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Batsirai: leur première «classe 4»

3 février 2022, 10:00

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Batsirai: leur première «classe 4»

Ils vivent un cyclone classe 4 pour la toute première fois. Eux, ce sont des enfants et ados de différents coins de l’île. Ils ont bien voulu, avec l’accord de leurs parents, nous raconter leur premier cyclone d’une intensité que Maurice n’a pas connue depuis ces 15 dernières années. Le dernier cyclone tropical qui avait affecté l’île recensé par la station météo de Vacoas remonte au 22-25 février 2007. Avec des rafales de 158 km/h, le point le plus rapproché de Gamede avait alors été enregistré à 230 km au nord-ouest de Maurice.

Zaheen Nowrung, 10 ans, habitant Amaury

«J’ai de très vagues souvenirs d’un cyclone lorsque j’avais 5 ans, mais il était loin d’être comme Batsirai. Celui-ci fait peur à chaque fois que le vent violent rugit. Mon petit frère, Rehan, qui a 5 ans, a encore plus peur. Le cyclone a déraciné notre ‘pied de brède Mouroum’ et brisé en morceaux deux pots de fleurs de ma maman. Je connais aussi des personnes dans mon quartier qui ont dû aller dormir dans un centre de refuge car elles n’étaient pas en sécurité dans leur maison en tôle. En at- tendant que le calme revienne, j’aide maman à la maison et prépare aussi mon sac car j’ai hâte de retourner à l’école.»

Ubayd Noormahomed, 16 ans, habitant Moka

«C’est la première fois que je vis un tel cyclone. J’ai toujours entendu mes aînés raconter leurs expériences. J’habite à Moka dans les hauteurs de la montagne et depuis mardi il pleut sans cesse avec de grosses rafales par moments. Des branches à terre, des oiseaux et insectes qui fuient leur habitat, c’est du jamais-vu pour moi. Je suis branché à l’actualité. Même si je suis à l’abri, le bruit et la force du vent plongent dans l’angoisse et la peur. Je n’ose même pas imaginer ce que vivent les familles dans des situations précaire et vulnérable.»

Mahëlia LaRue, 12 ans, habitant Centre-de-Flacq

«À chaque fois je vais voir si mes toutous vont bien. De la fenêtre de ma chambre, je vois les branches bouger. On dirait que les arbres vont tomber. Je suis aussi ce qui se passe sur mon téléphone. J’ai même vu un arbre qui est tombé sur une voiture. Les gens doivent rester chez eux. Il ne faut pas sortir. Ce cyclone me fait un peu peur surtout la nuit avec tout ce vent. On dirait comme à la télé dans des films. Ma grand-mère m’a raconté comment elle a perdu sa maison pendant un cyclone quand elle avait mon âge. Heureusement que les maisons sont plus solides aujourd’hui. Puis, maman m’a déjà raconté le cyclone Hollanda qui avait fait beaucoup de dégâts et avait laissé des foyers sans électricité pendant une semaine.»

Helena Roussety, bientôt 15 ans, habitant Centre-de-Flacq

«Je suis en Grade 9 au collège Lorette de Rose-Hill. J’avais déjà préparé toutes mes affaires scolaires pour la rentrée du 2 février, mais malheureusement le cyclone Batsirai a perturbé la rentrée. Donc, pour occuper ma journée, je dessine, je regarde des films sur Netflix et je passe beaucoup de temps avec mes deux chiens. Chez moi, il y a beaucoup de vent et un peu de pluie. Mon jardin, qui contient un manguier, un goyavier et un grand sapin est mal en point à cause des feuilles et des fruits qui sont tombés. Mes parents ont préparé des faratas et comme accompagnement une rougaille de pilchard et des légumes. On a préparé quelque chose de spécial pour les chiens qui sont à l’intérieur de la maison presque toute la journée à cause du mauvais temps. J’espère qu’il n’y aura aucune coupure d’électricité sinon on aura ni le wifi ni la télé mais quand même j’ai téléchargé mes films et séries que je pourrai regarder hors connexion sur mon téléphone. J’en profite pour passer plus de temps avec mes parents en cuisinant avec eux et en regardant des films ensemble. J’espère que le cyclone va s’en aller vite et que tout retournera à la normale.»

Keyan Chotuck, 6 ans, habitant Belvédère

«C’est la première fois de ma vie que j’entends cyclone classe 4. Il pleut et il y a beaucoup de vent. J’ai joué au domino avec grand-père et au ludo avec mon oncle. Puis, j’ai enfilé mon imperméable et papa et moi sommes partis faire un petit tour sur la route puisque j’aime explorer. Il y avait beaucoup de feuilles, de branches et de fruits par terre. À certains endroits, il y avait des accumulations d’eau que j’ai dû sauter pour traverser. Nous avons rapporté des fruits à la maison. Mais ce temps me rend triste car je n’aime pas le cyclone. Ça détruit des maisons et certaines personnes n’ont pas à manger. Ce qui me rend triste aussi, c’est qu’aujourd’hui (hier), j’aurai dû reprendre l’école après très très longtemps.»

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