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Accord de souveraineté

Claudette Lefade : «Olivier Bancoult a vendu les Chagos»

1 juin 2025, 16:42

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Claudette Lefade : «Olivier Bancoult a vendu les Chagos»

Olivier Bancoult rejette fermement ces allégations, défiant Claudette Lefade de se présenter devant la communauté chagossienne pour un débat transparent.

Lors d’une conférence de presse au Centre des Amis d’Agaléga ce dimanche 1er juin, Claudette Lefade, présidente du Chagos Asylum People Group, a dénoncé ce qu’elle qualifie d’exclusion du peuple chagossien des récentes négociations sur la souveraineté des Chagos, accusant Olivier Bancoult de «trahison». «Mo pa dakor avek negosiasion ki finn fer lor ledo pep Sagosien.» Celle qui a mené la lutte dès l’âge de 25 ans se dit choquée par l’accord signé entre les autorités mauriciennes et britanniques, un accord qui «ne contient rien pour les Chagossiens».

Selon Claudette Lefade, les 40 millions de livres sterling évoqués dans l’accord ne représentent en rien une compensation juste pour des décennies de déracinement, de discrimination et d’humiliation. «Zot finn evalie nou soufrans a Rs 300 000 par tet. Ki pou nou fer avek sa?» Elle déplore que la dernière réunion pour décider qui pourra retourner aux Chagos se soit tenue sans la participation des natifs concernés. «C’est notre droit fondamental de retourner chez nous. Chagos nous appartient.»

Claudette Lefade n’a pas mâché ses mots envers Olivier Bancoult, qu’elle accuse d’avoir trahi le combat. Elle rappelle que c’est elle qui l’a nommé responsable du groupe dans les années 80 lorsqu’elle s’est retirée temporairement pour élever ses enfants en Suisse. «Mo dezole mo pep, mo finn met sa konba-la dan lame Bancoult. Li finn vann nou zil e li pe kontign vann nou osi.»

Elle critique également la gestion opaque du Chagos Trust Fund, dénonçant une absence de transparence sur les millions de roupies allouées chaque année. Réclamant que la négociation soit refaite, Claudette Lefade insiste sur la nécessité d’intégrer toute la communauté chagossienne et appelle à un référendum pour que le peuple puisse se prononcer sur son avenir : «Nou lespwar, se dan enn gouvernma demokratik ki pou rekonet nou drwa kom dimounn.» Elle affirme également avoir sollicité l’Union africaine ainsi que le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale afin de dénoncer ce qu’elle qualifie de traitement raciste envers les descendants d’esclaves africains que sont les Chagossiens. Pour Claudette Lefade, ce combat n’est pas terminé. «Nou pou kontinie lager ziska nou gagn drwa pou retourn lakaz.»


Olivier Bancoult : «Est-ce que poursuivre l’Angleterre, c’est vendre les Chagos ?»

À la suite des déclarations virulentes de Claudette Lefade lors de sa conférence de presse dimanche, accusant Olivier Bancoult d’avoir «vendu les Chagos», le leader du Groupe réfugiés Chagos (GRC) est monté au créneau pour répondre sans détour. Il se dit choqué par ce qu’il qualifie de «propos irresponsables et malveillants». *«Est-ce que, quand quelqu’un poursuit l’Angleterre, cela veut dire qu’il a vendu les Chagos ?», rappelant les nombreuses actions judiciaires qu’il a menées contre le gouvernement britannique pendant des décennies, en quête de justice pour les Chagossiens.

Il a également tenu à rappeler le parcours de Claudette Pauline Lefade au sein du GRC : «Madame Lefade a quitté le groupe depuis des années pour aller s’établir en France et en Suisse. Elle est restée 19 ans loin du terrain. Et maintenant, elle revient en pensant qu’il y avait une place gardée pour elle», a-t-il lancé, visiblement agacé. D’ajouter : «Si li ti enn dimounn serye, bann Sagosien ti pou swiv li, pa mwa.»

Face à ces accusations, Olivier Bancoult défie Claudette Lefade de se présenter devant la communauté chagossienne : «Mo lans enn defi à Claudette Lefade pou vinn le 29 juin dan sant Lisette Talate pou explik bann Sagosien kouma mo’nn vann Chagos, o lie fer bann fos akizasion.» Il l’invite également à poser sa candidature si elle souhaite diriger le GRC, affirmant son attachement au fonctionnement démocratique du groupe.

Concernant l’accord signé entre les gouvernements britannique et mauricien sur la souveraineté des Chagos, Olivier Bancoult insiste : «Je n’ai jamais été dans la salle des négociations. Ce n’est pas moi qui ai négocié, ce sont les gouvernements.»

Néanmoins, il se dit satisfait de certains points de l’accord, notamment la mention du droit de retour des Chagossiens sur leurs îles – un combat historique du GRC. Dans cette dynamique de reconstruction, Bancoult a annoncé la tenue de deux journées de travail, les 25 et 26 juin, en collaboration avec des professeurs d’université de renom, afin d’élaborer un plan de réinstallation des Chagossiens dans l’archipel.

Le débat autour de la question chagossienne reste vif, mais Olivier Bancoult appelle à la responsabilité et à la vérité.

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