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Gaëtan Abel : «Le National Arts Fund a réalisé ses objectifs en six ans»

18 juin 2025, 13:30

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Gaëtan Abel : «Le National Arts Fund a réalisé ses objectifs en six ans»

Gaëtan Abel, artiste, ex-président du comité de gestion du National Arts Fund et du Professionals in the Art Council

🟦 Rappelez-nous quand et pourquoi vous avez soumis votre démission en tant que président du «National Arts Fund» (NAF) et à la présidence du «Professional in the Arts Council» ?

Après une écrasante victoire du nouveau gouvernement aux élections générales, je me suis dit que je devais démissionner des deux postes, parce que j’avais été nommé par l’ancien gouvernement. C’est une question de principe : je ne peux pas rester en poste quand il y a un nouveau gouvernement qui est là et qui doit mettre en place sa politique pour les arts et la culture, comme il en avait fait mention dans son manifeste électoral, et que probablement il a d’autres ressources. J’ai donc soumis ma démission quelques jours après les élections.

🟦 Que faites-vous maintenant et comment voyez-vous votre avenir ?

Dorénavant, je vais me concentrer beaucoup plus sur ma vie artistique, que je n’ai pas exercée depuis que j’ai été nommé président du NAF, parce que là aussi, c’est une question de principe. Je voulais rester à l’écart des activités personnelles et me consacrer uniquement à la position que me conférait cette responsabilité. Et maintenant, je suis plus disposé et disponible à faire ce que j’ai envie de faire en termes artistiques.

🟦 Savez-vous si le NAF était toujours en fonction après votre démission ? Et pouvez-vous nous dire quand le dernier fonds a été déboursé ?

Je pense que oui, parce que les opérations du NAF étaient on-going, car après que les projets des artistes ont été validés, le déboursement des fonds se faisait progressivement. Donc il était tout à fait normal que le NAF ait continué à fonctionner après ma démission, pour permettre aux artistes dont les projets avaient été validés de les compléter. Et je ne sais pas quand le dernier fonds a été déboursé. Par contre, le dernier appel s’est fait en 2023, et nous avions enregistré un record dans les applications. Cela nous a pris beaucoup de temps pour évaluer les projets, et les résultats des évaluations avaient été rendus en mai 2024. En 2024, il n’y a pas eu d’appels à projets.

🟦 Qu’en est-il du «Professionals in the Art Council ?»

Ce comité avait été mis sur pied dans le sillage de la Status of the Artist Act en juin de l’année dernière. Il avait pour but, entre autres, de répertorier et de catégoriser les artistes. Mais je ne peux pas faire de bilan de ce council, car il venait d’être constitué, soit quelques mois avant les élections générales. Toutefois, la Status of the Artist Act est quelque chose de très important. C’est même prioritaire, car les artistes attendent sa mise en pratique.

🟦 **En tant qu’ancien président du NAF, quel est votre sentiment par rapport à sa cessation ? **

Le NAF faisait partie des mesures du Budget 2017- 18. Il a été mis en opération en 2018. Le gouvernement d’alors lui avait alloué un fonds de Rs 50 millions. Mais ce n’était pas renouvelable tous les ans. Donc, chaque année d’opération, nous puisions dans ces Rs 50 millions. Je ne sais pas combien de cette somme a été utilisée. Autant que je me rappelle, je pense qu’on s’est approché de ces Rs 50 millions à la fin du dernier appel. Donc, si le fonds est épuisé, je peux comprendre sa cessation.

🟦 Qu’en pense l’artiste que vous êtes ?

Ce serait définitivement dommage d’arrêter ce fonds, car le NAF a quand même permis à plus d’une centaine d’artistes de réaliser leurs projets artistiques. Beaucoup d’artistes nous ont dit qu’ils n’auraient jamais pu réaliser leurs projets sans le soutien financier du NAF. Maintenant, attendons de voir quel mécanisme le gouvernement mettra en place, mais ce serait dommage d’arrêter un soutien pareil. Dans le cadre du ministère des Arts et de la culture, il y a des aides aux artistes, mais le projet du National Arts Fund avait comme objectif de permettre aux artistes, quelle que soit la discipline dans laquelle ils œuvrent, de venir avec un projet artistique, soit de réaliser leur rêve. Les projets qu’on a reçus et approuvés viennent justement confirmer tout cela. Parce que c’était de gros projets. Cela concernait autant les artistes établis que des jeunes qui voulaient s’exprimer à travers leur art. C’est vraiment important pour un pays que ces artistes puissent réaliser leurs rêves.

🟦 Pouvez-vous en faire le bilan ?

