essayé d’y accéder pour trouver la liste des membres du board of directors. Les faits que voulait démontrer l’express sont à la portée de tous, et ce que je décide d’en faire est un choix qui n’appartient qu’à ma petite personne. Prenons garde au laisser-aller vers une culture de médiocrité qui fait le jeu de quelques-uns et qui laisse notre patrie «lor coltar».

 

Comme l’a dit un certain Jean-Paul Sartre : «Est-ce bien nuire aux gens que de leur donner la liberté d’esprit ?»

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