Journée de shopping solidaire, le Marché de Noël organisé vendredi au Caudan sera le reflet d’une année de travail soutenu et d’émotions intenses partagées en coulisses. Lumière sur les chefs d’atelier, artisans méconnus, mobilisés auprès des bénéficiaires, pour leur redonner confiance dans la vie, à travers l’expression de leurs talents.

Rita Byesivram : «Le rotin, loin d’être monotone»

Rita Byesivram travaille dans un atelier perdu au cœur de la campagne, sur la côte est, à Beau-Champ. Pourtant, en poussant la porte de l’organisation non gouvernementale EWAD (Eastern Welfare Association for the Disabled), des petites merveilles attirent le regard, notamment des décorations de Noël, telles que des guirlandes des boules lumineuses, des couronnes, mais aussi des objets de décoration de taille impressionnante, comme des tables en rotin…

D’une petite voix, Rita Byesivram dresse modestement la liste des produits qu’elle réalise avec son groupe d’élèves, constitués d’une quinzaine d’adultes porteurs de handicaps : «Nous réalisons sur commande des sets de sofa, des lampes, des chaises, de la décoration pour la maison, comme des paniers à pain ou à linge…Et je m’estime très chanceuse car j’ai en commun une passion avec mes élèves : l’amour partagé durotin. On croit que le rotin est monotone,mais il y a toujours des nouveautés… Et professionnellement,j’ai dû évoluer, m’adapter.C’est différent de travailler pourson propre compte dans un atelieret de collaborer avec des personnes porteuses de handicap physique ou d’un petit retard mental. J’avoue, les débuts n’étaient pas faciles, mais je ne regrette rien. Des15 jeunes adultes que j’ai formés, je dirais que six sont très qualifiés aujourd’hui. Et je suis très fière de leur réussite !»

Pour vos commandes : 5731 0113

Alexandra Lamoureux, Priscilla Mariol et Jocelyne Sungaren : «L’art des perles, outil d’apprentissage»

Le Centre ANFEN (Adolescent Non Formal Education Network) de Joie de Vivre sera présent au Marché de Noël, vendredi, pour présenter la production de ses élèves mais aussi pour rencontrerles donateurs individuels et les sponsors. Les contributions CSR seraient les bienvenues pour cette école alternative, qui prodigue un enseignement varié et de qualité.Ce centre ANFEN fait également preuve de créativité dans ses levées de fonds, mais l’argent manque encore pour envisager sereinement l’année scolaire 2014… Mais les éducatrices ne perdent jamais leur motivation. Àl’image de Priscilla Mariol,qui annonce la sortie d’une nouvelle collection de décorations en perles : «Nathalie Koenig nous a initiés à l’art des perles en développant des modèles, puis les éducatrices et les élèves ont imaginé des variantes… Et même sur le thème seul de Noël, le potentiel créatif des enfants est sans limite !»

Pour Alexandra Lamoureux, les perles ont l’avantage de faire travailler également les mathématiques, car il faut aussi apprendre à conceptualiser un objet (ange, Père-Noël…) en trois dimensions. Ce qui ne semble pas du tout être un casse-tête pour les élèves. Jocelyne Sungaren est fi ère de la réussite des élèves de l’Atelier Joie de Vivre, malgré les difficultés familiales auxquelles ils font face : «Nombre d’entre eux veulent se lancer dans l’artisanat, mais je regrette qu’il n’y ait pas assez de débouchés.Et nos élèves n’ont pas les moyens de faire les investissements de départ, dans les matières premières ou autres,c’est dommage…» À moins que de généreux donateurs ne se présentent sur le stand de Joie de Vivre vendredi au Caudan, pour donner un coup de pouce à ce centre ANFEN et à ces jeunes.

Joie de Vivre tel : 5736 9002

Sassi Naraidoo : «Chaque carte représente beaucoup d’efforts»

Chaque année, les cartesde voeux de Friends in Hope partent comme des petits pains, tant leurs couleurs, leurs designs, leur humour attirentl’oeil… Un regard attentif permettra de comprendre que toutes ont été réalisées à la main… Un travail colossal mais formateur, comme l’explique Sassi Naraidoo, Rehabilitation Officer à Friends in Hope : «Réaliser une carte, cela peut déjà se révéler compliqué pour une personne en pleine forme, alors il faut imaginer ce que cela requiert comme concentration, patience, minutie pour une personne atteinte de troubles psychiatriques tels que la schizophrénie ou la bipolarité.Chaque carte, réalisée étape par étape, représente beaucoup d’efforts au final. Mais l’ambiance est toujours joyeuse à Friends in Hope, nous travaillons dans l’atelier en musique… Et il y a de l’entraide au quotidien entrele personnel, les volontaires et les adhérents. Un réel partage dans les deux sens !» Une belle équipe et une belle ambiance à retrouver sur le stand de Friends in Hope, le vendredi 29 novembre.

