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Portrait de Raj Dayal: officier exceptionnel mais opérateur controversable
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Portrait de Raj Dayal: officier exceptionnel mais opérateur controversable

Raj Dayal fit son entrée dans la police assez rapidement comme Cadet Inspector. Cette échelle existait à l’intention de ceux détenant le Higher School Certificate (HSC). Les forces de l’ordre étaient alors dirigées par des Britanniques, bien que le pays soit déjà indépendant. Comme toute jeune recrue au rang de Cadet Inspector, Raj Dayal obtint une bourse pour Sandhurst, la prestigieuse académie militaire britannique.
D’après la légende, Raj Dayal fit partie d’un contingent que l’armée britannique avait déployé vers la fin des années soixante en Irlande du Nord. Ce fut le moment le plus traumatisant sur le plan interne pour les troupes britanniques qui faisaient face aux féroces guerriers de l’Irish Republican Army (IRA). Les catholiques irlandais étaient passés maîtres dans l’art de la guérilla urbaine et ils tuaient un grand nombre de soldats britanniques et de civils prot- estants. Comme entraînement pour un jeune Mauricien, on ne pouvait demander mieux.
À son retour, Raj Dayal fut promu Platoon Commander à la Special Mobile Force (SMF). Il fut très efficace dans la mission de combattre l’agitation et le travail de sape du MMM dans les années soixante-dix.
Ayant fait ses preuves à la SMF, Raj Dayal fut désigné pour suivre un cours de pilotage d’hélicoptère en France. Il devint le premier officier mauricien à piloter un hélicoptère. Comme pilote, il devait avoir à son palmarès plusieurs coups spectaculaires dont celui du «gandia Ramphul»
L’exploit gandia de Raj Dayal se produisit dans un contexte où le plus grand cultivateur du pays jouissait de l’efficace «protection» d’un homme très puissant aux Casernes centrales. Il gérait une grande plantation de cannabis à Albion, alors une localité comprenant des buissons et des champs de cannes, pas le village qu’on connaît aujourd’hui.
Des ingénieurs français étaient venus entretenir l’hélicoptère de la police, sous la supervision de Raj Dayal. Une fois les travaux complétés, Raj Dayal et les Français partirent faire un vol d’essai et ils mirent le cap sur Albion. En temps normal, l’hélicoptère ne survole pas Albion. Son plan de vol est bien défini par les chefs. Or, comme c’était un exercice d’essai, on n’avait pas respecté le plan officiel.
Une fois sur Albion, bingo ! Raj Dayal y trouve une énorme plantation de gandia. Au lieu de rapporter le cas aux Casernes centrales, il en avertit la SMF, vu la quantité et la hauteur des plantes. Il réclama l’intervention des soldats.
D’après les racontars dans certains milieux, quand le planteur apprit que la SMF déracinait ses plantes, il en informa aussitôt son protecteur aux Casernes centrales, pour lui dire «bhaya, lapolis hamar Albion ke khet me alle ba». Ce qui en bhopuri, teinté de créole, veut dire «frère, des policiers sont venus dans ma plantation à Albion»). Mais c’était trop tard pour le cultivateur et il eut comme réponse «ki pou fer aster, lanterman inn fini leve».

Les aventures en hélicoptère de Raj Dayal devaient plus tard mener à sa perte. L’engin s’est écrasé dans la région de Salazie, près de La Nicolière, après avoir volé si bas que le rotor heurta un arbre. Ce désastre consterna les Mauriciens. Ceux qui n’aimaient pas l’officier Dayal aux Casernes centrales lui firent subir de sévères sanctions disciplinaires. Mais le commandant de la SMF d’alors, Dan Bhima, conscient de la formation militaire de Raj Dayal, devait le prendre à sa charge. Graduellement, le jeune officier gravit les échelons dans ce corps spécial pour en devenir commandant en chef.
En 1994, en raison d’un coup de feu tiré un soir sur les Casernes centrales – l’œuvre d’un malfaiteur notoire – Raj Dayal fut nommé commissaire de police par sir Anerood Jugnauth. Le lendemain du coup de feu, le Premier ministre convoqua, au PMO, séparément, le commissaire de police d’alors, Cyril Morvan, et le commandant de la SMF Dayal. SAJ, qui avait une confiance absolue en l’honnêteté de Cyril Morvan, lui déclara néanmoins qu’après cet incident, il s’était disqualifié comme chef de la police. Sir Anerood le nomma sur le champ adviser au PMO pour amortir le choc brutal de sa mise à pied. Une fois Morvan parti, il fit entrer Raj Dayal dans son bureau pour lui annoncer qu’il était le nouveau commissaire de police.

