Publicité

Questions au…

Dr Kaviraj Sharma Sukon : «Nous voulons développer l’enseignement supérieur pour les adultes»

6 juin 2025, 14:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Dr Kaviraj Sharma Sukon : «Nous voulons développer l’enseignement supérieur pour les adultes»

Dr Kaviraj Sharma Sukon ministre de l’Enseignement supérieur, « Nous voulons développer l’enseignement supérieur pour les adultes »

Quel est le but du Sommet sur l’enseignement supérieur 2025 ?

J’ai le plaisir de m’exprimer à l’occasion du tout premier Sommet de l’enseignement supérieur 2025, qui se déroule du 4 au 6 juin à l’Auditorium MGI, à Moka. Ce sommet est une étape cruciale pour repenser l’avenir de l’enseignement supérieur à Maurice. J’insiste sur le fait que le secteur de l’éducation doit désormais cesser d’être négligé car la sécurité et la qualité de l’enseignement sont des priorités et le gouvernement place l’internationalisation au cœur de ses priorités. Il y a un groupe qui va pratiquer cela dans toutes les universités car c’est une démarche collaborative plutôt qu’imposée.

Pour atteindre ces objectifs, j’ai prévu la formation de sept comités consultatifs rassemblant universités, étudiants, chercheurs et employeurs. Ces groupes auront pour mission de faire des recommandations pertinentes afin de transformer l’enseignement supérieur à Maurice, en intégrant pleinement l’internationalisation dans la vision stratégique du pays. Le sommet représente ainsi une étape essentielle pour faire entendre toutes les voix et bâtir un avenir éducatif plus innovant et connecté.

Que pensez-vous de la décision des États-Unis de suspendre les candidatures d’étudiants étrangers dans leurs universités ?

Je tiens à rassurer les étudiants et leurs familles à Maurice, car cette mesure ne remet pas en question la qualité ou la rigueur des universités américaines. Une université digne de ce nom, quand vous inscrivez un élève, ne doit pas le laisser tomber en cours de route pour des raisons insignifiantes. Les universités américaines, fortes de plusieurs siècles d’existence, offrent un cursus rigoureux en anglais et les étudiants qui en font partie n’ont pas à craindre pour leur avenir.

Je crois que cette décision est surtout une réflexion pour eux, pour leur organisation interne, et non une remise en question de la valeur de l’éducation américaine. Les étudiants mauriciens peuvent considérer l’Angleterre, l’Australie ou le Canada comme alternatives, jusqu’à ce que la situation se clarifie. Le gouvernement reste à l’écoute et est prêt à conseiller les étudiants, afin qu’ils puissent faire des choix éclairés pour leur avenir international.

Comment voulez-vous aider plus d’adultes, surtout ceux des communautés oubliées, à suivre des cours avec trois « credits » et deux « A-Levels » dans l’enseignement supérieur ?

Une des priorités actuelles est de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur pour les adultes, notamment ceux issus des communautés oubliées. On peut soutenir ces étudiants en valorisant leurs trois credits obtenus au School Certificate et deux A-Levels, souvent considérés comme des étapes intermédiaires. Vous pouvez aider un étudiant qui a déjà accumulé trois credits, en réservant une plateforme pour lui, en lui permettant de faire valoir ces credits.

L’objectif est d’agir contre l’injustice historique en ouvrant la porte à ces individus, leur permettant de soumettre leur dossier à l’université sans diminuer la qualité de l’enseignement. Si un élève a obtenu cinq credits avec deux A-Levels, et que d’autres ont seulement trois credits, on ne doit pas les pénaliser. Cela permettrait à ces étudiants de progresser et de poursuivre leurs études, notamment dans des filières exigeantes comme la médecine, sans obligation stricte, à l’image de ce qui se pratique dans certaines universités à l’étranger. Il est important de ne pas instaurer de nivellements par le bas, mais plutôt d’offrir une chance équitable à tous, tout en maintenant une sélection basée sur le mérite. Une démarche qui vise à rendre l’enseignement supérieur plus accessible et inclusif pour tous.

