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Affaire Kistnen: le modus operandi de Neeteeselect décortiqué en cour
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Affaire Kistnen: le modus operandi de Neeteeselect décortiqué en cour

- «Madame Nuckchhed n’a investi aucune roupie dans sa propre compagnie»
Neeta Nuckchhed, hôtesse de l’air, a-t-elle tout planifié d’avance pour obtenir un contrat auprès de la State Trading Corporation (STC), tout en jouissant de sa proximité avec le ministre du Commerce d’alors, Yogida Sawmynaden ? Comment se fait-il que la compagnie Neeteeselect, dirigée par Neeta Nuckchhed, qui n’a pas d’autres employés, ni fond ou capital, ni expérience, puisse être sélectionnée par la STC ? Toutes ces questions ont été soulevées hier lors de l’enquête judiciaire dans l’affaire Kistnen devant la cour de Moka.
Ashwin Poonyth, comptable et époux de l’actuelle directrice Keshwaree Poonyth, soutient avoir incorporé la compagnie Neeteeselect en ligne le 14 avril 2020, tout en effectuant un transfert de Rs 225 000 de son compte à Bly Chem afin de faire un achat de «sprayers» qui seraient utilisés lors des exercices de décontamination dans des bureaux. «I helped my wife and she looked for service providers for labour and transport», dit-il lors du contre-interrogatoire mené par Me Azam Neerooa, du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP).
Ne pouvant pas donner le nombre de contrats obtenus par Neeteeselect, qui n’avait que Rs 100 000 comme capital, le comptable nie connaître tous les détails entourant les contrats. Car, soutient-il, il aidait simplement sa femme dans des comptes et affirme qu’après avoir fait le changement du nom de directrice et propriétaire en septembre 2020 de Nuckchhed à Poonyth, l’adresse de la compagnie n’avait pas changé.
Ashwin Poonyth a également été appelé à revenir sur le contrat décroché par son ami Vinay Appanna. «La société AV Technoworld de Vinay Appanna a décroché des contrats directs de Mauritius Telecom de même qu’avec des ministères pour des services publicitaires», révèle Ashwin Poonyth, qui dit avoir agi comme secrétaire d’AV Technoworld. Ce n’est pas tout. «Il a aussi décroché un contrat de Rs 30 millions par an auprès de la National Transport Corporation et avait même été sollicité pour la construction gratuite d’abribus à condition qu’ils utilisent les espaces publicitaires.»
Me Neerooa a voulu connaître le lien entre le directeur général de la STC Jonathan Ramasamy et Vinay Appanna. Le témoin concède alors que le dénommé Jonathan Ramasamy est le mari de la soeur de Vinay Appanna. La même STC, placée sous l’égide du ministère du Commerce, a accordé un contrat à AV Technoworld.
D’ailleurs , Me Neerooa s’est attardé sur le volet de l’octroi du contrat pendant la période du confinement. Ashwin Poonyth confirme que c’est bien AV Technoworld qui a décroché le contrat de la STC qui tombe sous l’égide du ministère du Commerce pour la fourniture d’équipements médicaux pour un montant de Rs 70 millions. Me Azam Neerooa a voulu confirmer si la nature des transactions porte seulement sur des produits médicaux comme des masques, thermomètres, face shields, entre autres. Le comptable répond qu’il n’avait jamais fait de transaction de nature médicale dans le passé. La magistrate a insisté sur la même question. «You cannot evade answering. You have to answer. Prior to Covid-19, where do you use these equipments? » Ce à quoi le témoin a rétorqué à la magistrate : «You cannot put words in my mouth!» Interrogé sur la compagnie BoDigital, Ashwin Poonyth affirme que cette firme a enregistré un chiffre d’affaires de Rs 300 millions et cette même compagnie avait décroché plusieurs contrats à la STC pour la fourniture d’équipements médicaux pour un montant de Rs 318 millions.
Me Roshi Bhadain a, pour sa part, voulu dresser un plan pour mieux comprendre la raison pour laquelle Deepak Bonomally a décroché un contrat de la STC alors que son ami Appanna obtient un contrat par le ministère du Commerce. «Monsieur Appanna est parenté avec le directeur de la STC. Du coup, s’il avait obtenu le contrat avec le STC, cela lui aurait causé des problèmes légaux, n’est-ce pas ? Tout a été structuré de telle manière que Bonomally obtient un contrat avec la STC et son ami avec le ministère», remarque l’homme de loi.
S’attardant sur Bo Digital, Me Bhadain évoque que ladite compagnie avait connu une perte de plus de Rs 676 000 en décembre 2019. «Now we know profit and losses are a matter of financial performances. Ce qui implique que Bo Digital n’avait pas les fonds et malgré cela, il avait envoyé son offre ?» Ce à quoi Poonyth répond par l’affirmatif. De révéler que la STC leur a remis une avance pour l’achat des équipements médicaux tout en concédant que c’est la première fois durant sa carrière qu’il a affaire à un organisme qui effectue un paiement avant que les équipements ne soient fournis.
Pressé de questions sur la compagnie Neeteeselect de nouveau, Ashwin Poonyth explique avoir transféré une somme de Rs 225 000 de sa propre compagnie à Bly Chem afin de faire un achat pour la compagnie de sa femme (NdlR, Keshwaree Poonyth, qui est désormais directrice). «Ce que je trouve étrange est que Madame Nuckchhed n’a investi aucune roupie dans sa propre compagnie alors qu’elle était directrice et shareholder et Neeteeselect était à court de fonds et du coup, c’est vous qui avez payé Bly Chem au nom de Neeteeselect… No funds injected in that company and, yet, it was considered by STC for the award of the contract?» demande Me Bhadain.
Le témoin, qui répond par l’affirmatif, indique toutefois qu’il ne connaît pas la relation de Neeta Nuckchhed et Yogida Sawmynaden. Mais Roshi Bhadain insiste pour connaître le modus operandi de la compagnie en déplorant l’inactivité de la directrice d’alors. «Cette compagnie n’employait aucun staff et n’a jamais traité de travaux de décontamination. Si je vous dis que Neeta Nuckchhed a une relation très personnelle avec Yogida Sawmynaden. Qu’avez-vous à dire ?» Le comptable dit ne pas pouvoir répondre à ce sujet mais évoque que l’hôtesse de l’air d’Air Mauritius avait décidé de se retirer comme directrice et actionnaire à cause de son emploi.
Autre question à laquelle l’homme de loi a tenté d’avoir un éclaircissement porte sur la même compagnie, qui était sans capital, mais qui devait payer à Keshwaree Poonyth un salaire de Rs 50 000. «She didn’t work administratively. This looks like a sham to me!»
Pour ce dernier, il est clair que la seule raison d’avoir mis sur pied Neeteeselect, c’était afin de pouvoir décrocher un contrat auprès de la STC, qui tombe sous l’égide du ministère du Commerce et que le couple Poonyth s’est arrangé pour investir dans la compagnie. Ashwin Poonyth concède alors que sa femme et lui y ont investi pour être connus en cas d’une seconde vague de Covid-19.
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