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Cindy Trevedy : «Transformer mon expérience de la rue en force positive»

14 juin 2013, 20:00

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Cindy Trevedy : «Transformer mon expérience de la rue en force positive»

Travailleuse sociale pour l’Organisation non gouvernementale AILES, Cindy Trevedy a un visage tellement lumineux qu’il est difficile de s’imaginer «l’enfer sur terre»qu’elle a traversé pendant douze ans.

 

Encore élève au collège Eden, à Curepipe, Cindy est tombée dans l’engrenage de la drogue à l’âge de 14 ans : brown sugar, psychotropes, subutex, cannabis… «Heureusement, grâce à la méthadone, j’ai pu m’en sortir, mais en moi grondait toujours la révolte… Je ne comprenais pas pourquoi lesusagers de drogues étaient toujoursstigmatisés et leur voixjamais entendue. Un jour que j’accompagnais un ami infecté par le VIH à l’hôpital Victoria, à Candos, Brigitte Michel de l'association AILES m’a proposé de transformer mon expériencede la rue en force positive,je suis alors devenue bénévole»,raconte Cindy Trevedy avec un large sourire.

 

Aujourd’hui, Cindy est salariée et travaille, notamment, deux jours par semaine à l’hôpital Victoria. Elle accompagne les bénéficiaires de l’association AILES pour leur rendez-vous au National Daycare Centre for the Immunosuppressed et visite les patients admis.

 

«Je débarque aussi à l’improviste, tôt le matin ou tard le soir pour vérifier qu’ils sont bien traités par le personnel hospitalier. Sinon, il faut faire remonter les informations au surintendant de l’hôpital et rédiger un rapport d’incident au ministère de la Santé», préciseCindy Trevedy.

 

Cindy veille aussi à ce que les patients admis disposent de leur dose de méthadone et qu’ils ne manquent de rien : compléments alimentaires, vitamines, couches sont fournis par l’association AILES. «Je me substitue à leur famille, carsouvent les personnes vivantavec le VIH sont très isolées,souligne Cindy Trevedy. Et certains malades viennent detrès loin, par exemple de Souillac,car ils ne veulent pas être vus par des connaissances àl’hôpital de Rose-Belle…»

 

Cindy fait aussi les démarches pour obtenir une ambulance en cas de besoin et aide les mamans infectées par le VIH à porter les boîtes de lait données par l’hôpital (pour éviter l’allaitement et la contamination de la mère à l’enfant). Des petits gestes très appréciés. Cindy est un «ange gardien», témoigne Mike. En avril dernier, Mike est arrivé à Candos très affaibli avec un taux de CD4 équivalent à 48 (avant la contamination au VIH, on dénombre généralement plus de 1 000 CD4/ mm3 de sang. En dessous de 200 CD4/mm3, l’immunité est très affaiblie et le patient a de grands risques d’infection opportuniste).

 

«Même à quatre pattes, je voulais repartir, mais Cindy est restée avec moi de 9 à 16 heures pour me convaincre et pour s’occuper des formalités en vue de mon admission. Elle fait un boulot magnifique !» insiste Mikeavec reconnaissance.Cindy est gênée par autantde compliments : «Je ne fais pas de magie. Mais ce n’est pas tout le monde qui veut m’écouter. Le sida est encore considéré comme la maladie de la honte et certains refusent de se faire soigner. Nous avons perdu 37 bénéficiaires depuis le début de l’année et beaucoup de jeunes. C’est dur à vivre… Mais je prends courage quand je vois les bébés qui naissent épargnés par le VIH. C’est le résultat direct d’un bon counselling auprès des mamans infectées. Notre approche n’est pas juste professionnelle, elle est humaine.»

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