Publicité
Crise énergétique
Centrale flottante : le CEB révise son appel d’offres
Par
Partager cet article
Crise énergétique
Centrale flottante : le CEB révise son appel d’offres

Alors que le Central Electricity Board (CEB) modifie son appel d’offres pour intégrer des critères environnementaux plus stricts, le président du board de la Mauritius Renewable Energy Agency (MARENA) appelle à replacer le débat dans une vision à long terme centrée sur la maîtrise de la demande et les énergies renouvelables. Le projet d’une centrale flottante pour faire face à la pression sur la production d’électricité reste officiellement d’actualité. Mais l’approche évolue. Le CEB a amendé son appel d’offres lancé en mai dernier. Le nouveau cahier des charges, modifié le 8 juillet, prévoit des exigences environnementales accrues et permet aux soumissionnaires de proposer des alternatives terrestres, telles que des centrales mobiles.
Cette révision intervient alors que plusieurs ONG environnementales, experts et médias spécialisés alertent sur les dangers associés aux barges énergétiques déjà utilisées à l’étranger: fuites d’hydrocarbures (oil spills), pollution thermique, émissions nocives, risques pour les récifs coralliens et opacité des contrats. Bien que ces risques ne soient pas évoqués dans les documents officiels du CEB, ils ont contribué à alimenter la controverse publique et à mettre les autorités sous pression. Le CEB cherche visiblement à se doter d’une plus grande marge de manœuvre, en gardant ouvertes plusieurs options technologiques.
Interrogé hier, le ministère de l’Énergie a fait savoir que «l’information ne vient pas de nous» et qu’«il ne communique pas sur ce projet pour le moment». Le ministère confirme simplement qu’un appel d’offres a été lancé et que le processus suit son cours. Une posture plus réservée qu’au moment des premières annonces, ce qui montre que l’exécutif opte désormais pour une communication minimale sur un dossier devenu politiquement et écologiquement sensible.
🟦 Khalil Elahee : «Le powership ne peut être qu’une mesure temporaire»
Le professeur Khalil Elahee, président du board de la MARENA, appelle à replacer le débat dans une vision stratégique, au-delà des urgences immédiates. «Il serait méthodologiquement faux d’opposer le projet de barge aux énergies renouvelables ou à la maîtrise de la demande. Ces deux dernières restent essentielles à notre transition énergétique.» Il insiste sur le fait que le recours à une barge, s’il se concrétise, doit rester strictement temporaire, en soulignant que d’ici l’été prochain, c’est la réduction de la demande aux heures de pointe qui doit être la priorité.
Elahee appelle à comparer la barge à d’autres solutions, comme des centrales mobiles plus petites et décentralisées, mieux adaptées à la flexibilité du réseau et à l’intégration des énergies solaires. Il propose également d’explorer un mélange de carburants fossiles et de biomasse liquide, y compris à hauteur de 10 %, dans ces unités. Il rappelle enfin que la MARENA travaille sur un plan stratégique pour les énergies renouvelables à l’horizon 2030, qui devra être validé au moyen d’une consultation nationale et harmonisé avec d’autres plans du gouvernement, comme la National Biomass Framework. «La transition énergétique n’est pas une alternative : elle est incontournable. Le projet de power barge, s’il aboutit, doit précisément nous forcer à accélérer cette transition afin qu’il reste temporaire.»
🟦 Une décision encore ouverte
L’appel d’offres modifié permet désormais de recevoir des propositions alternatives, notamment des centrales terrestres mobiles pouvant être installées sur des sites existants (Fort-Victoria, Nicolay, etc.). Les opérateurs intéressés devront démontrer la conformité de leur solution aux nouvelles exigences environnementales et sa capacité à livrer entre 30 et 60 MW à court terme.
Aucun calendrier précis n’a encore été communiqué, mais le ton a changé : l’urgence énergétique reste, mais la précipitation, elle, semble avoir cédé la place à la prudence.
Publicité
Publicité
Les plus récents