Friends in Hope Tel :427 0495

Anila Servansingh : «Je reçois des leçons de vie»

À OpenMind, à Quatre-Bornes, l’atelier thérapeutique est tellement avancé et productif qu’il permet d’alimenter une boutique solidaire ouverte toute l’année ! Seize bénéfi ciaires fréquentant ce centre de jour ont participé à la production du Marché de Noël. Ils souffrent de différentes pathologies : dépression, schizophrénie, troubles du comportement… Anila Servansingh raconte : «Je travaille à leurs côtés sans peur car je vois dans leurs yeux, qu’entre nous il y a beaucoup de confiance. Nous travaillons également en équipe avec des day care assistants et strictement selon les recommandations du neuropsychologue. Nous canalisons ainsi les bénéficiaires vers les activités créatrices qui conviennent le mieux à leurs aptitudes et à leur état de santé. Commeles patients sont âgés entre 18 et 70 ans, il y a parfois des conflits intergénérationnels à gérer en plus, mais en général, c’est vraiment un plaisir de travailler avec ce groupe. À la fin du jour, c’est eux qui m’apprennent beaucoup… Au quotidien, je reçois des leçons de vie… Ils me montrent lavoie de la persévérance, du courage, de la patience…»Tous les bénéfices collectés sur le stand d’OpenMind, dédié à l’art de la table, seront repartagés entre les bénéficiaires. Une raison de plus de craquer pour quelques belles assiettes aux motifs de fêtes modernes et rigolos...

Open-Mind, tél. : 4641361

Kamna Neewoor : «Le sens du travail bien fait»

Certains bénéficiaires sont au Marché de Noël pour la troisième année consécutive. C’est le cas des élèves de l’association Terre de Paix. Le renouvellement des produits est à la hauteur de leur potentiel en matière de créativité, ce qui fait le bonheur de Kamna Neewoor, leur éducatrice attitrée pour cette matière.

Ces enfants, expliquent Kamna, souffrent des étiquettes «élèves en échec scolaire» ou «en échec social» et manquent donc de confiance en eux-mêmes, alors qu’ils sont seulement inadaptés au système mainstream. Or, dit-elle, un enfant n’est jamais «inadapté», c’est au système de s’adapter à lui.

À La Fondation pour l’Enfance-Terre de Paix, un programme varié permet à chaque enfant de grandir à son rythme, en visant son développement intégral. Au programme : yoga, musique, apprentissage du kreol, de l’anglais comme langue étrangère, pâtisserie, natation… et la créativité tient une place importante, notamment lorsqu’il s’agit de fabriquer des décorations de Noël, dont des étoiles multicolores en magnets.

«Les adolescents, qui étaient les plus motivés par ce projet, ont réussi à devenir très patients et plus méticuleux au fil du temps, explique Kamna Neewoor.J’ai veillé à la qualité des finitions pour les produits. Intégrer le sens du travail bien fait a donc fait partie de l’apprentissage. Au total, une dizaine d’élèves âgés de 14 à 17 ans se sont investis à fond dans ce projet et beaucoup d’autres y ont contribué par petite touche. Le secret avec les enfants, surtout les hyperactifs, c’est de composer un programme avec plusieurs activités. Même pour une seule session de créativité, il faut penser à l’avance différentes activités à proposer : dessin, peinture, lecture, bricolage, collage… pour avoir une parade pédagogique quand un enfant se lasse. Et il faut travailler par petit groupe, 6 à 8 élèves au maximum.»

