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Omertà

19 décembre 2020, 03:42

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Omertà

S’il est un mot sicilien qui a fait le tour du monde, grâce, entre autres, au cinéma, c’est le mot d’«Omertà», qu’on traduit en français par «la loi du silence». Ce mot nous plonge dans le monde de la mafia sicilienne, née dans cette île plurimillénaire, mais il nous plonge aussi dans la naissance, dans le courant du 19ème siècle aux États-Unis, dans ce qui va devenir l’organisation criminelle la plus populaire de l’histoire, la mafia américaine, créée par la diaspora sicilienne aux USA (l’immigration italienne aux Etats-Unis a été une des plus importantes). Le nom qu’ont donné les mafieux à cette organisation en Sicile est «Cosa Nostra» (traduction : «notre chose», «ce qui est à nous»), et, tout naturellement, elle s’est appelée et s’appelle toujours ainsi aux pays des cinquante États. Parmi les plus connues de la mafia américaine également, ce qu’on appelle les «familles» les plus puissantes de la criminalité mondiale, les cinq familles de New York (faisant partie des 25 familles existantes aux États-Unis) qui, dans la deuxième moitié du siècle dernier, et aujourd’hui encore, règnent toujours et ont chacune leur territoire. Le cinéma nous a beaucoup éclairés sur cette organisation et continue à le faire. 

Des décennies de peur, de complicité, de traditions et de culture du non-dit ont forgé cette réalité culturelle dans la plus fameuse île italienne, et l’omertà peut s’expliquer comme étant le résultat de la conformation de ces éléments, ainsi que du pouvoir et de la contrainte exercés par la Cosa Nostra, qui s’est mise à sévir très durement et, ainsi, a entretenir la culture de la peur de la population villageoise d’abord, et citadine, ensuite. Aujourd’hui, lorsqu’on mentionne ce mot dans le champ du politique, on veut, à coup sûr, comparer certaines pratiques politiques au monde mafieux. Cela s’est souvent avéré juste, mais ce n’est pas là le mode de fonctionnement du champ politique. En effet, si les affaires politiques étaient tout le temps maffieuses, il y aurait fusion depuis bien longtemps entre les deux sphères, et les différents pays de la planète seraient gouvernés par des mafias : ce qui est absurde. Mais cela n’enlève rien aux relations très problématiques entre le monde politique et les mafias. Si cette île méditerranéenne de plus de cinq millions d’habitants a laissé un des mots de sa langue faire le tour du monde (même un film indien s’appelle «Omertà»), Maurice ne pourrait-elle pas donner au monde entier un mot qui fait sa spécificité : «accorité» ?

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