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Rita Venkatasawmy : « Je rêve d’une justice plus rapide ! »

15 avril 2012, 20:00

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Rita Venkatasawmy : « Je rêve d’une justice plus rapide ! »

Rita Venkatasawmy est directrice du CEDEM, Centre d’Education et de Développement pour les Enfants Mauriciens. Pour cette experte des questions d’abus sexuels, si tous les enfants sont potentiellement à risques, des mesures spécifiques doivent être prises pour les mineurs grandissant dans des milieux hostiles.

? Chaque enfant peut un jour être confronté à cette menace, d’où le rôle déterminant des parents. Mais pour les mineurs qui n’ont pas d’adultes responsables autour d’eux, à qui revient la prévention ? A l’école, à l’Etat ?

Logiquement les enfants les plus à risques sont ceux sui vivent dans la promiscuité, avec des parents qui ne peuvent pas s’en occuper correctement. C’est la responsabilité de l’Etat de mettre en place un réseau d’assistants sociaux, sur le terrain, dans les endroits difficiles. Ces professionnels veilleraient sur les enfants en situation de rue et seraient à même de demander des emergency protection order, avant que des drames ne se produisent.

? Les ONG ne peuvent-elles pas faire ce travail ?

Les associations n’ont pas assez de moyens. Les travailleurs sociaux que nous employons se concentrent surtout sur les enfants placés dans nos résidences. Mais nous faisons aussi du travail de terrain, en renforçant les familles et en signalant des cas à la CDU, au besoin. Mais il manque un organisme pour coordonner le travail de terrain des associations et les faire travailler en synergie.

? Et qu’attendez-vous de l’école en matière de prévention des abus sexuels ?

L’éducation sexuelle à l’école au primaire et au secondaire est primordiale. Mais attention, je ne la conçois pas comme un cours de biologie, mais plutôt comme des discussions ouvertes. Le rôle des enseignants c’est aussi d’être vigilant sur l’absentéisme. Si un enfant manque la classe un jour par semaine, c’est un signe qu’il y a un problème à la maison et sans doute un manque de soins de la part des parents !

? Quelles sont les limites dans la réhabilitation des enfants victimes d’abus sexuels ?

Déjà, pour les mineurs retirés à la garde de leurs parents, il faudrait des centres résidentiels spécialisés pour pouvoir placer les enfants en fonction de l’abus qu’ils ont subi. Aujourd’hui, une victime de maltraitance physique et une victime d’abus sexuels se retrouvent dans le même centre, alors que la thérapie n’est pas la même. Il y a aussi des lacunes dans le bilan des besoins de l’enfant. La meilleure solution serait d’instaurer des shelters spécialisés et un comité pluridisciplinaire pour le placement de chaque enfant. Et pourquoi ne pas donner la parole à l’enfant et lui faire visiter plusieurs shelters pour avoir son opinion ? Bien entendu, cela prendrait du temps, mais au final cela se révélerait positif avec une meilleure adaptation à la structure. La réhabilitation des enfants victimes d’abus sexuels prend du temps, mais il faut être patient et ne pas oublier qu’en travaillant avec ces enfants on peut éviter qu’ils ne deviennent eux-mêmes des abuseurs quelques années plus tard. Cela en vaut la peine !

? Il y a-t-il des lacunes dans la procédure judicaire ?

Les délais de justice, sont excessivement longs ! Je rêve d’une justice plus rapide. Par exemple, un enfant victime à 8 ans peut attendre jusqu’à l’âge de 18 ans pour avoir un procès… Il faudrait également enregistrer en vidéo les témoignages des enfants pour qu’ils n’aient pas à répéter plusieurs fois leur histoire douloureuse. Et éviter totalement la médiatisation de ces affaires, qui nuit terriblement aux enfants. Le pays est si petit que même avec un nom d’emprunt, la victime est vite identifiée !

* Victime ou témoin d’un abus sexuel ? Le CEDEM donne des conseils gratuits en toute confidentialité, tel : 697.7640

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