Tout en accumulant des gaffes et des accès de folie des grandeurs, Raj Dayal contribua énormément à la modernisation de la police. Sous sa direction à la SMF, comme à la police régulière, Maurice se dota de moyens et du savoirfaire pour réparer les dégâts des cyclones sur les infrastructures. Alors que dans le passé, il fallait compter sur des soldats indiens et français pour déblayer le pays et ouvrir les routes, Raj Dayal le fit en moins de 24 heures.
Raj Dayal servit aussi sous le Premier ministre Navin Ramgoolam mais ses excès devaient lui faire perdre son fauteuil aux Casernes centrales. Il fit l’objet d’une commission d’enquête où ses initiatives controversables furent étalées en public.
Après quelques vaines tentatives de se lancer en politique, Raj Dayal fut candidat du MSM au n°9 en 2014. Sa performance fut vraiment remarquable. Il récolta 8 000 votes de plus qu’Anil Bachoo et 3 000 de plus que le second élu de son propre parti. Il était alors lancé pour une belle carrière ministérielle et politique. Mais pas pour longtemps. L’affaire Bal Kouler devait l’abattre. Les Jugnauth n’hésitèrent pas une seconde à s’en débarrasser car il était devenu un redoutable rival pour le fils, si jamais il y avait une guerre de succession au MSM.
L’affaire Bak Kouler a traîné en cour pendant cinq ans, au point que l’homme visé n’est plus de ce monde. Comme si des vested interests veillaient pour que l’homme ne remonte jamais à la surface. Lundi 20 décembre, il est parti sur un bûcher de bois aspergé de mantègue à un moment où le bois, tout comme la savate Dodo, est devenu tout un symbole dans la vie politique mauricienne.
Fin du procès «Bal Kouler» «la culpabilité ou non ne sera jamais établie»
Le procès de Raj Dayal, poursuivi pour bribery by public official devant la division financière de la cour intermédiaire, a pris fin. L’ancien ministre de l’Environnement qui a fait le va-et-vient en cour depuis son arrestation en 2016 dans l’affaire Bal Kouler, ne franchira pas la porte no 20 de cette instance judiciaire le10 janvier 2022. Deux journalistes ont été appelées à produire la bande-son diffusée à la une radio. Enregistrement ayant trait à une conversation alléguée entre l’ex-ministre et Patrick Soobhany. Qu’adviendra-t-il de ce procès qui n’a connu que des rebondissements ?
Selon une source proche du dossier, le Directeur des poursuites publiques (DPP) prononcera un arrêt automatique des procédures. «Lorsqu’un accusé meurt, le procès est discontinued sur-le-champ. Il n’y a pas de coaccusé. Ce sera au représentant légal de venir en cour la date fixée pour l’audience, afin de prononcer cette décision on record qui sera ratifiée par la magistrature», confie une source. «Mais c’est dommage, la thèse de culpabilité ou de non-culpabilité ne sera jamais établie.»
Raj Dayal avait comparu devant les magistrates Naddiyya Dauhoo et Nalini Senevrayar-Cunden, le 15 décembre. Il avait essuyé un revers après avoir contesté la motion de Me Abdool Raheem Tajoodeen du bureau du DPP, qui souhaitait convoquer deux journalistes comme témoins pour produire une bandeson diffusée sur les ondes d’une radio privée. Alors que Me Panglose de la défense avait signifié son intention de convoquer, à la barre des témoins, une journaliste de l’express, à une date ultérieure, la convocation sera annulée automatiquement.
On ne compte plus le nombre de fois où Raj Dayal a été débouté en cour. Il avait, parmi ses motions, contesté le redémarrage de ce procès qui lui est intenté depuis 2017, en évoquant un abus de procédures devant les magistrates Shefali Ganoo-Arekion, Naddiyya Dauhoo et Nalini Senevrayar-Cunden. Il avait soutenu qu’il ne peut pas à chaque fois faire l’objet d’un procès qui recommence à zéro, à cause du départ des magistrats et indiqué que des préjudices qui lui sont causés.
«On ne compte plus le nombre de fois où Raj Dayal a été débouté en cour.»
Le 19 janvier 2018, en raison du départ du magis- trat Vijay Appadoo au Parquet, le magistrat Sacheen Boodhoo avait repris le dossier. Raj Dayal avait également dû solliciter les services d’un autre avocat après que Me Gavin Glover s’était retiré de l’affaire. Après le départ du magistrat Sacheen Boodhoo, qui a rejoint le bureau du DPP et qui présidait la séance en présence de sa consœur Darshana Gayan, un double-bench avait été constitué pour écouter de nouveau le procès.
Raj Dayal est accusé d’avoir sollicité un pot-de-vin de l’homme d’affaires Patrick Soobhany pour l’achat de 50 sacs de poudre de couleur en échange d’un permis pour son projet immobilier. Raj Dayal avait outre contesté la recevabilité de ses quatre dépositions à la police. L’ancien commissaire de police a aussi présenté une motion, soutenant qu’il était souffrant et qu’il ne pouvait faire l’objet d’un procès à ce stade mais les magistrates Naddiyya Dauhoo et Nalini Senevrayer-Cunden ont estimé que l’accusation formelle contre lui devait être maintenue. Cela, après avoir écouté la version du Dr Sookur.
Selon ce dernier, l’accusé avait subi une attaque en 2016. «Son état de santé s’était aggravé en décembre 2020. Il se trouvait à ce moment donné dans un état critique.» Toutefois, le spécialiste devait ajouter que l’état de santé de Raj Dayal pouvait être stabilisé, avec un «constant monitoring» des médecins.
Quid du procès en réclamation intenté par Patrick Soobhany, qui réclame une roupie symbolique à Raj Dayal devant la cour de district de Curepipe ? L’avoué Pazhany Rangasamy, qui représente les intérêts du plaignant Soobhany aux côtés de Me Yousuf Mohamed, confie qu’il attend les instructions de son client pour savoir s’il compte mettre fin à ce procès ou s’il mettra les héritiers de Raj Dayal en cause. L’affaire sera appelée le 7 mars 2022. «J’attends les instructions de mon client pour la marche à suivre», dit Me Rangasamy.
Le directeur de Morcellement Martelo Ltée estime que l’ancien député du n° 9 (Flacq–Bon-Accueil) aurait tenu des propos diffamatoires à son encontre. Raj Dayal avait déclaré qu’il serait recherché par Interpol. Selon Patrick Soobhany, l’ancien ministre de l’Environnement a voulu faire croire que son casier judiciaire n’est pas vierge, qu’il est sous le coup d’une arrestation et qu’il est recherché par Interpol. Les allégations de l’ex-ministre, dit-il, sont fausses, malicieuses et dénuées de tout fondement.
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