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Portable Retirement Gratuity Fund
Chuttoo fustige la gestion du ministre Subron : «Rien n’est versé, tout est promis»
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Portable Retirement Gratuity Fund
Chuttoo fustige la gestion du ministre Subron : «Rien n’est versé, tout est promis»

Ashok Subron et Kugan Parapen ont réuni la presse lundi pour faire état de la situation autour du Portable Retirement Gratuity Fund. ©Tony Fine
Pour Reeaz Chuttoo, président de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), la récente rencontre convoquée par le ministre de l’Intégration sociale, Ashok Subron, n’a été rien d’autre qu’un coup de communication. «Ce n’est pas possible de réunir 25 organisations – soit 15 fédérations et dix confédérations – pour discuter du Portable Retirement Gratuity Fund (PRGF) en une heure et dix minutes. Ce n’était pas un vrai dialogue», dénonce-t-il, visiblement agacé.
Le ton est donné. Car si le ministre a dressé un tableau chiffré, révélant que 7 936 dossiers PRGF sont toujours en attente, Chuttoo affirme que les problèmes sont bien plus profonds. Selon lui, le système est bloqué, notamment parce que les autorités n’appliquent pas la loi. «Lorsqu’un travailleur n’a pas perçu son gratuity et se rend au ministère du Travail, on le renvoie vers la Mauritius Revenue Authority (MRA) ou la Sécurité sociale. Mais personne ne prend sa plainte. Pourtant, la loi est claire : un employeur qui ne paie pas le PRGF doit s’acquitter d’un intérêt de 12 % par an. Mais aujourd’hui, les employeurs tardent et en toute impunité, car personne ne fait respecter la loi», fulmine-t-il.
Selon le syndicaliste, de nombreux travailleurs atteignent l’âge de la retraite et repartent les mains vides. «Zot pas boul.» Ce qu’il déplore avant tout, c’est l’absence de synergie entre les différents ministères, qui engendre un véritable chaos. «On a des milliers de travailleurs étrangers dont les permis de travail n’ont pas été renouvelés. Le ministère du Travail est informé car la CTSP lui a soumis des cas concrets. Mais entre ce ministère et la MRA, il n’y a aucune communication. Résultat : la MRA continue de verser des aides via le Wage Assistance Scheme à ces travailleurs.» Pire encore, lorsqu’un travailleur étranger décide de dénoncer la situation, l’employeur prétexte qu’il s’est enfui, alerte le Passport and Immigration Office et le fait arrêter et expulser. «Si le patron dit que le travailleur s’est sauvé, il n’a même pas à payer son billet retour. Le travailleur est traité comme un criminel. Et c’est pareil avec le PRGF : c’est le travailleur qui trinque.»
Volonté politique?
Reeaz Chuttoo affirme avoir soulevé ces points lors de la réunion ministérielle. Mais le temps a manqué. «On a eu la parole mais pas le temps d’entrer dans le fond. Le ministre devait ensuite recevoir la presse. Et pour moi, il a menti. Car auparavant, il était contre la mise en place du PRGF. Aujourd’hui, il prétend avoir mené ce combat. C’est faux.»
Il évoque aussi des cas graves, comme celui de l’entreprise Star Knitwear récemment mise à l’arrêt et où plus de 900 travailleurs ont vu des déductions apparaître sur leurs bulletins de paie pour le National Pensions Fund et le PRGF, sans que les sommes aient été versées. «C’est du détournement de fonds. Pourquoi le ministère du Travail n’amène-t-il pas ces employés porter plainte à la police ? Quand nous, syndicats, tentons de le faire, la police refuse.»
Autre point d’inquiétude: les travailleurs des Special Education Needs Schools (SENS). D’après Chuttoo, le gouvernement n’a jamais versé de contribution au PRGF pour ces employés. «Les écoles affirment que l’argent doit venir d’un fonds spécial de la National Social Inclusion Foundation, mais il doit d’abord être approuvé par la Sécurité sociale et le ministère de l’Éducation. Rien n’a encore été fait.» À partir de novembre, ce sont entre dix et 20 travailleurs par an dans ce secteur qui prendront leur retraite. «Il n’y a pas d’argent pour les payer. Le gouvernement verse les salaires maisne contribue pas au social, sauf pour la Contribution sociale généralisée. Le PRGF est ignoré.»
Lenteur administrative
Lors de sa conférence de presse, Ashok Subron a reconnu que les 7 936 dossiers en attente sont dus à des lenteurs administratives. Il a souligné que 4 253 employés ne peuvent toucher leur dû parce que certains employeurs ne transmettent pas les données nécessaires à la MRA. Pour Reeaz Chuttoo,la racine du problème est simple : la loi n’est pas appliquée. Et tant que les autorités ne montreront pas l’exemple en agissant concrètement, les revendications sur les droits des travailleurs resteront lettre morte.
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