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Entretien
Ehsan Juman : «Mo demann bann baron aret touy nou bann zanfan»
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Entretien
Ehsan Juman : «Mo demann bann baron aret touy nou bann zanfan»

Ehsan Juman, député de la circonscription numéro 3 (Port-Louis maritime/Est)
Vous avez été élu en tête de liste lors des dernières élections dans votre circonscription. Était-ce un moment fort pour vous ?
Je remercie les Mauriciens pour leur confiance. Ce n’est pas seulement moi qui suis arrivé en tête de liste, mais l’ensemble des 60 candidats de notre parti qui ont été élus. Nous avons remporté une victoire historique, 60-0, et la population nous a clairement désignés pour diriger le pays.
Nous avons hérité d’un pays en grande difficulté, bien au-delà de ce que certains prétendent. Il ne s’agit plus d’un secret : il faut un nettoyage en profondeur. Aujourd’hui, notre engagement sur le terrain et notre sincérité ont primé. La population nous a accordé sa confiance, et c’est ensemble avec elle, mais aussi avec la presse et la diaspora, que nous allons œuvrer pour sauver notre pays. z
Lors de la désignation des candidats, il y a eu des sacrifices. Vous n’avez pas été nommé ministre. Comment avez-vous accueilli cette décision ?
Je ne sais pas ce que vous sous-entendez par le fait que je sois «juste» député. Être député est une immense responsabilité, car nous représentons le peuple à l’Assemblée nationale. C’est un honneur que je reçois humblement. Le simple fait que le leader, Navin Ramgoolam, m’ait accordé un ticket pour être candidat est une grande reconnaissance. Il est normal qu’il y ait des sacrifices. Avant même d’être candidat, chaque membre passe par un processus de sélection rigoureux. Le choix des ministres est difficile pour le Premier ministre, mais je suis convaincu qu’il a pris les meilleures décisions. Chacun a son rôle à jouer dans ce gouvernement.
Vous étiez actif sur le terrain bien avant les élections, notamment en révélant certaines affaires. Depuis votre élection, êtes-vous encore plus sollicité ?
Absolument. Mon travail commence dès 6 heures du matin et ne se termine parfois qu’à 23 heures, voire 2 heures du matin. Je reçois en moyenne 200 appels par jour et j’ai des milliers de messages non lus. Il est parfois impossible de répondre à tout le monde immédiatement, mais je fais de mon mieux pour gérer les priorités. Même tard le soir, je prends le temps de lire les messages pour aider au maximum. Nous sommes un nouveau gouvernement et la population a de grandes attentes. C’est un travail d’équipe avec mes collègues, et nous faisons tout notre possible pour répondre aux demandes.
Une vidéo vous montrant en train de faire une descente dans une maison où des jeunes consommaient de la drogue a circulé récemment. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’était une initiative spontanée. Il n’y a plus de doute: nous avons hérité d’une situation extrêmement grave. L’ancien Premier ministre affirmait avoir laissé un pays en bon état, mais la réalité est tout autre. Ce pays était en ruines. Nous devons maintenant redresser la situation et sortir du gouffre où Pravind Jugnauth l’a laissé. Ce n’est pas un hasard s’il a été battu 60-0.
Si vous regardez le nombre de jeunes qui consomment de la drogue synthétique, vous comprendrez que ce problème ne date pas d’hier. Dans notre discours-programme, nous avons annoncé la création d’un comité parlementaire spécial, présidé par le Deputy Prime Minister Paul Bérenger, pour faire face à cette crise.
Dimanche dernier, après avoir vu des vidéos circuler sur les réseaux sociaux, j’ai été alerté par des jeunes de ma circonscription. Ils m’ont signalé une maison où des jeunes payaient Rs 50 ou Rs 100 pour entrer, consommer de la drogue et dormir sur place. Ce que j’ai découvert sur place était choquant : une douzaine de jeunes, parmi lesquels des fonctionnaires, totalement inconscients. L’un d’eux ne pouvait même pas parler et avait un bras complètement figé.
Mo pou fer tou pou sov sa bann zeness la.
Dès que j’ai quitté les lieux, j’ai immédiatement informé mon collègue, le ministre de la Santé, afin de mettre en place des solutions. Le combat contre la drogue est immense et nous devons tous y contribuer. J’encourage la population à dénoncer ces situations. Vos signalements seront anonymes. Nous avons besoin de votre aide.
Certains disent que seules les petites mains sont inquiétées et non les barons de la drogue. Que répondez-vous ?
Quand je suis entré dans cette maison, je ne savais pas qui s’y trouvait : un baron, un petit trafiquant ou un simple consommateur. J’ai parlé à tout le monde de la même manière.
L’autre soir, j’étais à un enterrement à Rose-Hill, à 23 heures. Un jeune père de deux enfants, mort d’une overdose. Un jeune avec un avenir prometteur. Cela m’a profondément touché.
Je lance un appel aux barons : arrêtez de tuer nos jeunes. Nous devons tous nous unir pour mettre fin à ce fléau.
Que pensez-vous du discours-programme du gouvernement ?
Ce n’est pas un simple discours-programme, mais une feuille de route pour l’avenir. Les résultats ne seront peut-être pas visibles dans deux ou trois ans, mais à long terme, ils bénéficieront à toute la jeunesse.
Nous allons mettre en place une réforme constitutionnelle. Savez-vous que cela fait dix ans qu’aucune élection municipale n’a eu lieu ? Récemment, je me suis rendu au marché central de Port-Louis après un incendie. On m’a dit que les extincteurs avaient été envoyés en révision… il y a sept ans ! C’est inacceptable. Nous devons garantir que les élections et la gouvernance fonctionnent normalement.
La santé n’a pas été oubliée dans notre programme. Un fast-track a été mis en place pour aider financièrement les personnes qui doivent se faire opérer à l’étranger.
Je me souviens aussi du rapport du FactFinding Committee, que l’ancien ministre de la Santé, Jagutpal, refusait de rendre public. Nous avons publié ce rapport parce que la population a le droit de savoir ce qui se passait sous l’ancien gouvernement.
N’oublions pas non plus les dérives de l’ancien régime : écoutes téléphoniques des citoyens, abus de pouvoir… Dès notre arrivée au gouvernement, nous avons mis fin à ces pratiques.
Concernant le 14e mois, nous avions annoncé des mesures, mais nous ne pouvions pas imaginer à quel point le pays avait été laissé dans un état catastrophique.
Un autre exemple marquant : lors d’une visite dans une école, j’ai rencontré un enfant sans chaussures. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m’a simplement répondu qu’il n’en avait pas. Il venait à l’école une fois par semaine, car il devait s’occuper de ses frères et sœurs.
Dans une autre école, Emmanuel Anquetil, j’ai découvert qu’ils n’avaient ni téléphone ni connexion Internet depuis plus de dix ans ! Comment peut-on priver ces enfants d’outils aussi essentiels ? J’ai immédiatement agi pour rectifier la situation.
Le leader du Reform Party a récemment remis en question le financement de ce programme. Quelle est votre réponse ?
Oui, j’ai vu cela. Mais il faut rappeler que nous avons hérité d’un pays laissé en ruine par le MSM.
Saviez-vous que l’ancien gouvernement avait construit un réservoir qui est aujourd’hui inutilisable ?
Avec une gestion transparente et une politique responsable, nous allons réussir à financer nos réformes et à redresser le pays.
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