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Dr Goutham Gandham: «Il faut prévenir au plus tôt les différents types de cancer»

14 février 2025, 14:00

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Dr Goutham Gandham: «Il faut prévenir au plus tôt les différents types de cancer»

Dr Goutham Gandham, «Consultant Oncologist» à AEGLE Cancer Hospital.

Les cancers digestifs sont en forte augmentation chez les jeunes adultes de moins de 50 ans en Europe. Cette tendance se vérifie-t-elle également à Maurice ?

Selon les données du Global Cancer Observatory (GLOBOCAN) de 2022, les cancers du côlon, du rectum, de l’estomac, du pancréas et du foie comptent parmi les dix cancers les plus fréquents dans le pays.

Quelles en sont les causes ?

Cette augmentation résulte de divers facteurs. Parmi eux, les habitudes de vie et l’environnement jouent un rôle majeur. Une alimentation riche en produits transformés et pauvre en fibre peut provoquer le cancer colorectal. L’obésité peut aussi en être la cause avec un excès de masse grasse associé à une inflammation chronique, une résistance à l’insuline et des déséquilibres hormonaux. Le tabagisme, la consommation d’alcool ainsi que l’exposition à la pollution et aux substances chimiques. Sans oublier qu’un premier accouchement après 35 ans peut être un facteur associé à un risque accru de cancer du sein. Par ailleurs, des déséquilibres du microbiote intestinal, liés à une alimentation inadaptée, pourraient favoriser l’apparition de certains cancers, notamment colorectal et hépatique. Les prédispositions génétiques et les modifications épigénétiques sont également en cause. Certaines mutations héréditaires augmentent le risque de développer un cancer jeune, tandis que des facteurs externes comme l’alimentation ou l’inflammation chronique influencent l’expression des gènes sans altérer directement l’ADN. L’amélioration du dépistage contribue aussi à l’augmentation apparente des cas de cancer en permettant une détection plus précoce des tumeurs. Enfin, des infections telles que le papillomavirus humain (HPV), l’Helicobacter pylori ou les hépatites B et C sont impliquées dans le développement de plusieurs cancers. Le stress chronique et les troubles du sommeil, en perturbant l’équilibre hormonal et en favorisant l’inflammation, constituent d’autres facteurs susceptibles d’accroître le risque de cancer chez les jeunes adultes.

Quelles mesures recommandez-vous ?

Il existe trois types de prévention du cancer. La première repose sur un mode de vie sain. Une alimentation équilibrée, riche en fruits, légumes et céréales complètes, réduit les risques. Il est conseillé de limiter les aliments transformés, la viande rouge et les boissons sucrées. L’activité physique régulière (150 à 300 minutes par semaine) contribue aussi à la prévention. Le maintien d’un poids santé est essentiel, tout comme l’arrêt du tabac, responsable de nombreux cancers (poumon, gorge, pancréas, vessie). Il est aussi recommandé de limiter l’alcool, lié aux cancers de l’œsophage, du foie, du sein et du côlon. L’exposition aux substances cancérigènes (pollution, produits chimiques, UV) doit être réduite, notamment sur le lieu de travail. Certaines infections augmentent le risque de cancer. La vaccination contre le HPV prévient ceux du col de l’utérus, de l’anus et de l’oropharynx, tandis que le vaccin contre l’hépatite B protège contre le cancer du foie. Le dépistage et le traitement de l’Helicobacter pylori aident à prévenir le cancer de l’estomac. Adopter des pratiques sexuelles sûres permet aussi de limiter la transmission du HPV.

La deuxième forme de prévention repose sur le dépistage précoce, essentiel pour réduire la mortalité. Dès 45 ans, un test de dépistage du cancer colorectal (coloscopie ou analyse des selles) est recommandé, voire plus tôt en cas de risque élevé. Pour le cancer du sein, la mammographie est préconisée dès 40 ou 50 ans, selon les antécédents familiaux.

Le frottis cervico-utérin et le test HPV permettent de détecter le cancer du col de l’utérus tous les trois à cinq ans. Pour les fumeurs à risque, un scanner thoracique à faible dose peut précocement repérer un cancer du poumon. Le dépistage du cancer de la prostate repose sur un dosage du Prostate Specific Antigen (PSA), selon les antécédents. Une échographie et un dosage de l’AFP sont recommandés pour les populations à risque de cancer du foie.

Enfin, la troisième prévention vise à améliorer la prise en charge des patients. Un diagnostic et un traitement rapides augmentent les chances de survie. Les progrès de la médecine de précision permettent d’identifier les personnes à haut risque grâce aux tests génétiques, notamment en cas de mutations BRCA1/2 (breast cancer) ou du syndrome de Lynch, facilitant ainsi un dépistage ciblé et des stratégies préventives adaptées.

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