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Messe du 1er février│Père Labour: «Lesklavaz finn aboli me en 1968 vann enn pep kouma esklav»

1 février 2022, 09:00

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Messe du 1er février│Père Labour: «Lesklavaz finn aboli me en 1968 vann enn pep kouma esklav»

Il n’a pas mâché ses mots, ce mardi 1er févier, en l’église Le-Seigneur-de-la-Pêche-Miraculeuse à la Gaulette. En effet, le Père Jean Maurice Labour, qui a présidé la traditionnelle messe du 1er février, est revenu sur quelques moments forts du pays et de ses esclaves. Justement le thème choisi pour commémorer le 187ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage a été «labolision lesklavaz : enn long sime pou traverse». D’emblée, le vicaire général a fait un saut dans le passé. «On ne devrait pas appeler ce jour, l’abolition de l’esclavage mais comme le jour où l’on a aboli la loi sur l’esclavage à Maurice. Car à partir de ce jour, nul n’avait le droit d’acheter et de vendre les personnes comme de la marchandise.»

Durant son homélie, Père Labour a également soulevé plusieurs interrogations. «Est-ce que la mentalité d’esclavagiste est abolie dans la discrimination raciale envers les descendants d’esclaves dans les emplois dans le secteur public comme privé ? Est-ce que les esclaves ont eu l’occasion d’obtenir une parcelle de terre pour démarrer leur libération ? Par contre, les ‘indentured labourers’ qui sortent de l’Inde ont obtenu de grands et petits morcellements. Alors que des descendants d’esclaves sont encore des squatteurs aujourd’hui.» 

Le Père Labour va encore plus loin dans son analyse, en parlant du peuple chagossien. «Est-ce que l’esclavage politique est aboli quand le peuple chagossien a été traité comme une marchandise que l’on a vendu contre l’indépendance du pays. En 1835, l’esclavage légal a été aboli mais dans les négociations de 1968, on a vendu le petit peuple comme des esclaves ? Ce qui veut dire que l’esclavage n’a pas pris fin avec l’abolition légale.» Le vicaire général a également ajouté que l’abolition de l’esclavage est encore un long chemin qui passe par la libération culturelle, économique, sociale, politique. 

A noter que l’autel de l’église de la Gaulette est en forme de bateau négrier, bateau sur lequel voyageait les esclaves. Elle possède aussi un phare qui représente la lumière d’espérance dans la marée noire. Et dispose d’un gouvernail où les lectures sont faites.

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