« Know your rights and celebrate your self ». C’est le thème choisi pour la 7e Marche des fiertés organisée le samedi 2 juin à Rose-Hill. En amont de ce rassemblement grand public, le point sur les droits des LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, transgenres) avec Jean-Daniel Wong et Nathalie Ahnee du Collectif Arc-en-Ciel.

- Le Collectif Arc-en-Ciel recueille les témoignages des personnes LGBT victimes de discriminations, comment évoluent ces discriminations ?

Nathalie Ahnee : - Nous avons plus de témoignages aujourd’hui, que nous n’en avions à la création du Collectif Arc-en-ciel  il y a 7 ans. Cela ne veut pas dire que les discriminations sont plus fréquentes, mais plutôt, je l’espère, que notre association est mieux connue. Mais nous constatons une évolution sur le type de discriminations. Avant c’était surtout des problèmes familiaux, aujourd’hui, nos membres nous rapportent des cas plus variés : harcèlement dans le voisinage, sur le lieu de travail… Il y a aussi tous les problèmes rencontrés par les transgenres, parce qu’ils ne peuvent pas changer de sexe sur leur papier d’identité. Or, quand une femme cherche un emploi alors qu’elle s’appelle « Robert » pour l’état civil, ce n’est pas évident.

- Concernant les droits des LGBT et la protection face aux discriminations, comment jugez-vous les évolutions législatives ? Et sont-elles suffisantes ?

Nathalie Ahnee : - Il y a eu des avancées avec l’Equal Opportunity Act et l’Employment Rights Act, qui stipulent clairement qu’il est illégal de discriminer quelqu’un sur la base de son orientation sexuelle, notamment. Mais ce sont des petits pas, d’autres problèmes se posent dans la vie quotidienne pour les LGBT. Ainsi, il serait temps d’aborder la question de l’union civile entre personne de même sexe et l’adoption d’enfant.

Jean-Daniel Wong : - A Maurice, il manque également un engagement public des hommes politiques. Au niveau international, Hillary Clinton, François Hollande, Jean-Luc Mélenchon ont fait des déclarations fortes en faveur des Droits des LGBT. Faire des lois ce n’est pas tout, il faut aussi que les mentalités de la population évoluent. Et pour cela, l’engagement des hommes politiques est bien important. Et je rappelle que défendre les Droits des LGBT, ce n’est rien d’autre que défendre les Droits humains. Notre pays est à un tournant s’il veut être leader dans la région en matière de défense des Droits de l’Homme ! Mis à part la Réunion qui dépend des lois françaises, Maurice est plutôt avancé sur la question, mais doit faire davantage pour être un modèle pour l’Océan Indien.

- Pour vous, qu’est-ce que la reconnaissance officielle de l’union civile apporterait de plus que la vie en concubinage pour les LGBT ?

Nathalie Ahnee : - Un cas concret m’a été rapporté : une femme a été admise d’urgence à l’hôpital. Quand sa compagne s’y est présentée, comme elle n’était pas de la famille elle n’a pas eu accès à la chambre, ni au dossier médical. Si la patiente avait dû subir une intervention médicale, elle n’aurait pas pu signer pour autoriser cette opération…

Jean-Daniel Wong : - L’absence de reconnaissance de l’union civile entre personne du même sexe pose des problèmes au niveau des prêts, des héritages, des séparations, des pensions alimentaires… Idem pour les enfants : l’autorité parentale n’est pas partagée. Donc pour aller rechercher à l’école l’enfant de son/sa partenaire, il faut un accord informel avec l’école… Les situations les plus banales de la vie de tous les jours deviennent un casse-tête !

- Vous revendiquez l’union civile, mais vous ne parlez jamais de « mariage », pourquoi ?

Nathalie Ahnee : - Parce que le mot « mariage » a une dimension religieuse. Quoique dans chaque religion, il y a des courants progressistes, qui ne condamnent pas l’homosexualité.

- Vous avez invité le député népalais Sunil Pant à Maurice, il est un exemple pour vous ?

Jean-Daniel Wong : - Oui. Grâce à un seul homme, les Droits des LGBT ont fait un énorme bond en avant au Népal, en 10 ans ! Grâce à Sunil Pant,  aujourd’hui le Népal reconnait le 3e genre sur les cartes d’identité pour les personnes transsexuelles, ce qui les a aidées à accéder au marché du travail, au droit de vote… Ce qui n’est pas possible quand la carte d’identité ne reflète pas ce que la personne est vraiment, comme c’est le cas à Maurice. Le Népal est aussi en passe d’autoriser l’union civile aux personnes de même sexe.

