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Dans les yeux des enfants de SAFIRE
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Dans les yeux des enfants de SAFIRE

Emerveillés, 18 enfants en situation de rue ont découvert l’audiovisuel grâce à l’ONG SAFIRE.
En tournage dans leur quartier en septembre, ils présenteront leurs courts-métrages le mardi 20 novembre à Bagatelle, dans le cadre de la première édition du Festival du film dédié aux Droits de l’Enfant.
Camp-Levieux un jeudi après-midi pas comme les autres. Des ex-détenus sont venus témoigner devant la caméra de Stéphanie, une jeune fille de 15 ans, suivie par l’association SAFIRE. Cadrage, lumière, interview, Stéphanie prend son rôle de documentariste très au sérieux.
Elle part en quête de réponses sur les conditions de vie en prison et garde en tête le message qu’elle veut transmettre à travers son film*. « Je connais beaucoup d’habitants du quartier qui sont au Rehabilitation Youth Center ou en prison, je n’ai pas envie que d’autres jeunes partent là-bas, je veux les mettre en garde et leur montrer quelles sont les conduites à ne pas avoir », annonce Stéphanie. Seule fille du groupe ce jour-là, elle sait se faire respecter et faire le silence autour d’elle, quand sa caméra se remet en marche…
Les adolescents suivis par SAFIRE à Camp Levieux n’ont pas tous accepté de suivre cette initiation à l’audiovisuel, notamment par manque de confiance en eux, mais tous sont là, intrigués par le tournage.
« Depuis 7 ans que je travaille à Camp Levieux, c’est la première activité pour laquelle il y a autant de présence et de ponctualité. Mieux même que pour les matchs de foot ! », s’enthousiasme Shirley Moura, éducatrice de rue de SAFIRE, « les jeunes ont beaucoup de choses à raconter et des messages forts à faire passer sur leur vécu. Grâce à l’audiovisuel, ils ont trouvé un canal pour s’exprimer.Grâce à cette expérience, ils se sont confiés sur leurs passions, leurs loisirs, leurs rêves… alors qu’en général c’est difficile de les faire parler d’eux. ».
Le Droit à la participation est d’ailleurs un des Droits fondamental de l’Enfant, défendu dans la Convention internationale qui leur est dédiée. Ce Droit à la participation est aussi au cœur du travail des éducateurs de SAFIRE, au quotidien, dans la rue. 
« Tous les citoyens ont le droit de participer au fonctionnement d’une société démocratique, y compris les enfants, qui sont des sujets de droits à part entière. La participation des enfants, c’est le droit, pour les enfants de s’exprimer, d’être entendus et d’être associés à la prise des décisions, à la maison, à l’école, dans leur quartier, et dans toutes les procédures judiciaires ou administratives qui les concernent », explique Ismahan Ferhat, manager de SAFIRE.
Spécialement pour illustrer le Droit à la participation des jeunes, Nitish, un adolescent de Camp Levieux a été désigné comme maître de cérémonie pour la soirée du Festival, qui se déroulera le 20 novembre à Bagatelle. Et l’affiche du festival a été également choisie par les jeunes. Nitish, Mike, Brendon, Vanessa, Kinsley, Donald, Brian, Steven et Candy sont impatients de connaître les réactions du public sur leurs courts-métrages !
La soirée du Festival du film des Droits de l’Enfant organisée par SAFIRE en collaboration avec l’association TIPA se déroulera le 20 novembre à 18h au cinéma de Bagatelle.
• SAFIRE : tel : 433.4371
*Le film de Stéphanie n’a pas pu aboutir encore et ne sera pas présenté dans cette première édition du Festival du Film dédié aux Droits de l’Enfant.  
Les thèmes traités dans les films
Les cités dans l’œil des jeunes habitants, c’est ce que découvriront les invités du Festival du film des Droits de l’enfants organisé par SAFIRE, le 20 novembre à Bagatelle.
Pour Ismahan Ferhat, manager de SAFIRE, « les jeunes en situation de rue ont un regard très militant lorsqu’il s’agit d’évoquer leur vécu, leur quotidien… Ils ont choisi des thèmes qui leur tenaient à cœur, comme les problèmes d’infrastructure à Riambel, notamment les coupures d’eau et d’électricité. Ils ont aussi voulu mettre en avant les talents des cités qui sont souvent méconnus, comme les sportifs, les musiciens, les chanteurs… Il s’agira donc aussi de films porteurs d’espoir qui surprendront les spectateurs ».
