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Accéder pleinement à ses Droits de Citoyen

19 février 2012, 20:00

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Accéder pleinement à ses Droits de Citoyen

Pushpa Lallah, secrétaire de la Fédération Pre-school Playgroup :

« Introduire le kreol et le bhojpuri à l’école au niveau primaire est une bonne façon d’arrêter d’inférioriser, aux yeux des enfants, la langue parlée par leurs parents à la maison.  En plus, je suis convaincue qu’on ne peut pas enseigner dans une langue de manière artificielle en étant déconnecté du contexte linguistique et culturel du pays dans lequel grandi l’enfant. J’en ai fait l’amère expérience avec ma fille. Elle fréquentait une école où le médium était le français, et elle refusait d’aller à l’école, tant les autres enfants la taquinaient à cause de son français… 

Je me suis alors investie dans La Fédération Playgroup. Cette association a toujours été perçue comme un ardent promoteur du kreol, en fait nous défendons plutôt le multilinguisme. Dans nos supports pédagogiques pour le pré-primaire,  nos histoires, nos chansons, nos poèmes, nos théâtres de marionnettes sont en français, en anglais, en kreol, en bhojpuri. Nous introduisant ainsi les langues étrangères par le jeu. Par contre, l’essentiel de l’enseignement dans les écoles maternelles de la Fédération Playgroup est en kreol. Dans nos écoles, nous avons constaté que grâce à la langue maternelle, l’enfant développe facilement son vocabulaire, apprend des expressions, verbalise ses émotions et il ressent moins de stress et d’angoisse à l’école.

Je suis convaincue que les Mauriciens ont la capacité à être des multilingues efficients, mais cela passe d’abord par une très bonne maîtrise de leur langue maternelle. Et cette langue sera toujours primordiale dans la vie quotidienne : au tribunal, à l’hôpital… Par exemple, même si un avocat ou un médecin a acquis un diplôme dans une langue étrangère, il doit être capable de communiquer à 100 % en kreol  avec ses patients, ses clients… Donc dans le meilleur des cas, les manuels à l’Université devraient être bilingues voire trilingues, en comprenant le kreol, en plus des autres langues que la personne maîtrise le mieux. Aujourd’hui, on assiste à des procès où la personne au centre de la procédure ne peut pas même suivre son affaire et à des situations où des patients ne comprennent pas leur traitement… Ce qui peut avoir des conséquences très fâcheuses !

Enfin, si les Mauriciens maitrisaient mieux le kreol, tous pourraient davantage jouir de leurs Droits de Citoyen et obtenir les informations qu’ils méritent quelque soit la situation dans laquelle ils se trouvent… Ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui ».

Propos recueillis par Marie-Laure ZISS-PHOKEER

(Source : rubrique Solidarité, l''''express du 20 février)

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