Qu’est-ce que le ministère fait pour s’assurer que ces cours pour adultes sont de bonne qualité, bien reconnus, et utiles pour leur travail et leur apprentissage tout au long de la vie ?

En ce moment, je mets en œuvre plusieurs mesures pour garantir que les cours destinés aux adultes soient de haute qualité, reconnus officiellement, et réellement utiles pour leur développement professionnel et personnel tout au long de la vie. La clé réside dans la collaboration étroite avec le secteur privé et les employeurs. Nous devons nous assurer qu’il n’y a pas de syllabus ou de curriculum qui ne répondent pas aux besoins du marché du travail.

Pour cela, un comité consultatif national a été mis en place, rassemblant des représentants des employeurs et des institutions éducatives. Ce comité veille à ce que les formations offertes soient alignées avec les exigences du marché, permettant ainsi aux étudiants de suivre des cours qui renforcent leur employabilité. L’objectif est de garantir que chaque diplômé possède les compétences nécessaires pour s’intégrer efficacement dans le monde du travail. L’investissement intégré vise à rendre les employés employables à 100 %, renforçant ainsi la pertinence de l’enseignement pour répondre aux besoins économiques du pays.

Quels sont les projets pour mieux intégrer l’enseignement supérieur pour adultes dans le système éducatif du pays et aider au développement du pays et de l’économie ?

Je prévois plusieurs projets pour mieux intégrer l’enseignement supérieur pour adultes dans le système éducatif national, afin de soutenir le développement économique du pays. Actuellement, l’université offre une grande flexibilité aux adultes, avec des cours à temps partiel, souvent le samedi ou en soirée, permettant à ceux qui travaillent de se former sans interrompre leur emploi. Cette modularité facilite l’accès à l’éducation pour tous, à tout moment, et leur donne la possibilité de s’inscrire quand ils le souhaitent.

Nous souhaitons renforcer cette approche en développant davantage de programmes flexibles, notamment en proposant des formations en ligne ou hybrides, pour répondre aux besoins variés des adultes actifs. L’objectif est aussi d’intégrer ces formations dans une stratégie plus large d’adaptation à l’économie numérique, notamment en formant à l’intelligence artificielle et aux nouvelles technologies, indispensables pour remplacer ou compléter certains métiers.

Enfin, le gouvernement insiste sur l’importance de l’utilisation des robots et de la technologie pour améliorer la précision et l’efficacité dans des secteurs clés comme la santé. En investissant dans la formation continue et en intégrant ces innovations, le pays veut construire une main d’œuvre compétitive, apte à contribuer au développement économique et à l’avenir technologique.

Quel est votre avis sur l’utilisation de l’IA/Chat GPT dans les universités ?

L’intelligence artificielle (IA), notamment Chat GPT, est devenue un outil incontournable dans le paysage éducatif actuel, même si certains étudiants préfèrent encore une vie plus détendue. Nous avons lancé une ligne directrice pour encadrer l’utilisation responsable de l’IA dans l’enseignement supérieur. Cette guideline, accessible sur le site de la Higher Education Commission, vise à guider étudiants, enseignants et chercheurs dans une utilisation judicieuse de cette technologie. Même si l’on a été initialement sceptique, l’IA peut devenir un atout pour améliorer la recherche, la pédagogie et l’efficience.

L’objectif est de l’intégrer de façon intelligente, comme un outil d’information, sans remplacer l’esprit critique. J’évoque également la nécessité d’une collaboration entre secteur public, privé, chercheurs et étudiants pour faire avancer le pays. Ainsi, Maurice pourrait transformer son système éducatif en un modèle innovant, performant et en phase avec les avancées technologiques mondiales.

D.T

Publicité