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Questions à…
Gabriella Batour : «Mon mot d’ordre est : “Être au service des autres”, mais comment le pouvons-nous quand nous n’avons pas de moyens ?»
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Questions à…
Gabriella Batour : «Mon mot d’ordre est : “Être au service des autres”, mais comment le pouvons-nous quand nous n’avons pas de moyens ?»

Gabriella Batour, mairesse de Beau-Bassin – Rose-Hill.
🔹 Cela fait deux semaines que vous avez prêté serment en tant que mairesse de Beau-Bassin – Rose-Hill. Quel est le premier dossier auquel vous vous êtes attelée ?
Avant même d’être officiellement en poste, nous avons effectué une visite des lieux vendredi et le lundi précédant la prestation de serment. Le premier dossier a donc été de faire connaissance avec les lieux, de comprendre leur fonctionnement. Il était important pour nous de faire un constat de chaque département, d’examiner les infrastructures et d’identifier les principaux problèmes. Nous avons déjà noté un manque de personnel.
J’avais prévu un planning précis pour analyser tous les dossiers en cours, mais j’ai perdu mon père lundi dernier, ce qui a tout freiné. Malgré le deuil, nous avons tenu le premier conseil et nommé les membres des comités. J’ai ainsi pu toucher un peu à tout. Actuellement, je mets le bien-être de la ville avant un deuil qui me touche beaucoup.
Le comité Bien-être s’est réuni et toutes les demandes, comme celles pour la location de chaises, ont été prises en compte. Hier, nous avons célébré la Fête des Mères au sein de la municipalité. La veille, j’avais tenu à rencontrer un maximum de mandants, et depuis hier, tous les comités ont pu commencer à se mettre en place et à devenir opérationnels. Les conseillers apportent leurs idées et nous travaillons en synergie.
🔹 Vous parlez d’un manque de maind’œuvre. La municipalité a-t-elle été affectée par les licenciements dans les collectivités locales ?
Nous sommes assurément en souseffectif. Les licenciements ont principalement concerné les ouvriers manuels. Une centaine de personnes ont été concernées. Les recrutements sont désormais du ressort du ministère des Collectivités locales.
Ce qui nous manque surtout, ce sont les employés de bureau et les welfare officers. Nous avons 21 centres sociaux, chacun censé être géré par un welfare officer. C’est indispensable pour garantir aux citoyens un accès à un centre sûr et fonctionnel. Les recrutements se poursuivent jusqu’en juin. Nous espérons que ces postes trouveront preneur d’ici août.
🔹 Vous disiez dans votre discours que vous vous attendiez à un vaste chantier. Maintenant que vous y êtes, quel est votre constat ?
J’étais consciente de la situation, mais je pense que beaucoup de choses auraient pu être faites plus tôt. Une bonne structure et une méthode de travail auraient produit des résultats. Les doléances n’ont pas été suivies. Il faut des objectifs clairs et une stratégie pour faire avancer les choses. Je remercie tous ceux qui travaillent ici et donnent le meilleur d’eux-mêmes. C’est une fourmilière où chacun a son rôle à jouer.
🔹 Quels sont les problèmes les plus souvent soulevés par vos mandants ?
De nombreux citoyens se plaignent de la présence de personnes sous l’influence de drogues ou d’alcool dans les espaces publics. Ce sont des personnes en souffrance, mais il faut aussi que les autres puissent profiter de ces lieux en toute sécurité. Le manque de sécurité dissuade les gens de pratiquer des activités sportives, ce qui alimente indirectement le fléau. C’est un cercle vicieux. J’ai à cœur la concertation : les personnes concernées sont souvent les mieux placées pour proposer des solutions.
🔹 Existe-t-il des comités de quartier ?
Nous voulons relancer ces comités. Chaque conseiller travaillera dans son ward. Ces structures sont essentielles pour faire le lien entre l’administration et les habitants.
🔹 Vous avez également évoqué l’insalubrité. Quelles sont vos actions prévues ?
Des opérations de ramassage ont déjà lieu. La semaine dernière à Barkly, nous avons constaté un manque d’équipements : les éboueurs travaillent parfois sans gants ou avec des bottes inadaptées, ce qui est dangereux. Dire qu’il n’y a pas d’autres fournisseurs n’est pas une solution. Il faut chercher des alternatives. Nou pa problem maker, me problem solver.
🔹 L’irrégularité du ramassage, les déchets encombrants ou verts sont des problèmes récurrents. Quelles solutions proposez-vous ?
Un projet national sur le tri des déchets est en cours. Les déchets verts peuvent être transformés en compost et revendus aux planteurs. La réussite de ce projet repose aussi sur la sensibilisation. Nous avons 21 centres sociaux, mais peu d’activités. Il faut s’en servir pour faire de la conscientisation, notamment via les réseaux sociaux. Ce matin, nous avons également inspecté le garage municipal : un rapport sur l’état des camions est attendu.
🔹 Que constatez-vous concrètement concernant les camions ?
La municipalité dispose de trois camions et sept autres hors site mais nécessitant réparation. Nous avons pu réparer un camion en utilisant une pièce d’un autre véhicule. Il nous faut trouver d’autres fournisseurs pour les pièces de rechange. Je suis convaincue que c’est possible.
🔹 Et sur le plan financier ?
(Soupir) À ce jour, les rapports indiquent que nous avons besoin de soutien. Attendons le Budget.
🔹 Il était question d’un déficit de Rs 13 M. Comment comptez-vous gérer cela, surtout avec le manque de personnel et de matériel ?
Le déficit est réel. Comment faire ? Mo pa dir desabiy Pierre pou abiy Paul, parski lerla ki ou al trouve ki Zak pena soulie. Il faudra décomposer les postes de dépenses et analyser où faire des économies, par exemple en utilisant moins de papier et en numérisant davantage. Ce ne sera pas suffisant pour combler les Rs 13 millions, mais ce sera un début. Le comité financier examinera tout cela en détail. «Être au service des autres», oui, mais encore faut-il avoir les moyens.
🔹 Les municipalités dépendent souvent du gouvernement. Avez-vous d’autres pistes pour financer vos projets ?
Nous sommes en discussion avec plusieurs entreprises prêtes à collaborer. Cela crée une société participative. Nous avons aussi des artistes et sportifs de talent à Beau-Bassin – Rose-Hill. Pourquoi ne pas mettre en place des systèmes de parrainage ? Il faut des projets solides pour attirer des sponsors.
Nous travaillons également avec les ministères. Nous avons une équipe dynamique : le Deputy Prime Minister Paul Bérenger, le junior minister Sydney Pierre, et le ministre des Sports, Deven Nagalingum. Lundi, nous avons rencontré la nouvelle ambassadrice de Chine. Nous sommes jumelés avec Changzhou, une ville chinoise qui nous a aidés, notamment via des bourses d’études pour les jeunes. Il faut exploiter ces relations. D’autres jumelages sont possibles, par exemple avec Rodrigues ou les Seychelles.
🔹 Et le Plaza?
J’ai reçu un rapport à ce sujet. Le verdict est tombé, mais je dois encore étudier le dossier en profondeur. Nous y reviendrons très prochainement.
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