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Réforme constitutionnelle

Bientôt six mois !

20 avril 2025, 04:55

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Bientôt six mois !

■ Novembre 2024, scène de liesse. Aujourd’hui, on attend la concrétisation des promesses.

La promesse était claire. L’échéance, définie. La réforme constitutionnelle, elle, restait la raison d’être politique de Rezistans ek Alternativ (ReA). Et pourtant, presque six mois après la victoire de l’Alliance du changement, le compte à rebours s’achève bientôt… sans que le comité constitutionnel promis n’ait même été constitué. Le signal n’est pas anodin. Il est préoccupant.

Ashok Subron a beau afficher la confiance de rigueur sur les ondes, assurant que la réforme viendra «avant la fin du mandat», chacun comprend qu’en politique, le vague est souvent l’ennemi du courage. Et que «avant la fin du mandat» peut vouloir dire… jamais.

Alors la question fuse : ReA va-t-elle s’en contenter ?

Le parti avait déjà dû hausser le ton pour obtenir trois tickets aux dernières législatives – après avoir menacé de claquer la porte au nez de Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Ce fut leur coup de poker réussi, en apparence. Mais voilà que, pour les municipales, les Nouveaux Démocrates – l’autre Junior Partner – récoltent cinq tickets, pendant que ReA pousse pour et obtient sept. De quoi rappeler qu’en politique, la reconnaissance ne suit pas toujours la logique des convictions, mais bien celle des rapports de force.

Et justement, ReA s’était positionné comme le levier de la réforme constitutionnelle. Le parti avait fait campagne sur la refonte d’un système électoral vicié, sur l’abolition de la déclaration ethnique, sur l’introduction d’une dose de proportionnelle et sur une représentation accrue des femmes. Il se voulait le poing levé de la rupture, le garant du respect de l’accord. Six mois devaient suffire pour enclencher l’architecture du changement. Six mois, c’est dans deux semaines.

Et qu’a-t-on vu ? Des esquisses de volonté, des formules prudentes sur les ondes, et cette rengaine douce qui ne trompe que ceux qui veulent encore croire : «la réforme viendra, mais le comité n’est pas encore formé…»

Il ne s’agit plus ici de procès d’intention. Mais de comptes à rendre. ReA a justifié sa présence au sein de l’alliance non pas par simple opportunisme électoral, mais par une mission : réformer. Or, sans feuille de route claire, sans calendrier public, sans début de débat parlementaire, la réforme prend déjà du retard. Et ce retard pourrait bien devenir un recul.

Les observateurs lucides savent que chaque jour qui passe sans avancée concrète est une victoire silencieuse pour les tenants du statu quo. Ceux qui vivent confortablement dans le flou du Best Loser System. Ceux qui n’ont aucune envie de voir émerger une 2ᵉ République avec plus de transparence, moins de clientélisme et un Parlement modernisé.

Alors ? ReA va-t-elle se satisfaire de promesses en pointillés ? Va-t-elle renoncer à son rôle de sentinelle constitutionnelle pour quelques tickets supplémentaires ? Va-t-elle s’asseoir sur ses engagements pour ne pas déranger l’équilibre fragile de la coalition ?

Il est temps pour le parti de monter à la tribune parlementaire. Pour interpeller. Pour exiger. Car un silence prolongé serait un consentement déguisé. Et un abandon politique de ce que ReA dit incarner.

En démocratie, chaque jour compte. Dans deux semaines, cela fera six mois. Ce n’est pas qu’un délai technique. C’est un test moral. Celui de savoir si la réforme attendue est encore un cap… ou déjà un mirage.

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