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Shakeel Mohamed : « Dans l’affaire de l’accident à Médine S.E, il y aura arrestation »
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Shakeel Mohamed : « Dans l’affaire de l’accident à Médine S.E, il y aura arrestation »

Le ministre du Travail revient sur les récents cas d’accidents mortels sur les lieux de travail. Il estime que les patrons coupables de négligence finiront par payer pour leur irresponsabilité. Shakeel Mohamed revient également sur le cas Rehana Ameer et sur les relations tendues entre le MSM et le Parti Travailliste.
Quelle est votre position face au nombre croissant d’accidents de travail tragiques ?
Un accident de plus est un accident de trop ! Nous faisons une évaluation de ce qui est entrepris au ministère. Le  fatality rate est en baisse. C’est le taux de mortalité par 100 000 employés. C’est une évaluation du Bureau International du Travail. Actuellement ce taux est à 2.3, ce qui représente 14 morts pour 565 000 employés. Nous projetons de faire baisser ce chiffre à 1.5 dans dix ans. Et ce sera un des meilleurs au monde. L’idéal serait zéro mais bien sûr, il faut être réaliste.
Quelles sont les actions concrètes de votre ministère pour faire respecter les dispositions de la loi régissant la sécurité sur les lieux de travail ?
En 2004, le taux de mortalité était de 4.8. Il n’y avait pas d’Occupational Health and Safety. Il n’y avait pas de règlements sur comment faire les échafaudages, par exemple. D’ailleurs mes officiers sont allés faire une enquête sur le cas de ce petit garçon de cinq ans qui est mort à la chute d’un échafaudage. C’était peut être pas un accident de travail mais j’ai vu dans les journaux que cela s’est produit dans une serre, moi j’enquête.  Ma philosophie, c’est qu’il ne faut pas être flexible. Nous avons déterminé des zones à risques comme des chantiers où il y a des échafaudages ou des imprimeries où il y a des machines tranchantes. On a contacté des sociétés de Singapour pour qu’elles nous donnent des cours en construction d’échafaudage, au début de l’année prochaine. Et ce cours sera certifié. Donc pas de certificat, pas d’opération.
Mais n’avons-nous pas une expertise mauricienne pour assurer cette formation ?
A Maurice le MITD a déjà proposé des cours. Pour être en ligne avec les avancées et parce qu’à Singapour cela se fait de manière régulière, je veux me référer à des experts étrangers qui ont l’habitude de donner des cours. C’est dans leur culture. Et puis c’est trop urgent ! Je ne vais pas attendre que le MITD acquièrt les connaissances et les capacités. Je vais attendre longtemps. (Rire) Par exemple, il n’y a aucun règlement sur les grues pour assurer la sécurité. Voilà un autre permis qui sera nécessaire bientôt. Je finalise tout cela la semaine prochaine.
Il aura fallu que ces accidents surviennent pour voir tous ces changements dans les réglements…
Mon problème c’est qu’il faut avoir un arsenal légal. Nous avons des officiers qui font des milliers d’inspections. Prenons le cas de Médine Sugar Estate. La direction a, en toute conscience fauté. Il faut un partenariat entre le secteur privé, l’employé, l’employeur et le ministère. Je ne peux pas affecter un inspecteur en permanence auprès d’un patron. C’est impossible. A Singapour, ils veulent que les hommes d’affaires adoptent une culture pour la sécurité. Qu’on passe ce coût sur les consommateurs où que les profits soient réduits, ce n’est pas mon problème. Il faut sauver des vies. Il y a toujours eu des poursuites depuis que je suis ministre, mais la presse ne le savait pas. Ça me fait chaud au cœur de voir que des gens paient pour le mal qu’ils font.
Et que pense le secteur privé de ces mesures ?
Je me fais beaucoup d’ennemis dans le secteur privé. Ces poursuites découragent les employeurs négligents. Dans l’affaire Ireko, il y a eu poursuites. Et dans l’affaire de l’accident à Médine Sugar Estate, il va y avoir arrestation. Nos lois prévoient Rs 75 000 d’amende et un an de prison. En d’autres mots, la prison est pour ces grands patrons qui oublient d’autres vies. C’est pour cela qu’il y aura cette campagne accrue pour baisser ce taux de mortalité à 1.5 dans dix ans. S’il faut se faire des ennemis dans le privé, c’est bon, je suis dans la bonne voie.
Et les syndicalistes en pensent quoi ?
Un syndicaliste siège sur l’Occupational Safety and Health Advisory Council. L’ennui c’est qu’il ne dit rien. Cela n’aide pas d’avoir des syndicalistes qui ne font que critiquer. Reaz Chuttoo, il n’apporté rien en termes de propositions mais quand il y a un problème, il est le premier à ouvrir sa bouche. Un peu comme Soodhun, en Cour il est malade, au Parlement il ne l’est pas.
D’autres syndicalistes vous reprochent d’avoir «abandonner Rehana Ameer », vous qui lui aviez promis un soutien quand elle avait été licenciée. Qu’avez-vous à leur répondre ?
Quand on est ministre, il faut prendre les choses avec du recul et oublier les émotions. Oui, je maintiens que Mme Ameer a été suspendue, le 25 août, d’une façon cavalière. Il y a eu violation des droits fondamentaux de la part de la MBC dans le comité disciplinaire et elle a souffert de préjudices. C’est indéniable, c’est un fait! Mais, je l’ai rencontrée l’an dernier et je lui ai dit : Je suis contre sa réintégration par influence politique. Je pense que ce n’est pas correct de demander à un ministre ou à un Premier ministre d’intervenir. Elle peut aller à la Commission de Conciliation et de Médiation de recommander sa réintégration ou à la Cour Industrielle ou à la police. Si elle insiste, c’est son choix. Si vraiment je voulais être méchant, j’aurais ordonné sa réintégration, juste pour emmerder Callikan. Il y a d’autres personnes qui sont mis à la porte pourquoi faut-il intervenir pour Rehana Ameer ? Parce qu’elle est syndicaliste doit-on lui donner un traitement de faveur ?
