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Naufrage du «Tresta Star»: désaccord entre Polygreen et Tresta Trading Ltd sur le paiement

8 mars 2022, 16:00

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Naufrage du «Tresta Star»: désaccord entre Polygreen et Tresta Trading Ltd sur le paiement

Sans nouvelle de l’armateur du Tresta Star malgré des mises en demeure, les autorités réunionnaises ont décidé d’agir. Ainsi, les opérations de dépollution de l’épave du souteur indien battant pavillon mauricien abîmé par les fortes houles, sur les rochers volcaniques du Tremblet, à Saint-Philippe, ont repris jeudi.

Pourtant, les opérations avaient bien démarré après la signature du Lloyds Open Form (LOF) le 3 février, le lendemain de l’échouement, entre Tresta Trading Ltd, l’armateur, MS Amlin, l’assureur, et les sociétés de renflouage, les sociétés grecque, Polygreen International DMCC, basée à Dubaï, et chinoise, Lianyungang Dali Underwater Engineering Co. Ltd. Peu après, les deux sociétés ont quitté La Réunion en raison d’un défaut de paiement de l’armateur. Il nous revient qu’elles devaient bénéficier d’un premier virement après leur arrivée sur l’île. Or, cela n’a pas été le cas.

Selon nos informations, l’armateur aurait refusé de payer Polygreen alors que la société avait déjà entamé les opérations de dépollution, le nettoyage et vidé les réservoirs du Tresta Star. Le Vasileos P, remorqueur et navire antipollution, avait déjà été dépêché sur le site du Tremblet. Avant de plier bagage, Polygreen avait récupéré 116 pneus utilisés comme fenders, 23 m3 de Heavy Fuel Oil dans des réservoirs, 1m3 de lubrifiant de la salle des machines, 220 litres de produits chimiques du pont, 41 sacs de débris du pont, entre autres. Avec le triple échouement des bateaux de pêche, le Vasileos P a mis le cap sur Maurice pour les opérations de renflouage et de remorquage.

Du côté de la société grecque, l’on fait ressortir qu’une petite compagnie d’assurances a été recrutée pour assurer Tresta Trading. «Les petites assurances trouvent des excuses pour ne pas payer. Pendant des semaines, ils ont donné la garantie pour le paiement. À la place, ils ont changé de contracteurs (NdlR, Oil Spill Response Limited a été recrutée par le P&I Club pour intervenir contre la pollution marine sur la côte de Saint-Philippe et Five Oceans Salvage pour le démantèlement) avec un plus grand risque de pollution. C’est un comportement criminel et une mauvaise image pour Maurice et le pavillon mauricien. Le Wakashio aurait dû être un réveil pour les compagnies pétrolières qui transportent les hydrocarbures afin qu’elles contractent une assurance plus solide pour couvrir les déversements d’huile.»

L’armateur, lui, nie les allégations de non-paiement. «C’est le P&I Club qui doit payer. L’armateur contracte deux assurances, Hull & Machinery Insurance et P&I Club. L’armateur n’a pas besoin de payer. Polygreen est une société de dépollution, le salvage, c’est autre chose. Polygreen a signé un salvage contract et non pour la pollution. D’ailleurs, l’accord pour le renflouage stipule bien ‘No Cure - No Pay’.»

Selon l’International Salvage Union (ISU), ce concept est inscrit dans la convention sur le renflouage (Salvage Convention) de 1989. Les renfloueurs répondent aux incidents à leurs risques et périls dans l’attente d’une juste récompense s’ils réussissent. En contrepartie des services de renflouage, le sauveteur reçoit une partie de «la valeur sauvée» (la valeur du navire, ses soutes, la cargaison et le fret à risque).

Traditionnellement, la récompense dépend du succès et de la récupération des biens. Dans le passé, s’il n’y avait pas de recouvrement, il n’y avait pas de paiement, quel que soit le coût de l’opération. Cela a changé ces dernières années pour refléter l’intérêt public dans la prévention des dommages à l’environnement. L’ISU note que la salvage company peut désormais se contracter de façon à se protéger contre les pertes lorsqu’elle répond à des opérations à haut risque ou de faibles valeurs.

Nouvelle fuite d’hydrocarbures à La Réunion

Le «Champlain», navire militaire équipé de matériel antipollution, a été dépêché sur le site du Tremblet hier pour une intervention d’urgence. La raison ? Une nouvelle fuite a été décelée du «Tresta Star», selon nos confrères de «Réunion La 1ère». Des camions et du matériel avaient été acheminés sur le site du naufrage pour la reprise des opérations de dépollution, à la demande du préfet de La Réunion. Dimanche, alors que les opérations de dépollution se poursuivaient sur le souteur indien battant pavillon mauricien, des hydrocarbures mélangés à de l’eau de mer se sont échappés d’une brèche qui s’est ouverte dans la cale 3 à tribord. Du coup, une nappe de couleur marron foncé s’est formée sur 500 mètres environ pour 10 à 20 mètres de large vers le sud de l’île. Des équipes mobilisées pour le nettoyage des zones côtières pourraient être affectées par le fioul. À bord du «Tresta Star», drossé sur les rochers volcaniques depuis plus de 25 jours, une équipe de la société Five Ocean Salvage, mandatée par l’assureur du navire, a été chargée de dépolluer complètement le souteur avant son démantèlement. En mer, des travaux de bathymétrie ont démarré. Entre la dépollution et le découpage du «Tresta Star», les autorités réunionnaises estiment le coût de l’opération à plus de 80 millions d’euros.

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