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Eco-Sud et MRU2025 font état de l’urgence
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Eco-Sud et MRU2025 font état de l’urgence

■ Sébastien Sauvage (à g.) et Carina Gounden face à la presse, hier. 📸 © Vashish Sookrah
Le ton était fâché lors de la conférence de presse conjointe tenue par Carina Gounden, représentante de MRU2025, et Sébastien Sauvage, porte-parole d’Eco-Sud, hier. À la veille du Budget 2025-26, ces deux figures du militantisme écologique ont dénoncé la dégradation continue du littoral mauricien, l’absence de transparence dans les politiques environnementales, le bétonnage croissant et la marginalisation des communautés côtières.
Selon les chiffres avancés, sur les 322 km de littoral mauricien, seuls 48 km sont officiellement reconnus comme plages publiques, une conséquence directe de la montée des eaux et des projets d’aménagement non réglementés. «La dépossession progressive des Mauriciens de leur littoral est inacceptable. Lorsqu’un hôtel est rénové ou agrandi, il devrait reculer, ne pas s’étendre. Ce sont les plages publiques qui disparaissent au profit des intérêts privés», s’est insurgée Carina Gounden. Elle a réclamé une reconquête du littoral, une vision à long terme où l’État reprend la main pour protéger ces zones sensibles et une mise à terme de la logique de privatisation systématique «La côte mauricienne n’est pas à vendre. Il est temps de défendre l’intérêt collectif.»
Malgré quelques avancées, comme la participation de six organisations non gouvernementales dans les comités du ministère de l’Environnement et de l’Environmental Impact Assessment, elle a déploré l’absence d’un véritable plan d’aménagement du territoire tenant compte de l’urgence climatique et de la vulnérabilité des populations côtières. «On bétonne ce qui devrait rester vivant et partagé. Ce n’est pas seulement l’écosystème qu’il faut sauver; c’est le lien entre les habitants et leur territoire, leur identité, leur survie.» Elle a appelé à une gestion concertée du littoral, incluant un sentier côtier national garantissant un accès équitable, une politique ferme contre le greenwashing et une vision globale orientée vers la justice climatique et sociale.
Sébastien Sauvage a, quant à lui, exprimé son inquiétude vis-à-vis d’un policy paper qui vise à réguler les projets et techniques de restauration des écosystèmes coralliens. Eco-Sud a eu vent de ce projet qui pourrait élaborer sans réelle consultation des acteurs de terrain et redéfinir les modalités d’intervention sur le corail. Depuis 2018, Eco-Sud travaille sur des projets de restauration, notamment dans la zone de l’île-aux-Aigrettes. «Nous avons lancé des projets pilotes, mobilisé des communautés, travaillé avec l’United Nations Development Programme et le Mauritius Oceanography Institute, entre autres. Là, tout se décide sans nous.»
En août 2008, quelques mois après avoir lancé la vision de Maurice Île Durable, Navin Ramgoolam, Premier ministre actuel et de l’époque, avait déclaré : «Nous ne pouvons pas élaborer des politiques, prendre des décisions en ignorant le défi du réchauffement climatique, la crise énergétique et la protection de l’environnement. Nous ne pouvons pas détruire les conditions mêmes de notre survie.» Des mots qu’il avait énoncés à l’inauguration de la Vallée de Ferney. Ce rappel, Carina Gounden l’a fait pour exprimer son étonnement vis-à-vis l’annonce du projet M4. Sébastien Sauvage a dénoncé cette nouvelle autoroute qui relierait Forbach à la Vallée de Ferney en traversant Bel-Air. Cette construction va davantage détériorer les 2 % de forêts restants sur l’île. Il craint une destruction massive des écosystèmes, une pollution accrue et une artificialisation irréversible du territoire. Les militants ont ainsi fait un appel au Premier ministre de se souvenir de son propre engagement envers la durabilité et la protection de l’environnement à Maurice.
Le dernier point abordé par Sébastien Sauvage concerne la pratique de la nage illégale avec les dauphins et les baleines. Ces activités posent de graves problèmes pour la protection de la faune marine. Chaque année, de juin à octobre, les baleines viennent dans les passages migratoires autour de Maurice pour se reproduire et se nourrir. «Nou bizin fer zot feel an sekirite avek zot bann bebe e non pa menase», a-t-il déclaré. Il faudrait donc protéger leurs cachettes naturelles en mer et réglementer les activités nautiques qui puissent mettre leur vie en danger.
Face à l’urgence écologique, il est crucial que Maurice renforce ses politiques de protection, respecte ses écosystèmes et implique toutes les parties prenantes pour assurer un avenir durable et équitable pour ses littoraux et sa faune marine.
D. T. et N. M.
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