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Meurtre de Bibi Nawsheen Chady à St-Pierre

«Elle serait encore en vie si la police avait agi», pleurent ses proches

11 juillet 2025, 07:00

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«Elle serait encore en vie si la police avait agi», pleurent ses proches

■ Les différentes unités de la police sur les lieux du meurtre de Bibi Nawsheen Chady (en médaillon), hier.

Hier, un féminicide a bouleversé Cemetery Road, à St-Pierre. Bibi Nawsheen Chady, 37 ans, a été tuée dans des circonstances violentes. Son époux, Safwaan Chady, 38 ans, a été arrêté peu après le drame. La victime, mariée depuis 14 ans, laisse derrière elle deux enfants : un garçon de 12 ans et une fille de 11 ans.

Pour la famille Eckburally, ce drame était évitable. Les alertes avaient été données. Les signes étaient là. Et l’inaction des autorités résonne aujourd’hui comme une douleur supplémentaire. Dès hier matin, le jour du crime, les parents de Bibi Nawsheen ont alerté la police. Raffick Eckburally, son père, raconte s’être rendu au poste de St-Pierre à 9 h 30 : «On leur a expliqué ce qui s’était passé la veille, qu’il avait frappé ma fille, et même sa propre mère. Ils nous ont répondu qu’ils ne pouvaient rien faire, que seule sa femme ou sa mère pouvait porter plainte. Mais il avait déjà agressé deux personnes.»

Mercredi soir, Safwaan Chady avait, en effet, déjà commis des actes violents. La police était intervenue au domicile, mais aucune arrestation n’avait suivi. Hier matin, malgré les mises en garde de ses proches, Bibi Nawsheen avait accepté de retourner chez elle après avoir reçu un appel de son mari. Elle avait passé la nuit chez ses parents, en sécurité, mais elle était repartie seule.

«Li pou touy li. Ale vit»

Vers 13 heures, le frère de Safwaan, en consultant les images des caméras de surveillance à distance, a vu son frère en train d’agresser violemment Bibi Nawsheen. Il a aussitôt appelé la famille : «Sarfwaan pe bat to ser. Li pou touy li. Ale vit.» Mais il était déjà trop tard. La mère de la victime et d’autres proches ont accouru, découvrant une scène insoutenable.

Après le drame, la mère de la victime s’est précipitée auprès des deux enfants, restés seuls au domicile. En état de choc, les enfants avaient compris, en silence, l’ampleur de ce qui venait de se passer. Aujourd’hui, ils sont pris en charge par leur famille maternelle. La grand-mère, dévastée, regrette amèrement l’inaction des forces de l’ordre. Elle estime que si une intervention ferme avait eu lieu après les premières agressions, sa fille serait encore en vie.

Selon les proches, le couple n’avait pas connu de tensions majeures jusque-là. Leur vie a basculé lorsque Safwaan Chady a sombré dans la dépendance. Il enchaînait les petits boulots, notamment comme chauffeur de van, tandis que ses parents vendaient des légumes au marché. Son comportement se serait profondément dégradé ces derniers mois.

Après la découverte du corps, plusieurs unités de la police sont intervenues : la Criminal Investigation Division, le Scene of Crime Office et la police locale. Une mobilisation qui contraste, selon la famille, avec l’inaction des heures précédentes. «Ils sont venus en nombre après le drame. Mais le matin, quand il fallait empêcher le pire, ils ont dit que ce n’était pas à nous de porter plainte.»

Les proches de Safwaan Chady, de leur côté, se sont refusés à tout commentaire. L’enquête se poursuit pour établir les faits. Mais pour la famille Eckburally, le sentiment est clair: ce meurtre aurait pu être évité.

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