Elle entame quand même une grève de la faim, si elle n’obtient pas satisfaction, le 9 décembre prochain. Selon vous, cela peut changer la donne ?
Si le Premier ministre décide autrement, ce ne sont pas mes affaires ! Pour moi, dans le Fact Finding Committee, il y a eu des éléments contre la MBC, contre M. Callikan mais aussi contre le Human Resource Manager.
Donc, le rapport prouve que ces personnes ont des comptes à rendre.
Comment peut-on espérer justice dans ce cas ?
Ils doivent payer les conséquences de leurs erreurs.
Comment ?
C’est au PM de décider. Il a dit qu’il allait s’occuper de cela. Laissons-lui faire. C’est son domaine, ce corps paraétatique tombe sous l’égide de son ministère. Pour moi, pour qu’il y ait justice, il doit voir les carences au niveau de la MBC et veiller à ce que Mme Ameer soit compensée. Mais cela ne veut pas nécessairement dire réintégration. La loi dit que c’est l’employeur qui décide. S’il a fauté, la loi dit qu’il doit payer des compensations. En revanche, le cas de la MBC peut servir de référence. Il pourrait être un cas où il y a eu justice, sans l’intervention politique. Il y a eu intervention politique dans le cas de la Banque de Maurice et Mauritius Telecom et voilà, ça c’est répété à la MBC ! La justice n’a pas pu faire lumière.
Mais, le Premier ministre a dit que le rapport du Fact Finding Committee parle de torts partagés entre Rehana Ameer et la MBC. Quels sont  ceux de la syndicaliste ?
La première faute a été de ne pas répondre à une charge devant le comité disciplinaire.
Etait-ce son unique faute ?
C’était une de ses fautes. Pendant qu’elle était suspendue de ses fonctions, elle a participé à une manifestation en tenant une pancarte qui insultait Callikan. L’autre faute c’est qu’elle ne veut pas se tourner vers la police, ni à la Cour industrielle. Elle ne veut qu’une chose : c’est de retrouver son poste ! Nous avons une société qui connait les paramètres du droit. J’ajoute que je ne suis pas là pour faire plaisir ni à l’employeur, ni au syndicaliste. S’ils sont deux à être en colère contre moi, c’ela prouve que je fais bien mon travail.
Un petit mot sur le «matlo», comme vous l’avez appelé, qui est toujours en poste. Il faudrait, peut-être, se faire à l’idée qu’il ne compte pas bouger et finir son mandat ?
Ah Sir Anerood ! C’est lui qui a dit qu’il allait partir. Qui a ramené ce sujet à l’actualité ? Lui. Il a dit que s’il fallait partir, il partirait. Il ne récolte que ce qu’il a semé. On n’a jamais évoqué sa démission avant qu’il ne le fasse. En plus, ce qui n’aide pas le Président, ce sont les réactions de Showkutally Soodhun qui a dit que le Président sait ce qu’il fait et quand il va le faire. C’est une menace à peine voilée. Qui envenime la situation et jette de l’huile sur le feu ? C’est encore une fois le MSM et c’est tout à fait normal qu’il y ait une réaction du Parti Travailliste. C’est à lui de décider de ce qu’il veut faire. Mais s’il retourne dans la politique, il fera honte à son propre fils. Soit, il fait ce qu’il dit qu’il va faire ou alors, il se tait. C’est tout ! Sinon c’est de l’enfantillage. Mais il y a pire. Ce qui m’exaspère c’est le manque de classe et de tact de la part de certains éléments du MSM. Les règles de la moralité ne sont pas nécessairement écrites. Mme Hanoomanjee vient s’en prendre à mon père parce qu’en sa capacité d’avocat, il a représenté des clients qui étaient mêlés au trafic de drogue devant une commission d’enquête. S’il représente des gens avec passion, c’est précisément la raison pour laquelle on le paie. Et pourtant ce sont  ses compétences qui ont aidé le Sun Trust à gagner le procès des Rs 44 millions contre le gouvernement. Là, on accepte qu’il faisait bien son travail! Quand on ne peut pas attaquer un politicien, on s’abaisse à attaquer son père qui fait un métier noble. C’est cet aspect de la politique  qui me dégoûte.
Pourquoi avoir choisi de faire de la politique alors ?
Je voulais servir mon pays. Dieu seul sait combien de temps il me reste à le servir mais je le fais  avec ma conscience et en toute droiture. Je vous fais une confidence : j’ai refusé d’allouer un permis d’opération pour un restaurant à ma propre sœur.  Je lui ai dit que tant que je serai ministre, elle n’aura jamais ce permis. Je suis son frère !
Mais votre épouse, elle, gère bien un restaurant…
Mon épouse est passée par le Board of Investment. Une autre institution. Même le Premier ministre est venu me demander pourquoi j’avais refusé d’accorder ce permis à ma sœur. J’ai dit non, je n’allais pas le faire. Il y aurait eu une mauvaise perception, parce que dans ce pays, il y a des gens qui font des réflexions pourries. Et là moi, j’aurais eu besoin de m’expliquer…
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