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Regard des travailleurs sociaux sur l’entrée du kreol à l’école
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Regard des travailleurs sociaux sur l’entrée du kreol à l’école

A la veille de la Journée Internationale de la langue maternelle, parole aux travailleurs sociaux. Focus sur leurs espoirs et leurs réserves concernant l’impact des cours optionnels de kreol sur la réussite à long terme et le développement intégral de l’enfant.
 
Respecter un Droit humain
Alain Muneean, directeur de l’ONG Terre de Paix et co-fondateur du groupe ABAIM :
« Bien entendu nous aurions souhaité l’introduction du kreol beaucoup plus comme medium que comme langue optionnelle, mais nous comprenons aussi que cette question soulève des réticences. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous plaindre : en l’espace de 30 ans le kreol qui était interdit à l’école est devenue une langue importante !  On brise ainsi des tabous et des manières de faire.
Auparavant certains enseignants se permettaient de dénigrer un enfant s’il ne pouvait s’exprimer qu’en kreol. On assistait donc à un « déni d’expression ». Or, l’enfant a droit de répondre, de s’exprimer dans sa langue maternelle, de participer, cela constitue un Droit humain à part entière !
L’introduction du kreol prévient donc les tords qu’on peut causer à un enfant en lui niant sa langue maternelle… Ces méfaits sont connus : baisse de la confiance en soi et impact négatif sur l’apprentissage des autres langues. Ainsi beaucoup de Mauriciens passés par le système Mainstream ne sont ni bon en anglais, ni bon en français. Pourquoi ? Simplement parce qu’on ne peut apprendre une langue étrangère qu’après avoir construit un « soubassement linguistique », dans sa langue maternelle. Ainsi apprendre de « manière additive » est toujours plus efficace que de retirer à l’enfant ce qu’il sait déjà (le kreol) pour le remplacer par d’autres langues…
Par ailleurs, consolider sa langue maternelle, c’est développer des facultés cognitives : la perception les émotions, mais aussi le raisonnement, l’argumentaire, la mémoire, la prise de décision…
Enfin, je voudrais souligner un point important du Curriculum du cours optionnel de kreol : il est précisé qu’il ne s’agira pas d’apprendre une langue pour une langue, il s’agira davantage d’utiliser le kreol pour aider l’enfant dans les matières où il a des difficultés. Faire du kreol une langue support pour d’autres apprentissages, aider l’enfant dans d’autres matières, c’est cela la finalité la plus intéressante derrière l’introduction du kreol. Forcément cela se traduira positivement sur les résultats d’ensemble et sur la réussite au CPE… J’ai en profite pour rappeler que je suis fermement opposé à cet examen qui devrait être aboli, mais c’est un autre sujet ! »
Propos recueillis par Marie-Laure ZISS-PHOKEER
(Source : rubrique Solidarité, l''''express du 20 février 2012)
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