- Sunil Pant a aussi une agence de voyage dédié au tourisme LGBT, vient-il à Maurice pour proposer cette destination sur son catalogue ?

Nathalie Ahnee - Sa vision est davantage de promouvoir le Népal comme une destination « gay-friendly » et de donner ainsi du travail aux LGBT et aux transgenres en particulier. C’est stratégique, car ces personnes victimisées sur le marché du travail sont mises en situation de pauvreté et peuvent tomber dans la prostitution et la criminalité. Sunil Pant agit directement sur ces fléaux en leur donnant de l’emploi dans le secteur du tourisme.

- Maurice ne pourra jamais devenir une destination « gay-friendly » à cause de la loi pénalisant la sodomie ?

Nathalie Ahnee : - Détrompez-vous, les acteurs du tourisme ont déjà fait de la promotion pour des packages mauriciens « lune de miel  » dans des publications étrangères destinées aux LGBT. C’est de l’hypocrisie.

- Pour la loi pénalisant la sodomie, n’est-elle pas en contraction avec l’Equal Opportunity Act qui pénalise la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle ?

Nathalie Ahnee : Non apparemment, car les champs d’applications de l’Equal Opportunity Act sont précis. Et la loi pénalisant la sodomie s’applique aussi bien aux couples hétérosexuels qu’aux couples homosexuels.

- Brian Glover, président de l’Equal Opportunity Commission a annoncé dans une interview qu’il va favoriser les règlements à l’amiable. En tant qu’association, n’attendez-vous pas, au contraire, des condamnations qui feraient jurisprudence et qui montreraient au public la gravité des discriminations ?

Nathalie Ahnee : - Nous n’avons rien contre les règlements à l’amiable, si les dispositions sont prises ensuite pour que la discrimination ne se reproduise pas. Par exemple, la condamnation d’une entreprise coupable de discrimination sur la base de l’orientation sexuelle sera un signal fort envoyé à tous les employeurs.

Par contre, il va falloir que cette commission soit saisie, or c’est très difficile d’apporter les preuves de la discrimination. C’est souvent la parole du salarié contre celle de l’entreprise ou la parole d’un voisin contre un autre.  Mais  la mise sur pied de cette commission est déjà une très bonne initiative ! Et ce pour tous les citoyens. Nous allons d’ailleurs profiter de la Marche des fiertés du samedi 2 juin pour distribuer des brochures expliquant à tous les citoyens l’Employment Rights Act et l’Equal Opportunity Act, dans leur ensemble.

• Hotline du Collectif Arc-en-Ciel : 920.7605
• Site web : http://www.collectifarcenciel.org
• Rassemblement pour la Rainbow Parade dès 10h30 le samedi 2 juin devant le Plaza à Rose-Hill. Le départ de la marche sera donné à 13 heures.

Le député népalais Sunil Pant, défenseur acharné des Droits des LGBT, séjournera à Maurice du 30 mai au 5 juin. Au programme : rencontre avec les politiciens mauriciens, partage d’expérience avec les ONG et participation à la Marche des fiertés.
Rendez-vous le samedi 2 juin au Plaza à Rose-Hill pour La Marche des Fiertés, qui débutera à 13h. 
Pas de dress code pour cette journée ! Mais la détente est garantie, tout en défendant une cause sérieuse !

Sunil Pant, invité d’honneur

Le député népalais Sunil Pant, défenseur acharné des Droits des LGBT, séjournera à Maurice du 30 mai au 5 juin. Au programme : rencontre avec les politiciens mauriciens, partage d’expérience avec les ONG défendant les Droits Humains sur le thème du plaidoyer et participation à la Marche des fiertés du 2 juin.

Les services gratuits du Collectif Arc-en-Ciel

• Soutien psychologique et conseils légaux aux personnes discriminées sur la base de leur orientation sexuelle
• Pour toutes vos questions sur l’homosexualité, le coming-out… Rendez-vous à la permanence au 57 avenue de la Faye à Belle-Rose ou appelez la hotline : 920.7605 ou consulter le site web : www.collectifarcenciel.org
• Dépistage rapide, gratuit, anonyme et confidentiel du VIH et autres infections sexuellement transmissibles tous les samedis de 10h à 14h à la permanence.
 Tel 465. 4596
• Sensibilisation au sein des entreprises pour informer les salariés sur l’homosexualité, prévenir l’homophobie et rappeler les modes de transmission du VIH-Sida. Projet financé par Rogers CSR. Plus d’information au 465.4596

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