Publicité

Interrogatoire de Mario Nobin: les dessous d’une enquête sur l’affaire Mike Brasse

14 décembre 2020, 13:06

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Interrogatoire de Mario Nobin: les dessous d’une enquête sur l’affaire Mike Brasse

L’ancien commissaire de police Mario Nobin veut à tout prix éviter un interrogatoire «under warning» par ses anciens subalternes, qui sont aujourd’hui à la tête du CCID, dont le revenant Heman Jangi. Cela, pour plusieurs raisons, dont celle d’être suspendue comme commissaire des prisons, s’il est arrêté.

Après le rejet de son injonction jeudi par la juge Jane Lau Yuk Poon, siégeant en référé, Mario Nobin, qui souhaite l’immunité, est de nouveau attendu dans les locaux du Central Criminal Investigation Department (CCID) aux Casernes centrales mercredi. Entre-temps, il étudie avec ses hommes de loi un possible recours à une révision judiciaire (Judicial Review) de la décision de la juge, qui n’a pas été convaincue de la raison pour laquelle l’ancien commissaire de police (CP) ne devrait pas répondre de ses actes. Pour rappel, Mario Nobin doit expliquer pourquoi il a cautionné la demande du trafiquant présumé de drogue, Mike Brasse, qui a été appréhendé en novembre 2016 à La Réunion pour trafic de stupéfiants. Depuis, il y est incarcéré. Les autorités réunionnaises l’ont appréhendé en possession de 42 kg d’héroïne d’une valeur marchande de Rs 600 millions.

Dans les milieux des Casernes centrales, le match Jangi-Nobin est suivi de près et commenté diversement. «On verra bien qui aura le dernier mot», confie un assistant commissaire de police qui a travaillé avec les deux et qui connaît l’animosité entre eux. «Jangi a subi plusieurs transferts sous Nobin. Du CCID, il a été envoyé dans des postes de responsabilité de moindre importance, où on avait tendance à l’oublier», confie notre source. «Jangi avait été humilié plus d’une fois alors que Nobin était CP. Assistons-nous donc à un Pay Back Time ?»

Rivalité

Un enquêteur du CCID, sous le couvert de l’anonymat, précise pour sa part que sur le plan procédurier, une équipe aurait bien pu se rendre au bureau de Mario Nobin à la prison centrale, mais il est évident que l’on souhaite que l’ancien CP grimpe les vieilles marches, grinçantes, en bois qui mène au CCID. «C’est une façon de lui faire comprendre qu’il n’est plus le patron des lieux et qu’il doit se plier aux directives», admet notre source.

L’enquête a été rouverte en septembre après que le Directeur des poursuites publiques a fait savoir qu’il n’était pas satisfait du rapport d’enquête qui lui avait été transmis, quant au rôle joué par Nobin dans l’octroi express du passeport de Brasse.

Au CCID, l’on explique que c’est davantage un problème relationnel entre haut gradés qui règlent de vieux comptes, même s’il y a un peu de cela aussi. Nobin ne serait, selon nos sources, pas l’homme que l’on rechercherait, mais il est le seul qui pourrait dénoncer l’instigateur de la demande pour le passeport de Brasse.

«Nobin avait accédé à une requête du leader d’un parti de l’opposition. En le mettant sous pression, il aura à balancer le nom de celui qui a demandé cette faveur pour Mike Brasse. Ce faisant, Nobin sera une victime collatérale», affirme-t-on.

Publicité