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Juliette François Assonne: «En remboursant leur maison, les familles gardent leur dignité»

10 juin 2012, 20:00

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Juliette François Assonne: «En remboursant leur maison, les familles gardent leur dignité»

Juliette François Assonne, ancienne responsable du développement des projets intégrés pour la «National Empowerment Foundation», chargée des projets de relogement de La Valette, à Bambous et de Sottise, à Grand-Baie.


? Pour vous l’éducation à l’habitat est primordiale, de quoi s’agit-il ?

Les gens et certaines associations attendent parfois du gouvernement qu’il donne des maisons gratuitement, en sous-estimant la capacité de remboursement des familles. Or, je n’ai pas la même philosophie. Je suis convaincue qu’il faut changer l’état d’esprit des bénéficiaires des programmes de logement sociaux. C’est là que l’éducation à l’habitat est primordiale. Le but final doit être de responsabiliser les gens. Or, si on leur donne une maison, ils risquent de ne pas l’entretenir convenablement, de ne pas chercher un travail... Il faut donc insister sur l’importance du remboursement et des conditions à respecter. Au final, les familles en sortent gagnantes, car en remboursant leur maison, elles gardent leur dignité.

? Selon vous, qui doit se charger d’accompagner les familles et sur quelle durée ?

Pour qu’un programme de relogement social marche, il faut que les ONG soient formées dans l’accompagnement des familles. D’après moi, il est nécessaire de travailler avec les bénéficiaires 1 an ½ avant le relogement et maximum 2 ans après, afin de rendre les adultes suffisamment autonomes. Ensuite il faut les lâcher, sinon ce n’est pas de l’empowerment c’est de l’assistanat ! Par exemple, si à l’issue de ces 3 ans et demi, les enfants sont toujours aussi négligés par leurs parents, c’est que l’association n’a pas rempli sa mission dans la phase d’accompagnement des familles. Après les 3 ans et demi, les ONG peuvent toutefois continuer à s’impliquer sur le terrain, par exemple pour apporter des services, tels que l’aide aux devoirs.

? Si les adultes ne cherchent pas de travail ou n’envoient pas les enfants à l’école, quelle sanction serait la plus appropriée ?

Si une famille ne revoit pas son style de vie, il faudrait reprendre la maison et considérer la somme qu’ils ont déjà versée comme un loyer. D’ailleurs, les bénéficiaires de programme de logement doivent signer un contrat social. Respecter ces engagements c’est déjà acquérir des valeurs humaines. S’ils n’en sont pas capables, malgré l’aide de l’ONG, alors c’est raté. Je sais qu’on ne peut pas réussir avec toutes les familles. Disons que sur 50 familles relogées, si 10 seulement posent des problèmes, on peut quand même parler de succès.


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