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On boit seul, on ne guérit pas seul…
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On boit seul, on ne guérit pas seul…

Comme l’alcoolisme rend codépendant, c’est toute la famille qu’il faut soigner. Les associations l’ont bien compris et tendent la main aux patients et à leur entourage : conjoint, enfants, collègues…
L’Oasis du Sud
Ouvert en février 2011 grâce au soutien de la NEF, d’Omnicane et d’ENL Foundation, le centre Oasis Nou l’Espoir à l’Escalier offre un encadrement psycho-social aux personnes dépendantes (alcooliques, toxicomanes ou poly dépendantes) et également une écoute et des conseils aux proches.
La région Sud a ses spécificités et les quatre animateurs du centre Oasis nou l’Espoir à l’Escalier ont dû s’y adapter. « Avant de prendre la direction de ce nouveau centre à l’Escalier, j’ai travaillé 15 ans au Centre de Solidarité à Rose-Hill. Ici, c’est plus difficile de convaincre les alcooliques ou les toxicomanes de s’engager dans un processus thérapeutique. Même si le programme se fait en day-care, à Oasis nou l’Espoir, et pas en résidentiel. La priorité des personnes malades que nous avons approchées c’est de conserver leur travail. Une soixantaine de personnes sont venues un ou deux jours au centre l’an dernier, mais ne sont pas restées. Comme tout le monde se connaît dans les villages, beaucoup ont peur de la stigmatisation et du qu’en dira-t-on. Il y aussi tout un travail à faire sur l’acceptation de la maladie. Par exemple quand je visite les patients alcooliques à l’hôpital de Mahébourg, ils minimisent tous leur dépendance et ne voient pas leur consommation d’alcool comme une maladie ou un problème », remarque Lynley Lachicooree.
Le programme conçu propose notamment des séminaires (sur la gestion des émotions, sur l’affirmation par rapport aux autres et par rapport aux substances, sur l’estime de soi, sur la prévention de la rechute…), des groupes de paroles et des thérapies familiales et de couple (en parallèle de la réhabilitation individuelle).
«Le travail avec les proches est incontournable. Par exemple, beaucoup de nos stagiaires hommes ont des difficultés à retrouver leur place à la maison : au niveau de l’éducation des enfants, de la gestion du quotidien… Ils sont dépassés et à cause de leur alcoolisme, leur femme a tout pris en main, ils doivent alors prouver qu’ils peuvent à nouveau assumer leurs responsabilités », explique Lynley Lachicooree.
Mais l’alcoolisme ne touche pas que les hommes. « L’an dernier, sur 8 stagiaires qui ont suivi le programme dans la durée, 2 étaient des femmes et une l’a terminé avec succès et est toujours sobre aujourd’hui», témoigne Nicole Lall. L’animatrice regrette toutefois que les femmes ne soient pas plus nombreuses à venir frapper à la porte du Centre Oasis nou L’Espoir : « nous savons que beaucoup de femmes dans la région boivent en cachette à la maison ou se réunissent avec des voisines pour parler des problèmes du ménage autour d’une bouteille. Camp - Diable, Batimarais, Rivière - des - Anguilles… sont parmi les localités très touchées par l’alcoolisme ».
Pour les personnes qui préfèrent une prise en charge résidentielle ou non-mixte, le Centre Oasis Nou L’Espoir les réfère au Centre de Solidarité de Rose-Hill, au Centre d’Accueil de Terre-Rouge ou à l’Etoile d’Espérance à Moka (pour les femmes). L’an passé, 13 personnes du Sud ont ainsi bénéficié d’un programme résidentiel. Depuis janvier, 9 stagiaires ont débuté le programme du centre Oasis Nou L’Espoir en day-care. Ils se sont engagés à le suivre pendant 3 mois. La capacité de la structure étant de 20 personnes, l’équipe d’encadrement aimerait attirer davantage de dépendants, alcooliques ou toxicomanes.
«Si les habitants ne viennent pas vers nous, nous allons multiplier les causeries dans les villages du Sud pour aller les écouter et leur proposer nos services», conclut Lynley, qui perçoit ce premier obstacle plutôt comme un challenge et une invitation à persévérer dans sa mission.
Al-Anon tend la main aux proches
Comme l’alcoolisme rend codépendant, c’est toute la famille qu’il faut soigner. Les associations l’ont bien compris et tendent la main aux patients et à leur entourage : conjoint, enfants, collègues…
Il n’est pas nécessaire de boire pour souffrir de l’alcoolisme. Pourtant malgré les années difficiles vécues au côté de leurs maris alcooliques, Marie et Kate ont retrouvé la joie de vivre et une sérénité qui se lient sur leur visage et qu’elles partagent avec les 150 membres des 10 groupes mauriciens de l’association Al-Anon. Ces rencontres se tiennent à Sainte-Croix, à Vacoas, à Port-Louis, et à Goodlands. Elles sont ouvertes aux personnes proches des alcooliques : parents, collègues, amis…
«Nous sommes tous touchés par les mêmes sentiments : la honte, l’obsession (quand nous surveillons à la consommation et les sorties de notre proche malade), l’anxiété, la colère, la négation, la culpabilité, le ressentiment… alors nous avons aussi besoin d’un programme pour nous rétablir et les 12 étapes développées par l’association internationale Al-Anon nous aident énormément. Et ce, même si notre proche refuse toujours de se faire soigner. Le mieux étant tout de même que le patient suive en parallèle le programme des Alcooliques Anonymes», témoigne Marie, qui souhaite rester anonyme. L’anonymat étant à la base du fonctionnement d’Al-Anon.
ENFANTS ET ADOLESCENTS
La méthode n’est pas un programme à lire à la maison, mais plutôt une thérapie de groupe où chacun s’enrichit de l’expérience de l’autre. «Nous apprenons à travailler sur nous d’abord et à anticiper le déclic de la personne alcoolique. Quand le jour de la prise de conscience sera venu pour elle, nous saurons alors comment réagir», souligne Kate.
Entre chaque rencontre, les membres Al-Anon peuvent compter sur le soutien d’un parrain ou d’une marraine de l’association pour des entretiens téléphoniques.
D’autres groupes baptisés Al-Ateen sont réservés spécialement aux enfants et adolescents souffrant de l’alcoolisme d’un ou de leurs deux parents. Pour les aider eux aussi à aller mieux et à traverser cette dure épreuve.
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