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Assassinat de Manan Fakhoo: un enquêteur propose le statut de «star witness» à Yassiin Meetou

27 mars 2021, 11:00

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Assassinat de Manan Fakhoo: un enquêteur propose le statut de «star witness» à Yassiin Meetou

Il avait, dans un premier temps, nié catégoriquement son implication dans la fusillade, qui a coûté la vie à Manan Fakhoo, 56 ans et habitant Beau-Bassin. Yassiin Meetou avait fourni un alibi. Mais un développement de taille est survenu au cours de l’enquête. Le suspect de 35 ans, domicilié à Vallée Pitot, a finalement décidé de tout déballer en présence de son homme de loi, Me Rouben Mooroongapillay.

L’un des principaux enquêteurs dans cette affaire a décidé de proposer le statut de star witness à Yassiin Meetou.. «Raconte tou. Twa to pou ale fermer si pas komier temps. To pa pou trouve to zenfant to madam. Mo pou trass imunité pou twa», a dit l’un des enquêteurs au suspect. Ainsi, ce dernier, en détention policière depuis le 15 février, a fini par tout avouer. Il a dévoilé les détails d’un plan orchestré «pou fou Fakhoo enn b…». Au siège de la Major Crime Investigation Team (MCIT) le mercredi 17 mars, Yassiin Meetou, en présence de son avocat, a donné le nom du présumé tireur, Ajmal Aumeeruddy, un informaticien d’une trentaine d’années habitant la capitale. La police a pu mettre la main sur lui le vendredi 19 mars après les révélations de Yassiin Meetou. Selon les aveux de ce dernier, Ajam Beeharry, 26 ans, habitant Camp Yoloff, pilotait la moto noire alors qu’Ajmal Aumeeruddy, qui était le passager en croupe, a fait feu en direction de Manan Fakhoo, qui se trouvait dans sa voiture garée à l’angle des rues Martindale et Swami Dayananand à Beau-Bassin, à quelques mètres de son domicile. Yassiin Meetou confirme aussi avoir véhiculé les deux suspects et avoir dissimulé le deux-roues dans sa camionnette, qui a été saisie par la Major Crime Investigation Team. Rappelons que la grosse cylindrée avait disparu des images CCTV à un moment après l’attentat et qu’aucune trace de son trajet n’avait été relevée. Yassiin Meetou avait facilité leur fuite.

Le suspect peut-il bénéficier de l’immunité comme lui a promis l’enquêteur ? De source policière, on nous explique qu’à ce stade de l’enquête, il est trop tôt pour parler d’immunité. Celle-ci est applicable à celui qui a dit la vérité dès le début de l’enquête. «He has confessed on his own free will.His confession has led to the arrest of some important suspects and has enlightened the investigation for the security of the state», souligne notre source, qui précise que c’est le Directeur des poursuites publiques qui doit trancher quand il s’agit d’accorder l’immunité, surtout dans les high profil cases, dans des affaires de drogue ou dans des enquêtes sous la Prevention of Terrorism Act (POTA).

Un enquêteur, peut-il, à un stade de l’enquête, prendre l’initiative de proposer à un suspect, qui fait toujours l’objet d’une accusation provisoire, de devenir un témoin vedette s’il fait des révélations ? Non, répond Me Siddhartha Hawoldar. «C’est lorsque le dossier est référé au bureau du DPP, une fois l’enquête bouclée, que ce dernier peut décider s’il va accorder l’immunité au suspect ou pas ou le poursuivre», explique l’homme de loi. Il trouve malhonnête la méthode de la police.. «C’est malheureux de dire que la police a l’habitude d’utiliser de cette astuce pour extraire des informations mais c’est misleading. Seul le DPP a le pouvoir de décider si un suspect deviendra un star witness.»

 Même son de cloche du côté d’un membre Senior du bureau du DPP. «Non seulement la police se trouve en violation de ses standing orders si elle emprunte une telle voie pour recueillir des informations, mais il ne faut pas oublier que la liste des témoins est rédigée par le bureau du DPP et c’est nous qui décidons qui sera appelé à la barre.»

L’express avait également mis la main sur un enregistrement dans lequel un policier aurait appelé Saif Sadullah, avant son arrestation, afin de le persuader de tout dévoiler. Selon Me Antoine Domingue, Senior Counsel, un policier ne peut manipuler, ni un suspect à dénoncer un autre. «Toute manipulation directe ou indirecte avec un suspect est interdite

Fuite d’informations : l’enquêteur principal déjà au cœur d’un scandale

<p>Un membre de la famille d&rsquo;un haut gradé, qui enquête sur l&rsquo;assassinat de Manan Fakhoo, serait proche d&rsquo;un groupuscule. Bien que ce dossier soit traité en toute confidentialité à la MCIT, des membres de ce groupuscule seraient informés des aveux de Yassiin Meetou, qui a donné le nom du tireur. C&rsquo;est ainsi que sur la page Facebook de ce membre, les informations entourant les dépositions ont été publiées, de même que le rapport du laboratoire médico-légal qui avait détecté des résidus de poudre sur le volant de la camionnette de Yassiin Meetou. D&rsquo;ailleurs, beaucoup se demandent comment ce haut-gradé a été choisi pour enquêter sur cette affaire avec l&rsquo;aval des patrons de la police.</p>

<p>Le haut gradé ou &lsquo;taupe&rsquo; dans l&rsquo;enquête, avait suscité la controverse après qu&rsquo;une victime d&rsquo;agression sexuelle l&rsquo;avait dénoncé pour l&rsquo;avoir forcée à revenir sur sa déposition contre un religieux, dans une affaire de viol. La plaignante avait fait une déclaration dans un poste de police du sud pour viol mais le policier proche du religieux se serait ingéré dans l&rsquo;affaire et l&rsquo;aurait forcée à donner un <em>&laquo;further statement&raquo;</em> pour dire qu&rsquo;elle était consentante. Le haut gradé avait été suspendu à la suite de cela. Il a pu récupérer son poste plus tard après que le religieux s&rsquo;est donné la mort en 2016. Soupçonné d&rsquo;avoir tué une femme de 21 ans à Chemin-Grenier, il avait mis fin à ses jours. Le procès de viol a été clos après le décès du suspect alors que l&rsquo;enquête judiciaire pour faire la lumière sur le meurtre de la jeune femme est toujours en cours.</p>

 

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