Brigitte Masson, volontaire à l’atelier d’écriture de l’association La Pointe Tamarin :

 « L’entrée du kreol à l’école, c’est l’aboutissement d’un combat de 35 ans.  Nous étions un certain nombre dans les années 70-80 à nous battre pour que le kreol soit reconnu à part entière comme une langue et à l’école, comme la langue maternelle de la très grande majorité des enfants mauriciens. En 1983, j’avais écrit deux histoires pour enfants en kreol, Zistwar Lilet ek Gaspar (éditées sur cassettes) et j’avais proposé au Ministère de l’Education de les utiliser comme outils pédagogiques dans les écoles maternelles. On m’avait répondu que malheureusement, les histoires étant en kreol,  il n’était pas question qu’elles rentrent dans les écoles… Il aura fallu attendre 29 ans pour que le discours change, tant mieux !

L’enseignement du kreol permettra sans nul doute à de nombreux petits Mauriciens de ne plus être en décalage avec leur pensée et libèrera enfin leur imaginaire, leur prise de parole et leur capacité à apprendre. C’est ce que je vois à l’œuvre dans le cadre de l’atelier d’écriture de l’association La Pointe Tamarin ! Par contre, je suis très inquiète de son statut de langue optionnelle au même titre que les langues orientales. En ethnicisant ainsi le kreol, on refuse de reconnaître une fois de plus, 44 ans après l’indépendance, le caractère national de cette langue …

Par ailleurs, il sera très intéressant dans quelques années de faire une évaluation des élèves qui auront suivi ses cours. Quelles seront leurs performances comparées aux autres enfants, non pas seulement en terme de réussite académique, mais aussi et surtout en terme d’épanouissement personnel et de rapport au savoir. »

Propos recueillis par Marie-Laure ZISS-PHOKEER

(Source : rubrique Solidarité, l''express du février)

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