Terre de Paix, tél. : 5238 3011

Josée Krishnamoorty : «L’amitié en guise desoutien moral»

À Link to Life, l’ambiance est toujours détendue, alors que les moments que traversent les bénéficiaires ne sont pas toujours joyeux. Ainsi va la vie avec le traitement du cancer. Pour les patients subissant un traitement éprouvant (chimiothérapie, radiothérapie…), les liens d’amitié mettent du baume au coeur... comme en témoigne Josée Krishnamoorty, volontaire à Link toLife : «Avant, l’atelier d’artisanat était organisé une fois par semaine, mais avec le lancement du projet de Marché de Noël, dès le mois de mars, les femmes ont décidé de se réunir deux fois par semaine. Nous avons assuré une production importante, tout en resserrant nos liens.Et l’amitié, c’est primordial comme soutien moral pour traverser les épreuves de la vie. En bricolant, les femmes partagent leur vécu, leurs projets, leurs soucis et leurs douleurs aussi. Cette année, grâce à Link to Life, j’ai pu bénéficier d’une formation à l’écoute et cela m’a beaucoup aidée à accueillir leurs mots, en prenant du recul… Et je suis motivée à m’engager encore davantage dans le social. J’envisage de devenir écoutante pour les patients à l’hôpital. Le message que j’aimerais transmettre au public :«Devenez volontaire, car vous donnerez beaucoup,mais vous recevrez bien davantage. Jereçois beaucoup d’amour à Link to Life et c’est la vérité, nous passons plus de bons moments en partageant notre joie, que de mauvais instants!»

Link to Life, tél. : 686 0666

Linda Busgeeth : «Aucun objetn’est tabou»

Au centre résidentiel Étoile d’Espérance, à Quatre-Bornes, une dizaine de patientes ont contribué durant l’année à la production du Marché de Noël. Entre leurs mains, des produits étonnants, comme une couronne confectionnée en bouchons. Le bouchon, une matière première qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans un atelier d’art-thérapie pour patientes alcooliques.

Selon Linda Busgeeth, «les ateliers servent à occuperl’esprit et le corps, tout en étant thérapeutiques. Ainsi,nous confectionnons des objets miniatures qui permettent de libérer la parole : une mini-chemise d’homme ou des chaussons en papier vont aider les patientes à aborder les relations de couple, la violence dans la famille… Parfois, les séances sont difficiles, avec des pleurs.Mais dans l’atelier, aucun sujet,ni aucun objet à recycler n’est tabou. Nous utilisons ainsi comme matière première des bouchons, des bouteilles et nous montrons aux patientes que nous pouvons en faire quelque chose de positif».

Comme un parcours de vie positif, à l’image d’une renaissance après l’alcool. Et pour ne rien enlever au processus thérapeutique, les objets sont en effet très esthétiques, très colorés, très joyeux et trouveront place sur les tables et les portes au moment des fêtes. La preuve que, des larmes et de l’effort, peuvent naître des produits merveilleux et des parcours de vie fabuleusement résilients !

Étoile d’Espérance, tél. 427 0513

S’engager

Le Marché de Noël Solidaire est l’occasion idéale de prendre des renseignements sur les postes à pourvoir au sein des ONG, mais aussi sur les missions pour lesquelles les associations cherchent des volontaires.

■Les offres d’emploi et les appels à volontaires du secteur social sont consultables sur le site www.ACTogether.mu

Infos pratiques

Organisé par la Fondation Nouveau Regard du Groupe CIEL et le site internet ACTogether.mu, le Marché de Noël Solidaire aura lieu le vendredi 29 novembre au Caudan, en collaboration avec Caudan Communauté.

■Les revenus de la vente seront reversés dans leur intégralité aux associations partenaires : L’APEIM, Friends in Hope, Link to Life, La Fondation pour l’Enfance-Terre de Paix, OpenMind, SAFIRE, EWAD, Étoile d’Espérance, Joie de Vivre et les incubateurs d’artisanat Local Hands.

■Un lieu, un horaire et une seule date à retenir : Caudan Waterfront, de 9 h 30 à 17 h, le vendredi 29 novembre.

■Premiers arrivés, premiers servis… Mais pas de précipitation, le personnel des ONG sera là aussi pour parler des causes qui leur tiennent à coeur. Des causes défendues par leur association respective. Les dons seront donc les bienvenus. Le Marché de Noël Solidaire est l’occasion d’obtenir des informations sur les services offerts au public tout au long de l’année.

■À noter : pas de paiement par carte bancaire.

■Merci par avance pour les sourires et les marques d’appréciation, qui viendront récompenser une année de travail. Un dur labeur réalisé au sein de chaque association dans la joie et la bonne humeur !