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Le funambule

Une nouvelle page est venue s’ajouter, vendredi dernier, à notre feuilleton politique national.  Aussi étrange que cela puisse paraître aux yeux de l’observateur étranger, le Mouvement militant social démocrate (MMSD) sera à la fois l’allié et l’adversaire de la majorité gouvernementale.  Mario Bienvenu, son unique élu aux récentes élections municipales, exercera comme maire de la Ville Lumière avec le soutien des sept élus de l’alliance Travailliste-Parti mauricien social démocrate.  Dans le même temps, le leader de son parti, Eric Guimbeau, s’évertuera, au niveau national, à remplir, honnêtement et farouchement, son rôle de député de l’opposition
Pour burlesque qu’elle puisse être, une telle situation n’a rien d’inédite dans les annales politiques mauriciennes.  En effet, ce n’est pas la première fois qu’un parti ou un homme politique de chez nous se retrouve le postérieur placé entre deux chaises.  Il y a bien eu, au début des années 1980, un leader politique, Satcam Boolell pour ne pas le citer, en attente, durant plusieurs mois, d’une «offre digne et sincère» et qui a fini par rejoindre la majorité gouvernementale d’alors.  Il y a eu ensuite, en 1990, les mamours du Mouvement militant mauricien, alors de l’opposition, et du Mouvement socialiste militant, alors au pouvoir, sur fond de la Guerre du Golfe.  Suivis, trois ans plus tard, du fameux épisode de «ministres indépendants» du tandem Jayen Cuttarree- Alan Ganoo, au lendemain de la deuxième rupture entre Anerood Jugnauth et Paul Bérenger.  Et plus près de nous, en mars 2009, il y a eu ce nouveau vocabulaire d’«opposition loyale» inventé par Pravind Jugnauth en guise de reconnaissance à Navin Ramgoolam pour le soutien accordé à sa candidature à l’élection partielle de Quartier Militaire-Moka.
Mais pour l’heure, nul ne peut toutefois prévoir le temps que dureront les fiançailles entre l’alliance PTr/PMSD et le MMSD.  Mais à ce jour, les œillades entre politiciens ont toujours donné lieu à des accords bien plus formels.  Car à la différence du funambule, le politicien mauricien est souvent sujet au vertige et déteste rester longtemps sur la corde raide.
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