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Interview
Aslam Hossenally, lord-maire : «Servir les autres à travers la politique»
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Interview
Aslam Hossenally, lord-maire : «Servir les autres à travers la politique»

Aslam Hossenally, lord-maire, entend redonner à la capitale son éclat d’antan. Dans cet entretien, il revient sur ses racines à Camp-Yoloff, son engagement politique nourri depuis l’enfance, et ses projets ambitieux pour une ville plus sûre, plus inclusive et culturellement vibrante. Rencontre...
🟦Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance ?
Je suis né à Plaine-Verte et à l’âge de neuf ans, nous sommes allés habiter à Camp Yoloff. J’ai grandi dans une famille modeste, avec un père ébéniste, six frères, cinq sœurs et une mère au foyer.
🟦Comment s’est manifesté votre intérêt pour la politique ?
J’ai développé un intérêt pour la politique lorsque j’étais à l’école primaire sir Edgar Laurent. Mon enseignant, feu Lloyd Baligadoo, était un dirigeant du Mouvement militant mauricien (MMM) et lord-maire à l’époque. Il était mon voisin, habitant de Camp-Yoloff, et souvent il me donnait un lift sur sa mini Honda jusqu’à la maison. Ensuite, j’ai fréquenté le collège Bhujoharry. Mathieu Laclé, lui aussi lord-maire, y enseignait. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à côtoyer la classe politique. Dans la rue où j’habitais, il y avait un autre ancien lord-maire, Osman Gendoo. Donc, dans cinq maisons du quartier, il y a eu trois lords-maires. Je suis fier de dire que je suis un habitant de Camp-Yoloff.
🟦Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai rejoint le groupe Union Sugar Estate après mes études. J’ai terminé cette partie de ma carrière professionnelle comme Procurement Executive. Et j’utilise toujours cette vaste connaissance en procurement.
🟦Comment avez-vous fait vos premiers pas en politique active ?
J’ai rejoint le MMM en 1984, lors du 15e anniversaire du parti. Je me souviens encore des paroles d’une chanson entendue ce jour-là : «Kamarad militan, touletan, nou an avan, lazistis dan nou leker.» J’ai été secrétaire de l’aile jeune du MMM dans les années 95-96. J’ai connu la politique alors que Camp-Yoloff faisait partie de la circonscription no 4, avant d’être rattachée à la circonscription no 3. Mais j’ai surtout aidé dans la circonscription no 2.
En 1992, lors de la partielle, suite au départ de Cassam Uteem pour la présidence, j’ai adhéré à la circonscription no 3. J’ai évolué au sein de la régionale no 3 du MMM : secrétaire régional, membre du comité central, et candidat aux municipales de 2005, 2012, 2015 et 2025. J’ai aussi été candidat aux élections générales de 2014 et 2019. De plus, j’ai assumé les fonctions de lord-maire en 2012-2013 et de nouveau en 2025. Je suis membre du bureau politique du MMM et depuis peu, chairperson de SME Mauritius.
🟦Qu’est-ce qui vous motive chaque jour ?
La politique, c’est ce que j’aime faire. J’ai la ferme conviction qu’on peut servir les autres à travers elle.
🟦Si vous deviez vous décrire en un mot ?
Simplicité. J’ai toujours aimé vivre simplement, humblement, en étant à l’écoute. Comme je viens d’une famille nombreuse et modeste, la simplicité a toujours été un élément essentiel de ma personnalité.
🟦Quelles sont vos priorités pour Port-Louis ?
Je suis conscient de l’ampleur de la tâche qui m’attend, mais je suis prêt. Je veux rendre à Port-Louis son éclat et sa dignité. Ma priorité : la sécurité. Trop souvent, nos quartiers sont livrés à eux-mêmes. Je vais renforcer la vidéosurveillance et lutter contre la drogue, notamment dans les zones les plus touchées. Je crois en notre jeunesse. Elle mérite des espaces pour grandir, rêver, s’exprimer. Je vais m’assurer que le terrain de Sainte-Croix soit rénové, et lancer des projets pour de nouveaux complexes sportifs à La Butte et à Abercrombie. Nos infrastructures commerciales ont aussi besoin de renouveau. Le marché, notamment les sections viande, poulet et poisson, sera réaménagé. Je veux que le jardin Robert Edward Hart devienne un espace convivial pour les familles et un lieu structuré pour les marchands ambulants. Je suis convaincu qu’il faut aussi revoir notre mode de gouvernance. Nous devons aller vers une véritable autonomie municipale. Et pourquoi ne pas introduire le Kreol dans les conseils municipaux ? C’est la langue du peuple, de la proximité, de la vérité. Je veux une mairie à l’écoute, une ville moderne mais fidèle à son histoire. Sous le thème «Rénover et innover pour des villes nouvelles», je m’engage à travailler avec passion et persévérance.
🟦Et en ce qui concerne la culture ?
La culture sera également au cœur de mon mandat. Le théâtre de Port-Louis sera rénové. Je veux qu’il devienne un lieu vivant, accessible à tous, avec un festival de théâtre en Kreol, hindi, bhojpuri, français, anglais – toutes nos langues, toute notre âme. L’objectif n’est pas de faire du profit avec le théâtre de Port Louis, mais de privilégier la culture sous toutes ses formes.
🟦Quel message souhaitez-vous adresser à la jeunesse ?
Faites-nous confiance et faitesnous parvenir vos suggestions, ce que vous pensez que la mairie doit faire. Bien sûr, prenez en considération les contraintes que nous pourrions avoir – aujourd’hui, au niveau du budget du conseil municipal, la majeure partie suffit à peine à couvrir la gestion administrative ; les moyens financiers disponibles sont ainsi limités. Mais nous serons à l’écoute. Regroupez-vous et venez vers nous. Nous verrons comment travailler de concert. Et cela s’applique à toutes les tranches d’âge, des plus jeunes aux plus âgés.
🟦Quel est votre livre de chevet ?
Port-Louis – Deux Siècles d’Histoire d’Auguste Toussaint.
🟦Une figure qui vous inspire ?
J’admire le parcours de Nelson Mandela. Il est l’un des héros vivants que j’ai vus dans ma génération. À Maurice, je trouve le parcours de Paul Bérenger héroïque : un jeune qui s’est mis au service de la nation avec ses combats syndicaux.
🟦Une citation qui vous guide ?
Les Anglais disent : «When there is a will, there is a way». Moi, je dis : «When there is a will, there must certainly be a way.»
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