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Saisie record de 269 kg de drogue: les Gurroby, les yachts et les étranges débarquements
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Saisie record de 269 kg de drogue: les Gurroby, les yachts et les étranges débarquements

Bientôt un an que trois milliards de roupies de drogue ont été retrouvées par l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) sur un terrain en friche à Point-aux-Cannoniers. Entre-temps, les bateaux qui avaient été saisis ont été rendus à leur propriétaire. Les habitants de Grand-Baie se posent des questions en voyant un de ces bateaux en activité et il y a plus…
Les deux bateaux, Thalassa 1 et Thalassa 2, ont donc été rendus aux Gurroby. L’un d’eux se trouve à Grand-Baie (voir photo) même si le nom et le numéro d’immatriculation ont été enlevés. Le deuxième Thalassa serait en réparation dans un chantier naval à Port-Louis. Quant au puissant speed boat qui faisait le va-et-vient entre le Thalassa et la plage, il a aussi été retourné à la famille Gurroby jeudi.
Pour rappel, Niresh Gurroby, alias Capitaine, et Ritesh Gurroby sont toujours en détention, alors que le frère cadet Nitesh serait en liberté conditionnelle. Qui utilise l’un des deux Thalassa et le speed boat, si ce dernier a aussi été rendu à la famille Gurroby ? Nous avons posé la question à l’ICAC mais nous n’avons pas eu de réponse.
Selon un homme de loi, si les voitures des trafiquants de drogue sont allégrement saisies et parfois laissées à pourrir comme aux Casernes centrales, tel n’est pas le cas pour les autres biens de valeur, comme les yachts ou puissants speed boats. «Un bateau comme le Thalassa coûte au moins Rs 30 millions et s’il est laissé pendant plusieurs mois hors d’usage, il risque de se détériorer. Et les autorités peuvent être appelées à dédommager le propriétaire au cas où la poursuite n’aboutit pas.» C’est pour cela, explique notre interlocuteur avocat, que l’ICAC n’objectera peut-être pas à ce que le bateau soit remis au propriétaire ou à sa famille surtout si les enquêteurs ont déjà obtenu tous les éléments de preuve concernant le bateau. Qui s’est chargé de la réparation du deuxième Thalassa en cours dans un chantier naval ? On ne le sait pas. On nous signale que la note risque d’être très salée. Alors que les Gurroby ont vu tout leurs comptes bancaires gelés…

Ce qui intrigue des habitants de Grand-Baie et même des membres de l’ADSU qui ont participé à la saisie de drogue, c’est qu’il y aurait toujours d’étranges débarquements sur cette plage de Grand-Baie et parfois de nuit. Dont une transaction «douteuse» pas plus tard que mercredi.
De plus, des caméras Safe-city qui se trouvaient sur cette plage ont été enlevées. Il n’en reste qu’une seule avec vue panoramique certes, mais on ne sait pas si elle a la même puissance de zooming que les autres caméras fixes qui peuvent capturer toutes les allées et venues de loin. Sollicité, une source policière nous informe que les camé- ras fixes et panoramiques ont les mêmes fonctions et puissance, sauf que les fixes surveillent un champ limité. Pourquoi alors avoir installé deux genres de caméras si elles ne sont pas complémentaires ? avons-nous demandé à notre interlocuteur. «Cela dépend de beaucoup de facteurs comme le taux de criminalité dans la région.» Pourquoi donc avoir enlevé des caméras fixes sur la plage de Grand-Baie ? Est-ce parce que la criminalité et le trafic de drogue n’y existent plus ? «Je ne sais pas, il faut le demander aux Casernes centrales.» C’est ce que nous avons fait mais nous n’avons qu’une demi-réponse. «Les caméras marchent toujours.» Sans spécifier si on a enlevé les caméras fixes pour les remplacer par une caméra panoramique.
Des habitants de Grand-Baie attirent notre attention également sur un skipper qui aurait travaillé pour le compte des Gurroby et qui serait en liberté. «Ce skipper posséderait une grande maison à Cap-Malheureux avec piscine et autres facilités», nous dit un pêcheur.
Les 53 voitures du haut gradé
Un membre de l’ADSU se demande aussi où en est l’enquête sur les 53 voitures qui appartenaient présumément à un haut gradé de la police. Selon nos informations, le policier qui avait fait valoir son droit à la retraite le 16 juin 2021 avait suscité des interrogations et commentaires parmi ses collègues. Il est, avec son épouse, dans le business de voitures de location et tous les deux avaient été entendus les 19 et 20 mai 2021 après la saisie record de 270 kg de drogue estimée à Rs 3,7 milliards.
La police soupçonnait qu’un des véhicules du couple était dans le cortège qui avait transporté la drogue jusqu’à sa cachette à Pointe-aux-Canonniers. La femme avait révélé le nom de l’individu à qui elle avait loué le véhicule. Son domicile dans le Nord avait été perquisitionné mais rien de compromettant n’avait été trouvé. Le couple avait expliqué qu’il ne connaît aucun des suspects arrêtés jusqu’à présent dans cette affaire et nie tout lien avec eux. Mais la flotte impressionnante de voitures, soit 53, dont des BMW et Mercedes, appartenant au couple fait toujours tiquer les enquêteurs. Or, des habitants de Grand-Baie allèguent que plusieurs de ces voitures continueraient à rouler et parfois par des proches des Gurroby.
Des membres de l’ADSU ne seraient pas contents de la façon dont l’enquête de l’ICAC est effectuée. Il semble que si la commission anticorruption a fermé les yeux et les oreilles sur les activités de certains protagonistes dans cette affaire, c’est parce que les enquêteurs du triangle de Réduit se seraient assuré de leur «coopération». Pour un membre de l’ADSU, il n’y a pas eu de coopération, ni d’aveu dans cette affaire jusqu’ici, en tout cas, pas officiellement. C’est pourquoi plusieurs membres de l’ADSU disent n’avoir aucune confiance en l’ICAC sur le volet de blanchiment d’argent. Quant à l’enquête principale concernant le trafic de drogue, on est un peu dans le flou.
Arvin Boolell se demande si le trafic de drogue continue de plus belle
Lors de la conférence de presse du Parti travailliste vendredi, Arvin Boolell est revenu encore une fois sur ce qu’il qualifie de «transaction louche» concernant le débarquement de poisson by-catch qui serait monopolisé par un conseiller au PMO. Il a rappelé que ce même conseiller serait monté à bord du Wakashio alors que c’était interdit. Le chef de file du PTr avait, lors d’une précédente conférence de presse le 25 février, rapporté que plusieurs habitants de Pointe-d’Esny lui avaient fait part de débarquement de colis le soir sur la plage. Vendredi, il s’est demandé pourquoi les deuxième et troisième bateaux de pêche se sont rapprochés du premier et s’il n’y a pas eu une tentative de transbordement. Il a conclu en affirmant que Maurice est devenu un hub dans le trafic de drogue internationale. Pour rappel, son collègue Fabrice David s’est demandé pourquoi le pompage d’hydrocarbures se trouvant dans ces bateaux de pêche n’est pas effectué à l’aide d’une barge et pipeline et pourquoi des hélicoptères sont utilisés.
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