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Etats-Unis et Israël, grands perdants du printemps arabe?

19 novembre 2011, 20:00

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Etats-Unis et Israël, grands perdants du printemps arabe?

La chute des régimes dictatoriaux dans le monde arabe a modifié considérablement les relations internationales. Et ce n''''est qu''un début. Le vent du printemps arabe pourrait encore faire trembler les murs des dictatures du Moyen-Orient. Entre les «gagnants» et les «perdants», qui profite réellement de ces bouleversements politiques?

Graham E. Fuller, auteur américain et spécialiste de l’extrémisme islamiste et ancien de la CIA, livre une tribune au Christian Science Monitor, dans laquelle il désigne d''abord les grands perdants de ce nouvel ordre mondial: les Etats-Unis et Israël.
Fuller explique que les dictateurs du Moyen-Orient qui ont maintenu jusqu’ici une certaine stabilité dans la région, en échange du soutien politique et financier des Américains, sont en passe de chuter. Selon lui, le Bahreïn, la Jordanie ou encore l''Arabie Saoudite sont les prochains sur la liste. S’ils se démocratisent, ces pays pourraient devenir plus sévères à l’égard d’Israël. L’écrivain le concède, la chute du régime syrien de Bachar el-Assad hostile à Israël pourrait être une bonne nouvelle pour le gouvernement de Nétanyahou. Mais il doute qu’un  «nouveau régime sunnite dirigé par les Frères Musulmans, soit plus indulgent avec Israël qu’Assad.»

Les grands gagnants

Par ailleurs, le désir de liberté et de démocratie dans les pays arabes pourrait renforcer le sentiment contre l’impérialisme des Etats-Unis qui ont tendance à vouloir intervenir dans tous les évènements, selon leurs intérêts. Ces pays n’éliront probablement pas de dirigeants pro-Américains. Pour preuve la montée de l’influence des partis islamistes et nationalistes. Aussi, l’Iran qui ne fait plus figure de champion de la lutte contre les régimes despotiques du Moyen-Orient, pourrait également être fragilisé.

Fuller décèle aussi deux groupes de grands gagnants. Tout d’abord, les peuples, évidemment. Même si, pour eux, l’avenir est encore incertain et la route vers la démocratie sera difficile. Enfin, les nouveaux pays émergents comme la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil ou la Turquie, pourront profiter de la perte de la suprématie américaine pour jouer un rôle important dans cette nouvelle donne internationale.

Le «Printemps arabe» a coûté 40 milliards d''euros

L’agence Geopolicity a tenté d’évaluer les conséquences économiques des soulèvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ainsi, la Libye, la Syrie, l''Egypte, la Tunisie, le Bahrein et le Yémen ont perdu plus de 55 milliards de dollars, soit environ 40 milliards d’euros, dont 15 milliards d''euros de chute du PIB, et 25 milliards d''euros de baisse des finances publiques.

Selon le rapport détaillé par la BBC, la situation de la Libye est particulièrement préoccupante. Ses revenus ont chuté de 84%. «Le conflit en Libye ( photo) aurait ralenti l’activité économique en lui faisant perdre 7,67 milliards de dollars []5,5 milliards d''euros]. Plus de 740.000 personnes ont fui le pays depuis le début du conflit, et l’arrêt quasi-total de l’activité du secteur des hydrocarbures a dévasté l’économie.»

Au contraire, les autres pays de la région qui n’ont pas été secoués par les révoltes populaires ou qui les ont réprimées, ont profité des troubles politiques de leurs voisins. Cela est surtout vrai pour les pays exportateurs de pétrole, comme les Emirats Arabes Unis, le Koweit et l’Arabie Saoudite. Geopolicity montre qu’ils ont augmenté leurs recettes publiques, avec une hausse de 25% pour l''Arabie Saoudite et de 31% pour les Emirats.

Cependant, l’agence Geopolicity explique que le coût du printemps arabe ne peut pas être calculé de façon précise. Elle a estimé l’impact des pertes de productivité sur le PIB, et les baisses des revenus du gouvernement. Mais les coûts humains et matériaux n’ont pas été pris en compte. L’agence  pointe la nécessité d’une aide internationale dans cette région: «l’aide promise par le G8 de Deauville en mai 2011 n’a pas été traduite en acte». Le rapport recommande aussi à la Ligue Arabe et au Conseil de coopération du Golfe de conduire le processus de réforme en interne.

Source : AfriqueSlate & The Christian Science Monitor.

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