Le NAF, ce n’était pas qu’un soutien financier, c’était aussi un encadrement à la réalisation des projets. C’est ce que j’avais en tête quand j’ai mis ce mécanisme en place avec l’équipe que j’avais. Parce qu’un artiste n’est pas un administrateur. C’est un créateur. Il fallait vraiment une plateforme, un encadrement pour qu’ils puissent réaliser leurs projets. Et cela, je pense, en toute modestie, qu’en six ans, on a réalisé cet objectif.

Il y a un réel besoin de soutien financier pour les projets artistiques. Tout laissait croire que ce fonds allait continuer, parce que c’était vraiment une réussite en termes de soutien aux artistes. Pour nous, qui gérions ce fonds, nous ne pensions à aucun moment que cela allait s’arrêter, parce que le travail qu’on faisait avait sa raison d’être. Mais c’est vrai que, du point de vue administratif, le gouvernement, même l’ancien régime, aurait pu dire : «On vous a donné Rs 50 millions, vous les avez utilisés, maintenant on passe à autre chose.» Je ne sais pas. Toutefois, ce que je peux dire, c’est qu’à chaque appel à projets, il y avait un réel intérêt des artistes. Le dernier appel a été un record. À chaque fois, le nombre de projets augmentait. Les artistes attendaient les appels à projets. Ils se préparaient et nous envoyaient des projets bien ficelés. Après le Covid, nous ne pouvions plus lancer trois appels par an, car il fallait du temps pour évaluer les projets.

🟦 Pendant ces six ans, quel est le médium artistique qui en a le plus bénéficié ?

Vous savez, c’est assez étonnant. En fait, quand le fonds a été constitué, je pensais personnellement que les artistes dans le domaine de la musique auraient montré beaucoup plus d’intérêt. Mais au fil des différents appels à projets, ce sont les arts plastiques, suivis du cinéma, qui étaient parmi les plus nombreux à bénéficier de ce fonds. Ils sont venus avec des projets artistiques très intéressants. Le NAF disposait de plusieurs catégories de bénéficiaires, soit pour ceux qui débutaient, pour les artistes établis, et aussi pour la recherche, entre autres. Après la pandémie, nous avons aussi élargi les catégories, parce qu’on sentait que la Digital Art prenait de l’ampleur. Et c’est dans la catégorie Established artists que nous avions le plus de demandes, ce qui était normal, car ils attendaient ce type de soutien.

🟦 Dans le Budget, il est fait mention de la création d’une «National Open Arts Commission». Qu’en pensez-vous ?

Je crois que c’est cette commission qui va déterminer les actions futures de ce présent gouvernement, c’est-àdire sur quel axe il va donner la priorité, quel genre de fonds il va mettre en place, entre autres. C’est vrai que nous n’avons pas beaucoup de détails concernant cette commission, et je me demande combien de temps cela va prendre pour la mettre sur pied. Je crois que le souhait de tout le monde, c’est que cela se fasse le plus vite possible. Les artistes attendent beaucoup de ce gouvernement, qui a connu une grande victoire aux élections générales. Je note aussi qu’ils vont revoir les procédures administratives relatives à l’organisation de festivals et de concerts. Les artistes ont beaucoup souffert de cette situation dans le passé, et je trouve que cette mesure va répondre à leurs attentes.

🟦 Si un fonds pour aider les artistes devait être de nouveau mis sur pied, devrait-il se calquer sur le NAF ? Et quelles seraient les améliorations à apporter ?

Le reproche récurrent que le NAF a eu, c’était qu’on tardait trop, que ce soit pour donner les résultats des évaluations ou alors pour le déboursement des fonds. Donc je dirais que le côté administratif demande à être amélioré pour que le travail se fasse au mieux. La limite de fonds que nous déboursions était quand même conséquente, soit de Rs 800 000. Donc il fallait mettre en avant les pratiques de bonne gouvernance et de rigueur pour que tout se fasse dans la transparence. C’est cela aussi qui prenait du temps, ainsi que l’évaluation des projets, et nous tenions à ce que ce soient des projets de qualité.

🟦 Terminons sur une belle note. En tant qu’artiste, sur quoi travaillez-vous ?

Ça reste toujours dans le domaine de la pensée pour le moment. On me connaît surtout pour les ballades et les chansons à texte. Pour les chansons à texte, cela ne changera pas. Je ne peux pas me séparer de cela. Mes textes toucheront toujours aux choses de la vie sociale. Mon objectif, en tant qu’auteur, compositeur, interprète, a toujours été de promouvoir notre langue et de montrer sa valeur à travers la poésie.

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