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Prévention des risques : Lutter contre les tabous chez les jeunes
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Prévention des risques : Lutter contre les tabous chez les jeunes

Le premier Cyber Espaces Jeunes mauricien devrait ouvrir ses portes en avril à Rose-Hill. Dans ce lieu novateur, à la fois ludique, interactif et pédagogique,  les 13-25 ans pourront trouver toutes les réponses à leurs questions concernant le VIH-Sida, les drogues et le tabac.
Rencontre avec Bruno Angérant, le consultant français venu assurer la mise en place du centre mauricien et la formation de la nouvelle équipe de prévention.
- Le Cyber Espace Santé mauricien va s’inspirer d’un modèle ayant fait ses preuves : le Cyber Crips d’Ile-de-France, à Paris, pouvez-vous nous en dire plus ?
- Le concept de Cyber Crips est né dans l’esprit de Benoît Félix. Cet infirmier français a très vite compris qu’en l’absence de vaccin, la prévention du VIH était le seul moyen d’éviter la contamination. Sous son impulsion, le Cyber Crips d’Ile-de-France a ouvert ses portes  il y a 10 ans. A l’époque, il existait déjà les plannings familiaux et les centres de dépistage. En dehors de ces structures médicalisées, les jeunes n’avaient pas de lieux où s’adresser. L’idée du Cyber Crips, c’est plutôt de faire passer les messages de prévention avec  l’humour et un regard ludique. D’ailleurs, les études ont largement prouvé qu’avec l’humour, les jeunes retiennent mieux les messages de prévention.
- Et concrètement, quels sont les outils utilisés au Cyber Crips et qui pourront être mis en place dans le premier centre mauricien du genre ?
- Les outils devront répondre aux nouveaux enjeux de la prévention chez les jeunes. Par exemple aujourd’hui, la pornographie et les sms à caractère sexuel ont une grande influence sur le comportement des jeunes…  Les animateurs du Cyber Espace Jeunes devront donc être prêts à répondre à toutes les questions que se posent les ados à ce sujet.
Les animateurs pourront utiliser des vidéos en fonction de l’âge du public et les visiteurs pourront participer à des quizz présentés sur des bornes à écran tactile.
A Paris, le Cyber Crips propose également des jeux interactifs. Par exemple, avec une boîte magique, les jeunes apprennent à bien mettre un préservatif dans la pénombre, ce qui illustre une situation bien concrète de la vie amoureuse. Nous présentons également un testeur de fiabilité du préservatif et un testeur de monoxyde de carbone. Des outils qui provoquent bien des rires et des questions…  Je précise que tous les supports utilisés au Cyber Crips ont fait leurs preuves et ont été validés par une équipe pluridisciplinaire composée de médecins, d’infirmiers, de psychologues…
- Le rôle des animateurs sera primordial pour mettre à l’aise les jeunes et les aiguiller en fonction de leur maturité vers les différents outils proposés…
- Tout à fait, le Cyber Espace n’est pas un musée avec une expo à visiter. L’essentiel réside dans l’interaction avec les animateurs et la découverte des outils ludiques et pédagogiques. Le recrutement des animateurs est en cours. Dans le meilleur des cas, nous souhaiterions recruter une jeune femme et un jeune homme, ce qui nous permettra parfois de séparer les groupes de filles et de garçons pour les mettre plus à l’aise. Sachant qu’au même âge, fille et garçon n’ont pas la même maturité, ni les mêmes interrogations… Mais tous les adolescents ont besoin de se confier et malgré l’essor des téléphones portables, de l’internet, ils ont  plus que jamais besoin d’être écoutés. Les animateurs ne seront donc pas pour comprendre leurs questions et soit y répondre, soit orienter les jeunes vers les services de santé ou les associations spécialisées.
- On parle beaucoup de l’efficacité de la prévention « des jeunes par les jeunes », qu’en pensez-vous ?
- Pour le Cyber Espace Jeunes, nous n’allons pas axer la prévention sur les pairs-éducateurs, mais nous allons recruter des animateurs jeunes, c’est-à-dire un peu plus âgé que la tranche d’âge visée : les 13-25 ans. Ainsi, les visiteurs sentiront que la personne en face est mature et crédible dans ses réponses, mais il n’y aura pas de barrière empêchant de poser des questions par peur d’un jugement…
- Et les jeunes de moins de 13 ans ne sont-ils pas à risques ? Est-ce possible de commencer la prévention dès le primaire ?
- J’ai lu dans des études que certains jeunes à Maurice ont des rapports sexuels dès 11 ans ou sont victimes d’agressions sexuelles avant même cet âge. La consommation de drogue à Maurice comme à Paris se fait aussi de plus en plus jeune. Mais la prévention chez les jeunes de moins de 13 ans mériterait tout un travail de plaidoyer et une réflexion poussée sur l’approche. Ce n’est pas la vocation du  Cyber Espace Santé, qui n’est pas adapté pour un public large qui irait de 5 à 25 ans. Nous avons dû faire un choix.
A Paris, par contre, nous avons fait des exceptions en recevant en visite des enfants de moins de 13 ans. Par exemple, les jeunes ayant commis un crime grave, comme un viol à l’âge de 10 ans. Mais pour ce genre d’intervention, il faut être bien préparé.
- Le centre ne sera pas médicalisé, donc ne pourra pas prescrire de contraceptifs, ni faire des tests de dépistage du VIH sur place ?
- Ce n’est pas prévu dans la première phase d’employer un médecin ou un infirmier mais les jeunes auront accès aux préservatifs gratuitement et aux informations sur la contraception.
- Pour quand est prévue l’ouverture de ce Cyber Espace Santé à Rose-Hill ?
- Pour avril, si tout se passe bien, c’est-à-dire si  les travaux, la préparation physique du centre, l’importation des matériels pédagogiques, la formation de l’équipe sont terminés dans les temps. Rendez-vous 18 rue Léoville L’Homme, dans le centre de Rose-Hill , à deux pas de la gare routière.
- Le centre sera aussi ouvert aux parents ?
- Bien entendu, les animateurs du Centre pourront apporter des conseils aux parents pour les aider à aborder la prévention des risques avec leurs ados.
- Existe-t-il d’autres centres comme le Cyber Crips de Paris ailleurs dans le monde ?
- J’avais participé à la conception et au lancement d’un centre à Haïti, où un très bon travail d’adaptation des supports pédagogiques avait été fait. Par exemple avec des vidéos en créole haïtien. Malheureusement, le centre a été fermé pour des rasions de sécurité après le tremblement de terre.
Propos recueillis par Marie-Laure Ziss-Phokeer
 
- Voir la vidéo de présentation du Cyber Crips de Paris : http://youtu.be/cd435zvYhmg
- Site internet du Cyber Crips d’Ile-de-France : http://www.lecrips-idf.net/article7.html
Appel aux financeurs dès à présent
Le lancement du centre est supervisé par l’ONG PILS et son roulement sera confié à l’ONG LEAD dans les mois à venir. Rogers CSR et NSA Unit assureront le financement du Cyber Espace Santé pour la première année.
Pour assurer la pérennité du Cyber Centre, tous les sponsors intéressés par la prévention des risques, la santé et le développement intégral des adolescents sont invités à se manifester. Pour plus de renseignement, contacter Guffran Rostom, responsable de l''''Unité de Prévention, Communication, Formation et Plaidoyer à PILS :  g.rostom@pils.mu
Pour suivre l’actualité sociale, connectez-vous sur www.ACTogether.mu.
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