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Urgence

Depuis plusieurs années, les associations tirent la sonnette d’alarme et répètent que les moyens financiers alloués à la lutte contre les dépendances ne sont pas à la hauteur de l’ampleur du fléau, qui fait de nouvelles victimes chaque jour et ronge la société mauricienne en engendrant décès, dépenses de santé, vols, violence conjugale, précarité des familles... Les associations croyaient leur appel entendu, quand le ministre des Finances a annoncé un budget de Rs 21 millions supplémentaires pour les cures et la réhabilitation des alcooliques et des toxicomanes, avec une implémentation prévue dès janvier 2012.
Mais pour le Centre d’Accueil de Terre Rouge, le Centre Idrice Goomany et L’Etoile d’Espérance, les espoirs sont déçus. Ces trois centres attendaient une mesure concrète : l’augmentation du «grant» versé chaque mois par la NATRESA à leur association. Depuis 4 ans, cette allocation n’a pas été revue. Or, dans le même temps, le coût de la vie a augmenté et ces centres peinent à joindre les deux bouts et à couvrir leurs frais de fonctionnement (location d’une structure, salaires des animateurs, denrées alimentaires pour les repas offerts aux bénéficiaires, dépenses courantes d’une «maison» ...).
Du côté de la NATRESA, le chairman, Gérad Lesage, est clair sur sa position : «La NATRESA n’a pas le pouvoir décisionnel pour dépenser ces 21 millions. Le ministère des Finances nous a demandé de les allouer pour des projets et non pour couvrir les frais de fonctionnement. Si les centres veulent bénéficier d’une partie de cet argent, ils seront libres de déposer leur projet. Et j’espère que d’ici la fi n du mois, les appels à projets seront publiés dans la presse, car nous avons déjà travaillé sur les «guidelines».
«Guidelines». Justement ce mot revient souvent dans le domaine social. Comme pour la réglementation CSR, les «guidelines» de la NATRESA vont donc écarter le financement des frais de fonctionnement pour se consacrer uniquement aux «projets». Mais pour un centre de prévention, son «projet» c’est justement la réhabilitation des toxicomanes et des alcooliques qui se fait par un programme au quotidien et une structure ouverte quasiment 365 jours par an. Depuis l’introduction du CSR, le plaidoyer des ONG contre cette notion de «projet» est récurrent mais sans effet. Concrètement, comment couvrir les dépenses de fonctionnement ? En comptant sur les seuls «Flag days», ces quêtes publiques qui ne durent que 3 jours par an ? Prochaine étape, la fermeture symbolique du Centre d’Accueil de Terre Rouge évoquée par José Ah-Choon ? Du côté d’Etoile d’Espérance et du Centre Idrice Goomany, Véronique d’Unienville et Imran Dhanoo, préfèrent privilégier le dialogue et le plaidoyer.
Seule certitude, Gérard Lesage assure que cette année un consultant réétudiera le «grant» alloué à chaque centre pour voir s’il est proportionnel au service donné. Le dernier exercice du genre datent de 2005. Or, depuis l’ampleur des dégâts des addictions a évolué, semble-t-il, pas dans le bon sens. Mais pour pouvoir l’affirmer, un «consultant» et une étude indépendante seraient bienvenus ! Ainsi qu’une stratégie nationale sur les dépendances, mainte fois réclamée, mais jamais enclenchée.
Marie-Laure Ziss-Phokeer,
Coordinatrice ACTogether.mu
 
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