Nitish : « Mo finn gagn enn but »
« Avan mo pa ena ambition, me ek l’atelie odioviziel-la, mo finn gagn enn but dan mo la vie », confie Nitish, 16 ans, « et j’espère aller plus loin, j’ai encore beaucoup à apprendre… ».
Enfant en situation de rue, Nitish a grandi à Camp Levieux avec sa maman, ses grands-parents et sous l’œil attentif des animateurs de SAFIRE, qui l’accompagnent depuis 6 ans. « Je suis sûre que mon documentaire va donner un bonne réputation à mon quartier. Les spectateurs vont découvrir qu’à la cité Camp Levieux, il y a des gens fréquentables, je pense aux artistes par exemple ».
Dans son court-métrage, Nitish a choisi de présenter son ami Mike. Un musicien bricoleur qui fabrique depuis son enfance des instruments de musique à partir de matériaux de récupération. De la tôle, du bois et des casseroles prennent vie sous ses doigts et donnent des sons inattendus !
Nitish et Mike ont également consacré une partie de leur court-métrage à Jeff Lingaya. Grâce à ce compositeur-musicien-chanteur, les jeunes de Camp Levieux ont appris à lire et à écrire en créole en s’appuyant sur les paroles des chansons ! Un bel hommage à Jeff Lingaya, qui a aussi collaboré avec l’association Safire l’an dernier, comme personne ressource.
Enfin, Nitish remercie l’association SAFIRE pour lui avoir permis de côtoyer les « meilleurs dans le domaine » : François Wiehe et Vivek Beergonut de la maison de production Grand Soleil Films.
Trond Waage, invité d’honneur
Pour inaugurer le Festival du Film dédié aux Droits de l’Enfant, SAFIRE n’a pas choisi un grand cinéaste, mais plutôt un expert des Droits de l’Enfant en la personne de Trond Waage.
Ce Norvégien, premier Ombudsperson pour les enfants au Monde a participé à l’émergence de cette fonction dans plusieurs pays européens et africains. Cet expert, aujourd’hui membre du centre de recherches Innocenti de l’Unicef (situé à Florence en Italie) animera également une formation destinée aux responsables des ONG mauriciennes. Cet atelier de travail se déroulera le 19 novembre prochain grâce à un partenariat entre SAFIRE, l’Institut Cardinal Jean Margéot et le site web ACTogether.mu.
Qui sont les enfants en situation de rue ?
Selon une étude commanditée par SAFIRE et MFPWA en 2011, 6780 enfants seraient en situation de rue à Maurice. Ils n’y dorment pas, mais y passent l’essentiel de leur temps : 36% ne fréquentent pas l’école et 35% d’entre eux exercent une activité professionnelle. L’étude menée par le Professeur camerounais Peter Fonkwo Ndeboc a mis en évidence les causes qui poussent les enfants à errer la journée, mais aussi la nuit dans la rue et les dangers auxquels ils sont confrontés. 
« 53 % des enfants en situation de rue sont issus de familles monoparentales et souffrent d’une insuffisance présence parentale, mais il ne faut pas accuser les parents. Les racines du problème sont plus profondes et renvoient aux conditions économiques et sociales et plusieurs facteurs les poussent dans la rue », rappelle Peter Fonkwo Ndeboc.
32 % des enfants justifient l’école buissonnière à cause de leurs difficultés économiques et 55% d’entre eux avouent que c’est la pauvreté qui les a poussés à prendre un emploi. Et parmi les enfants qui travaillent : 1% se prostituent et 3 %  sont impliqués dans le trafic de drogue !
L’étude montre également que 63% des enfants, soit 4312 enfants sont exposés à au moins un danger. Parmi lesquels : la drogue, la prostitution, les agressions, l’exploitation économique…
Pour rappel, l’ONG SAFIRE intervient dans 8 régions et ses 12 éducateurs suivent 200 enfants dans leur milieu, la rue. Beaucoup d’enfants échappent donc à une prise en charge par les services de l’Etat ou à l’accompagnement des ONG. 
 
 
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